Dimanche rouge

Dimanche rouge, nom donné au dimanche 22 janvier 1905 (calendrier julien), au cours duquel eut lieu un massacre de manifestants ouvriers pacifistes par l'armée et la police impériales russes à Saint-Pétersbourg, qui fut à l'origine de la révolution russe de 1905.

Quelque 150 000 ouvriers et leur famille se rassemblèrent autour du palais d'Hiver, résidence du tsar russe Nicolas II, afin de lui soumettre une pétition demandant la fin de la guerre en Mandchourie ainsi que des mesures sociales — meilleurs salaires et amélioration des conditions de travail — et politiques — réunion d'une assemblée nationale constituante. Les manifestants arboraient des icônes religieuses et des images du tsar, démonstration de leur pacifisme. Ils étaient menés par un pope, Georgi Gapone, également à la direction d'une organisation d'ouvriers, l'Assemblée des ouvriers russes.

Nicolas était absent au moment de la manifestation, mais son oncle, le grand-duc Vladimir, commandant de la garde impériale, donna d'ordre de tirer sur la foule pour la disperser. Les Cosaques ouvrirent le feu sur les manifestants, faisant un millier de morts et plusieurs centaines de blessés. La nouvelle de ce massacre se répandit rapidement et ébranla l'aura dont bénéficiait l'empire dans la classe ouvrière. Elle provoqua des grèves dans de nombreuses villes, la création de soviets, des attentats, des soulèvements de paysans dans les campagnes et des mutineries au sein des forces armées, dont celle du cuirassé Potemkine à Odessa (juin 1905), qui durèrent pendant un an et appelés Révolution de 1905.

Nicolas II tenta d'apaiser la situation et décida de libéraliser le régime en créant, par un manifeste impérial du 30 octobre 1905, la première assemblée représentative russe, la Douma. L'opinion s'était, néanmoins, radicalisée en raison du massacre et des violences qui en résultèrent. Les socialistes boycottèrent la Douma qui finit par être paralysée en 1917 à cause de la crise économique liée à la Première Guerre mondiale, mais aussi du succès de l'agitation bolchevique.