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La Conscience De Bergson

Publié le 17/01/2022

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PHILOSOPHIE

 

L’auteur de cet extrait est Henri Bergson, philosophe français du XIXème et du XXème siècle. En 1927, le prix Nobel de littérature lui est décerné.

Le texte présenté  est celui de la spontanéité de nos actions qui en devenant habitude et monotone nous les font réalisé sans y prendre conscience. On y perd alors la notion de choix car la conscience nous permet de réfléchir et de prendre une décision. On étudie ici le lien entre choix et conscience. Lorsqu’une action s’enchaine on la réalise sans même y prendre conscience, il n’y a plus de créativité. La thèse de l’auteur est que la conscience permet le choix et elle est effective lorsqu’une action ne se répète pas et s’applique plus l’intensité de l’action est élevée. Pour l’auteur s’il n’y a pas de prise de conscience il n’y a pas de choix et nous n’avons plus aucune influence sur notre avenir.

 

La conscience rime telle avec choix ? Lorsqu’une décision vient de nous elle résulte d’une réflexion et impliquer un choix dirigé par la conscience au contraire de l’habitude qui ne demande aucune réflexion, seulement une mécanique monotone à respecter que nous réussissons parce qu’on nous l’a appris et pas par choix et donc prise de conscience.

 

Le texte est divisé en trois parties. La 1ère partie est dirigée par la réflexion sur les habitudes. La conséquence d’une action qui perd de sa spontanéité en devenant mécanique perd de sa consistance est dénué de tout aspect humain. La décision n’est plus de notre ressort elle ne vient plus de notre conscient mais de notre subconscient. Nous n’avons plus de pouvoir de décision. Cette partie commence au début et finit à «  la conscience que nous en avons diminue et disparaît « ( l 9)

Dans la 2ème partie l’auteur effectue une étude sur les moments où la conscience est le plus présente. On constate que se sont les moments de crises intérieurs qui sollicitent le plus notre conscience. Quand nous hésitons qu’il faut absolument faire un choix c’est là que la conscience prendre forme et module notre avenir. La conscience est alors significative de choix. la partie commence « Quels sont « (l 9) et finit  «  l’auront fait « (l 10)

Dans la 3ème partie il est question des variations d’intensité et de l’implication qu’elle on sur nos choix et donc notre conscience. Elle commence à « les variations « (l 12) et va jusqu'à la fin

 

« Qu’arrive-t-il quand une de nos actions cesse d’être spontanée  pour devenir automatique «  Bergson commence par une question : c'est un moyen rhétorique pour amener le lecteur à s'interroger lui-même. L’aspect humain disparaît par conséquent la conscience disparaît, il n’y a plus de choix c’est notre inconscient qui prend le dessus. « Nous commençons par être conscient « Lors de l’apprentissage on a conscience car la décision vient de notre réflexion qui nous est propre nous sommes alors conscient d’effectuer tel ou tel action. Mais petit à petit avec la répétition et l’engrenage de la mécanique qui apparaît la conscience en même temps disparaît. «nous dispensant ainsi de nous décider et de choisir. «  On oppose ici la volonté et la liberté à la nécessité. L’exemple de la voiture est très bien pour démontrer cet effet. On commence par apprendre le code de la route et au fur et à mesure on l’exécute sans s’en rendre compte. On apprend à utiliser les pédale à passer les vitesses, regarder dans un rétroviseur, mettre son clignotant,… Puis on finit par assimiler ces gestes pour qu’ils deviennent instinctifs. Il n’y a plus d’agent qui intervient. La conscience est assimilée à la réflexion. « la conscience que nous en avons diminue et disparaît. « Progressivement avec la répétition de l’action, la conscience en devient inutile. Ce changement est progressif. La liaison devient immédiate donnant lieu à un enchainement mécanique et un fonctionnement autonome. On constate une suite de cause et d’effets. Si la pensée s’immisçait dans l’action, elle cesserait alors d’être mécanique, elle donnerait lieu à une hésitation, donc à une diminution d'efficacité et de rapidité. Mais, dès qu'un problème surgit, la conscience reprend toute son activité, afin de trouver la solution. Reprenons l’exemple de la voiture, si celle-ci tombe en panne où connaît un problème, la conscience reprend le dessus afin de trouver la solution.

