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féodalité

Publié le 04/02/2013

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1   PRÉSENTATION féodalité, régime social qui domine la société médiévale et, partiellement, le monde moderne jusqu’à la Révolution française.
Contrairement au terme « féodalisme «, le mot féodalité, tel qu’il apparaît pour la première fois au XVIIe siècle, qualifie le système politique, économique et social progressivement mis en place à partir de la fin du Xe siècle en Europe. Symbolisée par la concession d’une terre, la féodalité s’oppose au féodalisme, que Karl Marx définit comme un mode de production lié à un système de domination sociale, utilisant l’esclavagisme et le capitalisme.
2   LES ORIGINES 2.1   Émiettement du pouvoir Même si le Japon a connu une structure comparable, la féodalité reste une spécificité occidentale. Elle se développe pour résoudre la violence née de la dissolution de la monarchie carolingienne et de l’émiettement de l’autorité, ou ban public, en une multitude de circonscriptions territoriales.
Les rois carolingiens du IXe siècle, en déléguant leurs pouvoirs aux ducs et aux marquis pour conduire les hommes libres à la guerre, et aux comtes pour présider les assemblées de justice, utilisent les premiers ces liens vassaliques de dévouement personnel. Ils transforment alors en vassaux les représentants du ban royal dans les provinces, en exigeant un engagement de fidélité exclusive, en échange des terres jusqu’ici perçues comme simple rétribution. De même, ils poussent les membres des noblesses locales à se lier de la même manière aux comtes.
Tout un réseau de dévouements individuels se tisse progressivement et remplace les obligations publiques. Cette politique se pérennise, puisque le souverain ne peut refuser à l’un des héritiers d’une délégation royale de reprendre la charge paternelle. C’est ainsi que s’établissent des lignages comtaux et que se créent des principautés autonomes au Xe siècle. Puis, à leur tour, les comtes se détachent des ducs avant que ne se créent une multitude de cellules indépendantes.
Autour de l’an mil, les maîtres des principales forteresses, soutenus par leurs compagnies vassaliques, cessent de se réunir autour du comte et s’approprient le pouvoir de commander et de punir les populations villageoises. Le droit de commander et de punir se trouve désormais distribué en un grand nombre de territoires minuscules.
Les comportements féodaux atteignent progressivement les diocèses et les abbayes. Cette entrée dans le monde temporel des gens d’Église glisse jusqu’à l’intervention de laïcs dans l’investissement de charges ecclésiastiques et provoque, à la fin du XIe siècle la querelle des Investitures. De surcroît, la violence des temps féodaux amène l’Église à pacifier la société vassalique en imposant la « paix de Dieu «, sorte de respect des codes dans l’art guerrier comme l’interdiction d’investir les édifices religieux ou de combattre à certaines dates. En échange, elle justifie le genre de vie et l’entretien de la société féodale par ordres.
2.2   Apparition du fief et de la vassalité Le poids économique de la terre permet alors à cette vaste aristocratie terrienne d’asseoir son autorité nouvelle sur un système de subordination et de concession de territoires. C’est ainsi qu’apparaît la féodalité, caractérisée par le fief et le contrat vassalique. La vassalité est un engagement d’aide, de conseil et de fidélité tenu à un seigneur, qui offre en contrepartie une terre à son nouveau vassal. Le fief est cette seigneurie rurale, mise en valeur par des paysans soumis au feudataire, qui détient sur eux des droits que l’on désigne du nom de « droits seigneuriaux «. Le vassal devient à son tour le seigneur d’autres hommes. Ce système de patronage était déjà utilisé, dans l’Antiquité, par les grandes familles aristocratiques (clientélisme romain). Les seniores germaniques ont aussi usé d’une structure de subordination en employant des guerriers domestiques d’humble extraction, dont ils obtenaient la fidélité et le dévouement en contrepartie de l’entretien de l’équipement et du cheval.
L’essor de la féodalité n’est possible aux XIe et XIIe siècles qu’avec la croissance agricole, génératrice des surplus qui font la fortune des seigneurs. Or la croissance, en l’état des techniques de l’époque, est l’œuvre des paysans, et la mise en place des structures féodales le moyen, pour la noblesse, d’engranger les fruits de cet essor et d’en assurer la redistribution entre privilégiés. Les prélèvements nobiliaires sur les travailleurs et le fief sont indissolublement liés. Le fief ne concerne théoriquement que l’usufruit des terres, car le bénéfice est révocable ou viager mais, très vite, quand le mot fief apparaît dans le vocabulaire au début du XIe siècle, il devient un bien héréditaire dans le lignage du vassal qui renouvelle à chaque génération la cérémonie de l’hommage envers son seigneur.
