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JOURNAL de Welch

Publié le 26/08/2015

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JOURNAL de Welch [The Denton Welch Journals]. Ce recueil des réflexions quotidiennes de l'écrivain anglais Denton Welch (1915-1948), publié en 1952, est à l'origine de ses romans — la Promenade interrompue — qui lui doivent beaucoup de leur plus intime substance. Denton Welch, tel son frère de souffrance le poète français Joê Bousquet, survécut douloureusement, pendant treize ans, à ce qu'il désigne par ces mots : « l'obscène accident «. Étudiant à l'école des Beaux-Arts de Londres, il se rendait à bicyclette au presbytère de son oncle, dans le Surrey, lorsqu'une chute le rendit infirme pour toute sa vie. Mais telle était son énergie qu'après son accident, il parvint de temps en temps à marcher seul, à monter à bicyclette, et même à conduire une voiture. Denton Welch, sans jamais s'apitoyer sur son sort et sachant « qu'il ne ferait plus jamais partie des bien portants «. souhaita longtemps de mourir, mais la vie avait en lui des sursauts qu'il a fidèlement notés dans son Journal (« J'eus soudain envie de me balader et d'être gai comme avant la guerre, avant mon accident, j'eus envie de tout ce qui est jeune et insouciant «). De même que les romans, le Journal — dont la chronologie s'étend du vendredi 10 juillet 1942 au mardi 31 août 1948 — a pour qualité dominante une entière sincérité qui donne du prix aux moindres notations. Les petites choses, en effet, requièrent volontiers la minutie descriptive de cet écrivain qui était aussi un peintre. Ainsi nous entretient-il sans se lasser de sa table à damiers noirs et blancs, de l'architecture d'une église ou de cette maison de poupée que lui avait confiée une amie et qu'il passa des mois à restaurer. Ces petites choses, justement, Denton Welch sait les voir, qu'il s'agisse d'une chasse aux papillons tachetés d'orange, d'une partie de campagne au bord de la rivière ou de ses stations chez l'antiquaire pour acheter « une petite tasse de Nankin un peu ébréchée, pour deux shillings. Aussi pourra-t-il, en toute connaissance de cause, confier au Journal des réflexions telles que celle-ci : « Il est très juste que la plupart des gens ne sont pas sensibles aux choses : une mauvaise volonté générale les prive de leurs yeux. Dans cette oeuvre. cependant, si accueillante aux petits faits sans exclure, parfois, une certaine puérilité, un fait majeur domine : c'est la permanence d'un mal héroïquement supporté. Elle est enfin, et surtout, le journal d'un écrivain très intéressé par le mécanisme de la création littéraire, « de ce désir qui, chez l'artiste, existe toujours de mettre les pensées dans le moulin pour hacher la viande «. 

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