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Drogue et marginalité Charles BAUDELAIRE

Publié le 24/03/2020

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Drogue et marginalité

Charles BAUDELAIRE

1821 - 1867 Les Paradis artificiels (1860)

En Égypte, le gouvernement défend la vente et le commerce du hachish, à l’intérieur du pays du moins. Les malheureux qui ont cette passion viennent chez le pharmacien prendre, sous le prétexte d’acheter une autre drogue, leur petite dose préparée à l’avance. Le gouvernement égyptien a bien raison. Jamais un État raisonnable ne pourrait subsister avec l’usage du hachish. Cela ne fait ni des guerriers ni des citoyens. En effet, il est défendu à l’homme, sous peine de déchéance et de mort intellectuelle, de déranger les conditions primordiales de son existence, et de rompre l’équilibre de ses facultés avec les milieux. S’il existait un gouvernement qui eût intérêt à corrompre ses gouvernés, il n’aurait qu’à encourager l’usage du hachish.

On dit que cette substance ne cause aucun mal physique. Cela est vrai, jusqu’à présent du moins. Car je ne sais pas jusqu’à quel point on peut dire qu’un homme qui ne ferait que rêver et serait incapable d’action se porterait bien, quand même tous ses membres seraient en bon état. Mais c’est la volonté qui est attaquée, et c’est l’organe le plus précieux. Jamais un homme qui peut, avec une cuillerée de confitures, se procurer instantanément tous les biens du ciel et de la terre, n’en acquerra la millième partie par le travail. Il faut avant tout vivre et travailler.

L’idée m’est venue de parler du vin et du hachish dans le même article, parce qu’en effet il y a en eux quelque chose de commun : le développement poétique excessif de l’homme. Le goût frénétique de l’homme pour toutes les substances, saines ou dangereuses, qui exaltent sa personnalité, témoigne de sa grandeur. Il aspire toujours à réchauffer ses espérances et à s’élever vers l’infini. Mais il faut voir les résultats. Voici une liqueur qui active la digestion, fortifie les muscles, et enrichit le sang. Prise en grande quantité même, elle ne cause que des désordres assez courts. Voilà une substance qui interrompt les fonctions digestives, qui affaiblit les membres et qui peut causer une ivresse de vingt-quatre heures. Le vin exalte la volonté, le hachish l’annihile. Le vin est un support physique, le hachish est une arme pour le suicide. Le vin

drogue

« VISAGES DE !.:INCONNU 1 rend bon et sociable.

Le hachish est isolant.

Lun est laborieux pour ainsi dire, l'autre essentiellement paresseux.

À quoi bon, en effet, tra- 35 vailler, labourer, écrire, fabriquer quoi que ce soit, quand on peut emporter le paradis d'un seul coup? Enfin le vin est pour le peuple qui travaille et qui mérite d'en boire.

Le hachish appartient à la classe des joies solitaires; il est fait pour les misérables oisifs.

Le vin est utile, il produit des résultats fructifiants.

Le hachish est inutile et dangereux.

• Montrez que ce texte est un réquisitoire contre l'usage du hachish.

l • ~ quels procédés argumentatifs l'auteur a-t-il recours dans le premier paragraphe? .

, • Étudiez comment Baudelaire oppose le vin et le hachish.

Quelles conclusions en tire- t'.'[? 11.

• Dans une argumentation organisée, en vous appuyant sur des exemples, opposez à là thèse de Baudelaire les dangers de l'alcool.

j '1 > Groupement de textes: voir 44.

\, 84. »

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