3   HOMMAGE ET VASSALITÉ CONTRE UN FIEF 3.1   Cérémonie contractuelle C’est une cérémonie rituelle qui consacre la vassalité, comme c’est aussi le cas pour la chevalerie. Seigneur et vassal sont deux hommes libres qui s’unissent par des liens personnels et privés : le contrat vassalique leur donne des obligations et des droits l’un envers l’autre. Le vassal s’agenouille et place ses mains jointes dans celles de son seigneur qui referme les siennes sur elles. Le vassal exprime la volonté de se donner en disant, comme en France au XIIIe siècle : « Sire, je deviens votre homme «. Puis il prononce un serment de fidélité dans lequel il engage sa foi. Le seigneur redresse alors son vassal en face de lui. La cérémonie se conclut en France par un baiser sur la bouche, qui fait du vassal un « homme de bouche et de mains «, une sorte d’égal.
Les deux contractants ont dès lors des droits et devoirs réciproques. Le vassal doit à son seigneur le conseil, qui consiste essentiellement en obligation de participer aux assemblées seigneuriales et, en particulier, de rendre la justice en son nom, et en aide militaire et éventuellement financière. Le vassal doit donc contribuer à l’administration de la justice et à l’armée seigneuriale. En contrepartie, le seigneur doit protection à son vassal.
L’investiture du fief intervient alors aussitôt. La concession du fief au vassal par son seigneur consiste en un geste symbolique, en la remise d’un objet : étendard, motte de terre, fétu de paille, verge, anneau, couteau ou gant. Ce geste caractéristique de la féodalité suit immédiatement l’hommage et la foi et, avant le XIIIe siècle, n’est consigné qu’exceptionnellement par écrit.
Contre le vassal félon, le seigneur peut prononcer des sanctions dont la principale est la confiscation du fief ou « commise «. Inversement, le vassal peut retirer sa foi à un seigneur qui a manqué à ses engagements. C’est le « défi « qui nécessite une proclamation personnelle de renoncement au fief.
Le pôle d’attraction du vassal cesse vite d’être le château seigneurial, où le vassal donne assistance et conseil, pour devenir le fief qu’il reçoit. L’hérédité, pièce essentielle du système féodal, assure l’emprise croissante du vassal sur son fief. Rapidement admise, au XIe siècle en France et au XIIe siècle en Germanie et en Angleterre, celle-ci est un moyen d’assurer la paix entre les guerriers. Elle oblige les seigneurs à résoudre des problèmes de tutelle quand le fief échoit à un enfant mineur ou à une fille incapable d’assurer le service militaire. En imposant à cette dernière un mari, le seigneur risque toujours de heurter des intérêts de lignages concurrents.
3.2   Hommage lige En dehors des cas de rupture, le jeu politique dans le système féodal est rendu possible par la pluralité des engagements d’un même vassal, qui possède en outre ses propres vassaux, jusqu’au terme ultime du vavasseur, c’est-à-dire celui qui n’a pas de vassaux. La faculté de devenir l’homme de plusieurs seigneurs permet aux vassaux d’accorder au plus offrant une fidélité préférentielle. Pour se prémunir contre l’anarchie qui peut en résulter, les seigneurs les plus puissants tentent de se faire prêter par leurs vassaux un hommage prééminent : l’hommage lige. Mais, pour imposer un véritable service et soumettre son vassal à son autorité souveraine, le seigneur doit justifier de sa supériorité, mais cela ne concerne que ce qui relève de la foi jurée. Pour le reste, en cas de dommage, les alliances féodales étant discontinues, et en l’absence d’une puissance capable de rétablir un chevalier dans son droit, un seigneur ne peut avoir recours qu’à la vengeance et à la guerre privée.
4   LES MONARCHIES FÉODALES La ligesse est plus vigoureuse et plus proche des modèles théoriques en Angleterre normande que dans la France septentrionale où elle s’est formée entre 980 et 1070. Plus accomplie en France et en Germanie, où elle n’apparaît qu’au XIIe siècle, la féodalité ne connaît pas d’achèvement en Italie et en Sicile, où la tradition antique est encore forte et où les riches vassaux participent de manière précoce à la vie urbaine en investissant les revenus qu’ils tirent de la terre dans le commerce et la transformation de matières premières. En Espagne, la féodalité est encore plus inachevée, les chrétiens de la péninsule se consacrant à la Reconquista. Les rois, en effet, n’abandonnent pas tous leurs pouvoirs aux féodaux sur les terres reconquises et doivent accorder de larges libertés aux combattants et aux colons qu’ils attirent sur les terres gagnées sur les musulmans. Dans les pays slaves et scandinaves, la féodalité, plus tardive, montre aussi des spécificités régionales.
