Devoir de Philosophie

Cours: LE PROBLEME DE L'IDENTITE PERSONNELLE

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

identite
- Questions aux élèves, exercice préparatoire : Þ Problématiquequelle est la nature de ce moi ? Que pouvons-nous véritablement connaître de nous-même, si tant est qu'il y ait réellement quelque chose à connaître ? A) LA QUESTION DU MOI 1. Le jugement d'identité le caractère de ce qui est le même, bien qu'il puisse être perçu, représenté ou nommé de manières différentes. Il s'agit d'abord du problème fondamental et constant de la perception : celui de la reconnaissance des choses perçues dans des contextes et des temps différents : l'eau d'un fleuve s'écoule continuellement mais le fleuve demeure le même, les cellules de notre corps se sont plusieurs fois renouvelées mais notre corps, qui a changé et changera encore, est le même que celui que nous avions enfant. Il s'agit aussi du fait banal qu'un homme reste le même homme, que son identité est continue et permanente. la résistance au changement, c'est-à-dire la permanence ou la constance dans le temps : tous les constituants d'une chose peuvent changer, l'identité ne change jamais. la notion d'identité renvoie à l'idée d'un être ou d'une existence continue, à celle de chose (ou de substance) et son symétrique, l'idée du moi. Par substance, il faut entendre ce qui demeure sous les changements de qualités. Alors que la substance est ce qui subsiste en soi et par soi, l'accident est ce qui peut s'affirmer d'un sujet, mais n'est ni nécessaire ni constant. le Moi comme la conscience de la permanence et de l'unité des divers états affectifs, intellectuels, successifs. 2. La substance pensante Descartes entend reconstruire le monde de la connaissance en un moment culturel de doute et de crise. En quête du vrai, c'est-à-dire d'une certitude inébranlable, Descartes cherche à discerner ce qui est indubitable et se propose pour cela de réévaluer les connaissances en leur principe même. Le doute est le commencement obligé de la philosophie. Non plus le doute sceptique, passif, sans issue, mais le doute actif, méthodique, c'est-à-dire l'examen critique destiné à faire table rase des superstitions, des dogmes, des préjugés. Avant de rechercher la vérité, il faut d'abord purger l'esprit de nos préjugés installés par les nourrices, les éducateurs et les opinions douteuses attachées aux sens. L'examen critique est un acte de liberté, il est l'affirmation de la possibilité de juger par soi-même. première certitude : je peux douter de tout, mais je ne peux douter de la condition inhérente à l'acte même de douter; il faut bien que moi qui me persuade que je rêve ou que je suis fou, moi qui veux douter, je pense et que je sois ou j'existe, justement pour pouvoir penser. Au moment où je doue, je pense et au moment où je doute, je suis. il est hors de doute parce qu'il est hors du doute. La conscience apparaît comme donc comme la condition nécessaire de toute représentation : il n'y a de représentation et de doute possibles que dans et pour une conscience. Cet attribut essentiel, Descartes le nomme "substance", dans la mesure où il suffit à définir le moi. Le "Je" est la substance pensante, c'est-à-dire l'âme ou l'esprit. Cette conscience est réalisée dans une chose, un être, doté d'une essence (la pensée) et d'une existence propres. Il s'agit d'une substance, condition sine qua non de la conscience. La substance est ce sans quoi rien ne peut ni être ni être conçu; la substance subsiste par sa propre nature. L'attribut essentiel de la substance pensante est la pensée et ses modes sont l'imagination, la sensation, le raisonnement, la volonté. - : la substance étendue (matière : corps, phénomènes physiques, monde) et la substance pensante (esprit ou âme, pensée). L'âme est pensée, c'est-à-dire conscience ; donc tout phénomène psychique est nécessairement conscient ; la conscience ou pensée est l'essence même de la vie psychique. Ainsi un comportement humain trouve-t-il sa source ou bien dans le corps (mécanisme corporel, involontaire) ou bien dans l'esprit (processus intentionnel, volontaire). Comme la pensée est identifiée à la conscience, tout ce qui en moi échappe à la pensée, à la conscience, appartient au corps et s'explique, par conséquent, par des mécanismes physiologiques. Principes de la philosophie), " Par le nom de pensée, je comprends tout ce qui est tellement en nous que nous en sommes immédiatement connaissants " (Réponses aux secondes objections). l'aperception immédiate qui permet de définir l'ensemble des actes de la pensée. On pourrait renverser la formule et dire : on a affaire à la pensée ou à la conscience chaque fois qu'il y a aperception immédiate de quelque chose qui se passe en moi. Ainsi, digérer n'est pas penser, parce que si cela se passe en moi, je n'en ai aucune aperception immédiate. Mais sentir, c'est bien penser parce que j'en ai une aperception immédiate. La pensée consciente est la pensée présente à l'esprit à l'instant où il pense. Les autres pensées ne sont pas des pensées actuelles, mais des pensées passées, c'est-à-dire des pensées qui ont existé mais qui, présentement, n'existent plus. Il n'y a pas non plus de pensée latente, possible, virtuelle. Le "je pense" n'est légitime qu'au présent de l'indicatif. la conscience, qui caractérise toute pensée, ne dérive pas du mécanisme. 