CONGÉS de Jean Bodel (résumé & analyse)

Poésie lyrique, 1202.

Cette œuvre, composée de cinq cent quarante octosyllabes répartis en quarante-cinq strophes sur le modèle de la «strophe d’Hélinand» (construite sur deux rimes : aabaab/bbabba), constitue le premier exemple du «sous-genre» lyrique des Congés, qui sera illustré plus tard dans le siècle par Baude Fas-toul et, dans des circonstances plus heureuses, par Adam de la Halle. Jean Bodel (1165-1210), polygraphe dont nous conservons, outre une chanson de geste inachevée et Le Jeu de saint Nicolas, un certain nombre de chansons lyriques et quelques fabliaux

d’attribution douteuse, est atteint de la lèpre et doit se retirer du monde. Il le fait poétiquement en prenant congé de tous ses amis et protecteurs de la ville d’Arras, mêlant à ses réflexions mélancoliques sur le sort qui l’attend et le destin de l’homme en général des remarques irrévérencieuses à l’adresse de certains de ses concitoyens. Les Congés sont ainsi une œuvre à la fois lyrique et satirique, et inaugurent une tradition qui se prolongera jusqu’au Testament de Villon.