Quand l’autorité monarchique reprend vigueur au XIIe siècle, elle profite de conditions économiques favorables, de l’essor de la production, des échanges, des monnaies et des communications qui suppriment les conditions matérielles ayant favorisé la pulvérisation des pouvoirs.
Dans un premier temps, la monarchie opère dans le cadre des institutions féodales. Les souverains, qui n’ont jamais prêté hommage à autrui, s’efforcent de faire rentrer toutes les puissances régionales de leur royaume dans leur suzeraineté. Ils parviennent à se faire reconnaître de leurs arrière-vassaux, constituant peu à peu une chaîne de relais successifs, sous forme pyramidale, de tous les feudataires du royaume. Les souverains médiévaux ne conçoivent jamais leur pouvoir autrement que comme celui d’un seigneur féodal à la tête de la hiérarchie de ses hommages, aidé par l’ost de tous les vassaux réunis à sa cour afin de le conseiller. C’est pour cela que Louis IX restitue à Henri III, en 1259, les provinces anglaises qu’il vient de conquérir, pour obtenir que le roi d’Angleterre devienne son « homme « et lui jure fidélité.
Les rois savent aussi combler les imprécisions du droit féodal au niveau des services en instituant l’obligation pour les vassaux de combattre gratuitement quarante jours par an, et proposent de les payer au-delà de cette durée. Ils exigent de ceux qui ne veulent pas combattre (ou ne le peuvent pas) le paiement d’une taxe en argent. On peut désormais récompenser un serviteur ou un officier par un gage en argent et lever des combattants salariés ou « soldats «.
Les souverains attirent devant leur propre cour ou devant les assises de justice que tiennent leurs représentants toutes les causes relevant du fief et des obligations vassaliques. La confiscation du fief, naguère simple menace, devient réelle. C’est ainsi que Philippe Auguste utilise la commise contre Jean sans Terre pour accaparer son fief de Normandie et l’adjoindre au domaine royal (1204). Enfin, des charges financières sont instituées au moment de l’investiture des fiefs. Ces droits de succession peuvent atteindre une année des revenus du fief. Ce processus est l’une des voies de la reconstitution d’une fiscalité monarchique. En France, une aide financière supplémentaire est imposée aux vassaux dans quatre cas précis (l’aide aux quatre cas) : pour le départ en Terre sainte, l’adoubement du fils aîné, le mariage de la fille aînée, le paiement de la rançon du seigneur.
Pourtant, le sacre donne un pouvoir plus important au roi qu’au suzerain. L’Église attribue au caractère sacré du roi une délégation de pouvoir divin élargie à toute l’étendue du royaume, une faculté de conduire tout le peuple à son salut, d’offrir la paix du roi, d’essence bien supérieure à un hommage royal. Le caractère sacré de la monarchie lui permet de se dégager des structures féodo-vassaliques et de développer l’idée d’État.
5   LA FÉODALITÉ TARDIVE L’affaiblissement de l’autorité monarchique est l’occasion de turbulences féodales où l’on peut voir des clientèles guerrières se rallier à de puissants nobles pour obtenir l’autonomie et renverser les forces centralisatrices des monarchies modernes. Aux XIVe et XVe siècles, en Angleterre où ces clientèles guerrières sont payées par les barons avec des fiefs-rentes, c’est-à-dire des revenus en numéraires régulièrement distribués aux chevaliers, la rébellion contre le pouvoir royal a eu une certaine efficacité. Les historiens anglais appellent ce mouvement « féodalité bâtarde «.
Les aspects les plus tenaces de la féodalité se manifestent au niveau des attitudes mentales. Certains termes, comme l’hommage, la cour, le courage ou la loyauté, ont longtemps gardé leur sens originel. La valeur accordée aux qualités militaires et la notion d’honneur ont durablement imprégné l’univers psychologique des sociétés de l’Ancien Régime. D’autres images de la vassalité marquent les représentations comme celle d’un Dieu siégeant au milieu de sa cour céleste ou de l’amant servant sa dame comme un vassal son seigneur (voir courtois, courtoisie).
En France, certains hommes continuent à faire le geste de l’hommage et à donner leur foi à celui dont ils se disent vassal. Les liens d’homme à homme subsistent à l’époque moderne, mais la concession féodale n’y est plus qu’un mode d’aménagement des relations foncières. La science juridique des feudistes prend une ampleur exceptionnelle au XVIIIe siècle, mais elle ne concerne plus alors que le régime foncier des tenures. Confondant seigneurie et féodalité, on en vient à qualifier de droits féodaux ceux qui pèsent sur les tenures féodales et qui sont abolis en France la nuit du 4 août 1789. En fait, la Révolution a attaqué la seigneurie rurale bien davantage que la féodalité proprement dite, déjà morte depuis longtemps.
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