3. Conclusion une réalité en soi dont l'évidence, incontestée, résiste à tous les efforts du doute. Je suis assuré d'être grâce à la conscience que j'ai d'être une chose qui pense : le simple fait du " Je pense " appelle un " Je suis ". Or, si de tout ce que je fais, je peux dire que c'est moi qui le fais, le moi est-il pour autant quelque chose qui existe à part ou pour lui-même ? Désigne-t-il réellement une substance ? Faut-il conclure, en somme, à l'existence de quelque chose comme une "subjectivité" ? B) LES PARADOXES DE L'IDENTITE PERSONNELLE 1. L'illusion substantialiste (la thèse de Hume) - Dans son Traité de la nature humaine (Livre 1, IVe partie, section VI), Hume cherche à expliquer la croyance en un être nommé " moi ", c'est-à-dire la tendance de l'esprit à forger la fiction de l'identité. Je ne peux me saisir moi-même sans une perception. Nous sommes un faisceau de perceptions différentes qui se succèdent; pensées, sens, facultés changent constamment : " L'esprit est une sorte de théâtre, où des perceptions diverses font successivement leur entrée, passent, repassent, s'esquivent et se mêlent en une variété infinie de positions et de situations " (op.cit., p 344). Il n'y a pas dans notre esprit d'identité. l'imagination et de l'esprit qui ont naturellement tendance, que ce soit pour les choses extérieures ou les perceptions intérieures, à associer les impressions toujours distinctes, à unir ce qui est séparé, à rassembler nos multiples expériences discontinues. Principe de connexion qui se subdivise en trois principes : Le principe de ressemblance (il régit notre imagination). Par analogie, nous imaginons que deux idées simples, correspondant à deux impressions distinctes, sont semblables : par exemple, j'associe l'idée de cheval, animal familier que j'aime, à la vertu, qualité orale que j'apprécie, et je forme l'idée de cheval vertueux. Le principe de contiguïté (il régit notre perception) : j'associe deux phénomènes perçus simultanément : j'associe, par exemple, la froideur à la neige. Comme nous avons pris l'habitude d'associer des impressions semblables de si nombreuses fois, nous n'avons plus conscience de passer de l'une à l'autre. En passant facilement, habituellement, d'une chose à une autre, l'esprit ne remarque pas ce passage : de là la fiction de l'identité. Exemple du ralenti cinématographique : la succession très rapide des images nous donne l'impression d'une action, alors qu'au ralenti nous percevons une somme d'actes discontinus. Lorsque la succession est trop rapide, trop coutumière pour qu'on l'aperçoive, on croit voir la même chose. Le principe de causalité (il régit notre raison) : de la conjonction répétée de deux phénomènes perçus simultanément, notre esprit conclut à une relation de causalité; à l'apparition d'un premier phénomène – par exemple, la source de chaleur – je m'attends à celle d'un second phénomène – l'ébullition. Les pseudo-liaisons nécessaires ne sont que des connexions de fait, des habitudes. La connaissance est la construction d'une habitude : celle-ci est si forte qu'elle entraîne une croyance en l'existence objective de relations là où il n'existe que des successions habituelles. Il n'est que la constatation d'un défilé d'images et de sensations. 2. Le moi et ses qualités (texte de Pascal) « Celui qui aime quelqu'un à cause de sa beauté, l'aime-t-il ? Non : car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu'il ne l'aimera plus. Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m'aime - t - on moi ? Non, car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi - même. Où donc est ce moi, s'il n'est ni dans le corps ni dans l'âme ? et comment aimer le corps ou l'âme, sinon pour ces qualités, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu'elles sont périssables ? car aimerait - on la substance de l'âme d'une personne, abstraitement, et quelques qualités qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On n'aime donc jamais personne, mais seulement des qualités Qu'on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des charges et des offices, car on n'aime personne que pour des qualités empruntées. » Blaise PASCAL Nous n'aimons que des personnages, c'est-à-dire personne en particulier. Le moi n'est peut-être rien, ou presque rien : que l'illusion d'être quelqu'un. Pascal démystifie ainsi l'illusion substantialiste qui consiste à croire que par-delà les qualités qu'on chérit chez une personne, c'est celui qui les possède qu'on aime, de même qu'il révèle comme vain le désir que nous avons d'être aimés en nous-mêmes et non pour nos qualités fugaces. 3. Conclusion : une identité problématique. une pure illusion, un effet de croyance, un produit du désir de vivre dont il conviendrait de se libérer. Cette question de l'identité apparaît donc pour le moins paradoxale et génératrice d'apories. On aboutit à l'idée d'un sujet fragmenté, aliéné, pétri d'illusions sur le monde et sur lui-même. L'illusion fondamentale consistant, pour la conscience, à se croire autonome et rattachée, nous l'avons vu, à une réalité substantielle, pôle de l'identité personnelle, que l'on nomme cette réalité le moi, l'âme, l'ego ou l'esprit.

Liens utiles