 

« D’autres part « Après avoir constaté la disparition de la conscience. Bergson envisage alors le cas inverse. « les moments où notre conscience atteint le plus de vivacité. « On constate alors une réelle opposition avec la disparition. D’un côté elle vit et est un agent actif du choix engendré par la réflexion. De l’autre elle meure et laisse agir sans un quelconque pouvoir. « les moments de crises intérieurs «. Pour résoudre une crise il faut bien évidemment faire un choix, éprouvé par notre réflexion en faisant intervenir notre conscience. Il y a alors la réapparition du cogito qui prend ici toute sa dimension.  La célèbre citation de R. Descartes « cogito ergo sum « plus connu en français sous la forme « Je pense, donc je suis «. Cette citation de R. Descartes reflète parfaitement le texte sans intervention du cogito il n’y a pas de présence du sujet qui devient absent et laisse son avenir se faire et se dessiner. Avec l’intervention de la conscience un choix est effectué comme pour la crise où il faut lui trouver une solution. « notre avenir sera ce que nous l’aurons fait «. Ici le choix est tourné vers l'avenir et se rapporte à quelque chose d'indéterminé, de nouveau. La conscience doit anticiper librement sur l'avenir, sans avoir de données préalables, sans pouvoir se rapporter à quelque chose de déjà déterminé. Elle est la source entière de notre vie à venir, elle doit évaluer elle--même le pour et le contre, les conséquences de l'action. L'homme, par la conscience, est donc libre, responsable de sa vie, tandis que l'action automatique est déjà programmée à l'avance, donc déterminée.

 

Après avoir envisagé des situations particulières extrêmes, Bergson conclut sur les "variations d'intensité" de la conscience. Ce qui varie, ce n'est pas la conscience elle-même en tant que faculté mais son degré d'activité ou d'intensité. L'intensité introduit une idée en plus par rapport à la vivacité : en effet, elle indique la concentration, la fusion de plusieurs éléments en une seule chose. Tandis que la conscience se dilate en quelque sorte dans l'action automatique en se divisant en actions successives qui s'enchaînent, elle se concentre en elle-même dans les moments de crise intérieure, toute la personnalité, la vie du sujet est ici en jeu. . Or, les variations d'intensité sont fonction de la «somme plus ou moins considérable de choix, ou, si vous voulez, de création, que nous distribuons sous notre conduite «. L'idée de somme introduit la grandeur, la mesure quantitative alors même que l'intensité évoque quelque chose de qualitatif. En effet, ce qui importe dans les moments de crise intérieure, c'est moins le nombre de choix que l'importance, le poids que l'on accorde au choix. Autrement dit, la somme est ici qualitative, c'est-à-dire ressentie par le sujet, elle n'est pas mesurable. Il peut y avoir des sauts brusques entre l'action habituelle et les situations de crise intérieure. Le rapport entre les deux est donc d'ordre qualitatif : dans un cas, on est déterminé, dans l'autre on est tout entier soi-même. Il peut de la même façon exister des situations intermédiaires : par exemple, lorsqu'il s'agit de choisir un sujet parmi deux sujets de dissertation : le choix est à la fois libre et déterminé.

Bergson identifie le choix à une création : cette dernière signifie que le choix ne se fait pas en fonction de possibilités déjà établies. Il y a une différence entre l'auteur  et le créateur. On peut penser que l'avenir ne peut être radicalement neuf, il est lié au passé, à la situation. Mais ce qu'indique Bergson, c'est avant tout que l'avenir n'est pas déjà déterminé, mais à faire, à construire. La conscience doit intervenir pour fabriquer notre avenir car la conscience est synonyme de choix et donc de voies à prendre ou à ne pas prendre. Chaque décision va changer notre vie et la moduler de tel ou tel façon.

