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La Bulgarie tombe dans l'orbite soviétique

Publié le 17/01/2022

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28 octobre 1944 - Août 1944 : les forces du Reich hitlérien reculent sur les fronts balkaniques. A Sofia, les milieux dirigeants se préparent à changer de camp. Contrairement à leurs voisins roumains qui viennent de passer dans le camp des Alliés, les Bulgares n'étaient pas en état de guerre avec les Soviétiques. Personne n'a oublié qu'en 1878 les Russes avaient mis fin à cinq siècles d'occupation ottomane d'où les sentiments sincèrement russophiles de la nation. Les dirigeants conservateurs de la Bulgarie entretiennent les meilleures relations possibles avec l'URSS. En mars 1941, les Soviétiques préconisent même la conclusion d'un pacte militaire. Mais, après avoir hésité, le gouvernement royal refuse la proposition, vraisemblablement impressionné par les succès croissants que remportent les Allemands, partenaires principaux de la Bulgarie dans le domaine économique. Après ses victoires en Europe occidentale, Hitler s'attaque à la Yougoslavie et à la Grèce, deux pays également voisins de la Bulgarie, qui adhère-du moins formellement-au " pacte anti Komintern ". Pourtant, contrairement aux Roumains et aux Hongrois, entraînés en juin 1941 par Hitler dans la guerre contre l'URSS, aucun soldat bulgare n'est envoyé sur le front russe. Les relations diplomatiques sont maintenues entre Moscou et Sofia, alors que la participation active de la Bulgarie au démembrement de la Yougoslavie provoque la rupture avec la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. En effet, grâce aux facilités logistiques offertes aux troupes allemandes, les Bulgares sont " autorisés " par Hitler à annexer une grande partie de la Macédoine yougoslave, à laquelle s'ajoute une partie du territoire grec, vieilles revendications nationalistes enfin satisfaites. En ce mois d'août 1944, comprenant que la défaite allemande est désormais inévitable, les dirigeants de Sofia proposent l'armistice à Londres et à Washington. Depuis la mort en août 1943 du roi Boris III dans des circonstances jamais éclaircies, après une visite au quartier général du Führer, la Bulgarie est gouvernée par un conseil de régence hétérogène. La résistance s'organise autour d'un Front patriotique composé de représentants de quatre partis clandestins parmi lesquels le PC. Au lendemain même de la libération de Paris, les émissaires du gouvernement royal se rendent au Caire auprès des Alliés anglo-américains. A Sofia, le comité central du Parti communiste clandestin diffuse une lettre adressée à ses militants. L'objectif assigné est le renversement de la monarchie et son remplacement par un pouvoir fondé sur le Front patriotique. Du côté du gouvernement bulgare, on multiplie les décisions pour améliorer l'image de marque défavorable d'un régime qui a sombré dans la collaboration avec les Allemands. Les mesures discriminatoires prises contre les juifs sont abolies le 25 août. Il est vrai que de tous les pays envahis par Hitler, seule la Bulgarie a pu empêcher la déportation de ses citoyens juifs. Le 3 septembre 1944, le nouveau gouvernement, profondément remanié et présidé par Constantin Mouraviev, appartenant à l'aile droite des agrariens, annonce l'amnistie pour les prisonniers politiques, la neutralité inconditionnelle du pays et le retrait des unités bulgares des territoires yougoslaves et grecs annexés. Contraint et forcé, le processus de démocratisation pacifique est néanmoins en marche. Le 5 septembre 1944, les premières unités de l'armée rouge atteignent la frontière. Contre toute attente, le gouvernement soviétique déclare la guerre à la Bulgarie, " qui n'a pas observé une attitude neutre envers l'URSS ". Le même jour, à Sofia et en province, les résistants déclenchent une série d'opérations parfaitement synchronisées... Les événements se succèdent pendant qu'au Caire les négociations avec les Anglo-Américains sont dans l'impasse. L'armée rouge pénètre en Bulgarie, partout cordialement accueillie par la population. Trois jours plus tard, le gouvernement, qui n'est manifestement plus maître de la situation, déclare la guerre à l'Allemagne : le 8 septembre, la Bulgarie se trouve techniquement en état de guerre à la fois avec les Allemands, les Soviétiques, les Britanniques et les Américains sans qu'un seul de ses soldats soit engagé dans les combats... La liquidation des dirigeants Le sort du gouvernement royal est scellé. L'interdiction des réunions du Front patriotique sorti de la clandestinité dans la soirée déclenche la grève générale les résistants armés se joignent aux unités motorisées de l'armée rouge qui progressent rapidement à travers un pays en état d'insurrection. Dans la nuit du 8 au 9 septembre, les résistants, soutenus par les Soviétiques, pénètrent dans Sofia. Ils occupent les centres administratifs et arrêtent les membres du conseil de régence et du gouvernement royal. Au cours de la journée du 9 septembre, Radio-Sofia annonce l'entrée en fonctions du gouvernement présidé par le colonel Kimon Gueorguiev. Sur seize ministres, quatre seulement appartiennent au Parti communiste. Mais ils occupent les postes-clés, dont l'intérieur et la justice. La politique de " non-belligérance " pratiquée par les anciens dirigeants avait évité à la Bulgarie de se transformer en champ de bataille. Mais quatre cent cinquante mille de ses soldats mobilisés en quelques semaines par le nouveau régime participeront à la phase finale de la seconde guerre mondiale. La Bulgarie, devenue une démocratie populaire modèle, allait être jusqu'à la chute du communisme l'un des plus fidèles alliés de l'Union soviétique en Europe orientale.

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