Bergson finit en élaborant une véritable conclusion à sa thèse «tout porte à croire qu'il en est ainsi de la conscience en général « : les variations d'intensité de la conscience ne sont pas contingentes, elles ne se rapportent pas à certaines situations particulières mais elles qualifient la nature même de la conscience : la conscience ne varie pas parfois, mais toujours, et cette variation ne se rapporte pas à un individu, mais à tous. Elle est universelle, personne n’en est exclu. Il n’y a pas d’alternative. La conscience nous dirige et nous permet d’effectuer des choix.

Si les exemples donnés par Bergson sont extrêmes, ils révèlent l'essence de la conscience.

 

La conception bergsonienne de la conscience prolonge l'analyse du cogito cartésien : en effet, Descartes a montré que la conscience donnait naissance à un sujet capable de réfléchir sur lui-même et sur le monde. Ainsi, par la conscience, le sujet est à l'origine de la connaissance, Kant, «le je pense doit pouvoir accompagner toutes mes représentations «. D'autre part, Descartes identifie la conscience avec l'acte de penser, ce que Bergson montre ici : penser, c'est pouvoir sortir de la situation présente, des impératifs de l'action pour déterminer le déroulement de l'action, c’est réfléchir et effectuer un choix qui va déterminer la nature de l’action. Ce dernier est en effet enchaîné à la nature et au présent il est en partie incapable de construire l'action en envisageant de multiples possibilités, un engrenage de mécanisme c’est créer et il ne peut plus en sortir. On constate ça des les usines travaillant à la chaine. Chaque individu est cantonner à effectuer une tâche sans jamais en changer. Charlie Chaplin dans son film les Temps modernes (1936) illustre parfaitement cet exemple et le tourne en dérision en ne respectant pas se code du travail à la chaine. L'apprentissage est fondé sur l'instinct ou sur un conditionnement, non sur la conscience. Bergson a effet démontré que le passage de l'action spontanée à l'action automatique marque l'arrêt de toute pensée même s'il ne peut être une machine du fait de la présence de la conscience en lui, mais qui peut être potentielle ou irréfléchie. Cependant Descartes fait du moi une substance pensante qui possède une identité, une' personnalité parfaitement définie et connaissable «l’âme est plus aisée à connaître que le corps «, Discours de la méthode. L l'idée d'une variation d'intensité de la conscience indique qu'on ne peut pas séparer la conscience de son rapport aux objets, aux actions voire même à l'ensemble d'une vie individuelle. Pour en faire une identité absolue. Immuable et nécessaire. "Tout porte à croire qu'il en est ainsi de la conscience en général" indique que la conscience n'est pas une entité en soi indépendante du monde mais qu'elle est essentiellement liée à ce qu'elle fait. Elle est présente et influe sur nos actions on ne peut s’en séparer.

C'est plus particulièrement en rapport à la durée et à la liberté que Bergson envisage ici la conscience : en effet, la différence entre l'action automatique et spontanée révèle une conception radicalement différente du temps : dans le premier cas, il y a une négation de la durée, à travers laquelle le passé se distingue du présent et de l'avenir puisque dans l'action automatique le passé est complètement intégré au présent et l'avenir est déjà déterminé : il n'y a plus de temps, mais un présent indéfiniment répété, une succession de «maintenant« : c'est ce que Bergson appelle la « mémoire habitude «, qui consiste en un ensemble de mécanismes moteurs acquis. Or, le temps n'est pas vécu ainsi par le sujet conscient : ici, la durée est «une création continuelle d'imprévisible nouveauté« La pensée et le mouvant. Chaque instant est vécu de manière qualitativement différente, il n'y a pas deux instants qui se répètent dans une vie individuelle, le souvenir est individualisé, unique, et l'avenir est un horizon absolument indéterminé. Il peut changer à n’importe quel moments car la conscience entraine une réflexion qui nous conduit à faire un choix parmi une infinité de possibilités Chacun va amener une nouvelle infinité de choix tout aussi différentes ce qui nous rend unique et chaque vie unique. On pourrait recommencer sa vie un nombre de fois incalculable sans jamais faire les mêmes choix et la vivant de façon très différentes. La conscience nous permet d’influer sur notre avenir et de la créer à notre manière de la façon dont nous pensons être la meilleur ou en tout cas la moins mauvaise. C'est en se dégageant des impératifs de l'action, qui impliquent le découpage mathématique du temps en instants homogènes que l'on peut vivre la durée réelle, c'est-à-dire le changement qualitatif entre deux moments de notre vie. La continuité de la durée est une création à travers laquelle je crée l'avenir à travers mon passé. Cette création révèle une liberté fondamentale de l'homme à l'égard de lui-même et de son avenir : l'homme, parce qu'il pense, n'est pas déterminé, mais il est autonome, responsable de lui-même, la perspective de Sartre, il n'y a pas de nature humaine, l'homme est ce qu'il se fait, il est à l'origine de ce qu'il est, et il est de mauvaise foi lorsqu'il évoque un déterminisme qui pèse sur son existence. Le cogito est le lieu de rencontre qui nous permet d’être libre et de prendre la décision que nous voulons. C’est le seul endroit où la liberté est totale. On décide nous même de nos actes ce qui nous en rend pleinement responsable. Il est non seulement responsable de ce qu'il est, mais du sens, des valeurs qu'il donne à sa. Voir également Rousseau qui indique que la conscience morale est une sorte d'instinct divin, qui nous dicte, nous prescrit ce que nous devons faire en fonction du bien et du mal. C’est comme un 6ème sens qui nous guide sur la bonne voie nous indiquant ce que nous devons faire. C’est une part de l’irréel inexplicable. C’est un choix irrationnel dicté par une puissance supérieur dont on est totalement indépendant mais qui nous aide dans notre réflexion sans que nous comprenions comment ni pourquoi.

Cependant, on peut penser que les termes "automatisme" et "création" sont trop extrêmes pour qualifier la vie de la conscience. En effet l'homme ne vit jamais comme un automate, car il reste toujours à l'origine de ce qu'il fait et les opérations complexes qu'il réalise chaque jour nécessitent toujours d'être un minimum pensées. La conscience même si elle n’est pas un agent actif, elle est toujours présente.

D'autre part, la liberté ne peut être conçue comme une pure création «ex nihilo« ; elle est toujours limitée par les circonstances, la société, le milieu, de telle sorte que les possibilités offertes dans le choix ne sont pas complètement inventées.

Mais ces variations extrêmes doivent plutôt être conçues comme un moyen pédagogique utilisé par Bergson pour clarifier, rendre compte, de la nature de la conscience.

 

Ainsi, Bergson a montré dans ce texte en quel sens la conscience admettait des degrés d'intensité, ce qu'il nous a indiqué par l'exemple du passage, au sein d'un apprentissage, entre la concentration ou l'attention des débuts de l'action et l'automatisme ou l'habitude, cette dernière impliquant une disparition de la vivacité de la conscience. L’action devenant ainsi monocorde et insipide. Tout en indiquant en quel sens Bergson prolongeait les philosophes de la conscience, comme Descartes, nous avons souligné l'originalité de la thèse de Bergson, par la corrélation qu'il établit entre la conscience et la durée ou la liberté. La conscience devient ainsi l'origine de toute forme d'activité créatrice, qui fait de l'avenir un horizon indéterminé où l'homme aura à se constituer ou se choisir lui-même. IL est libre  et détermine lui-même la vie qu’il veut vivre. Il se construit son avenir selon sa propre conscience, sa réflexion et détermine son choix qui est unique.

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