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La conscience et l'hypothèse de l'inconscient

Publié le 22/07/2010

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conscience

Si le mot conscience nous est familier, c’est parce qu’il désigne ce dont nous faisons tous l’expérience. De fait, nous expérimentons la conscience de deux manières : - d’une part, comme ce par quoi nous jugeons de la valeur de nos actions, c'est-à-dire comme une voix intérieur qui nous dicte le bien et le mal. Nous lui donnons le nom de « conscience morale « - d’autre part, cette grâce à quoi on sait que l’on est. On parlera en ce sens de conscience psychologique ; la conscience étant ici liée non à l’action mais à la pensée. Dès lors, la question est de savoir si avoir conscience, c'est-à-dire, savoir que l’on est, s’est savoir qui l’on est. En d’autres termes : que nous apprend la conscience sur nous-même ? La conscience suffit elle à se comprendre soi-même ? Le problème qui apparaît ici est celui de la maîtrise de soi, et par delà celui de la liberté et du déterminisme. Bref, sommes nous libre ou déterminé ? I – L’inconscient au sens topique

Il semblerait que les données de la conscience soient en réalité extrêmement lacunaire et que par conséquent, la conscience ne peut suffire à se connaître soi-même. Ce que révèle la psychanalyse, c’est qu’il existe en nous des pensées à la fois inconsciente et efficiente, c'est-à-dire dynamiques, qui, bien qu’inconscientes, produisent un effet sur notre emportement conscient. Ces pensées, Freud les appellent des actes psychiques. Elles se manifestent sous la forme de symptômes, que Ricœur appellent des « effets signes « : produits par une pensée inconsciente, ils permettent d’en deviner la présence. Ainsi, comme l’écrit  Freud dans sa Note sur l’inconscient en psychanalyse : « Nous avons l’habitude de considérer que toutes pensées latente étaient telle du fait de sa faiblesse, et devenait conscient dans la mesure où elle devenait forte. Nous avons maintenant acquis la conviction qu’il existe des pensées latentes, qui ne pénètrent pas dans la conscience, aussi forte qu’elle soit devenu «. Le premier sens d’inconscient envisage l’inconscient d’un point de vue descriptif ; le second sens l’envisage d’un point de vue topique : c’est ce second sens que la psychanalyse révèle et adopte et qui fait son originalité. Dire que des pensées latentes ont une dimension dynamique, c'est-à-dire qu’elles possèdent une certaine force. Puisque malgré leur efficience, ces pensées sont inconscientes, il faut bien admettre qu’une force les maintient à l’écart de la conscience. Cette force, Freud la nomme refoulement, de sorte que l’inconscient peut être identifié au refoulé. Le refoulement s’oppose donc à une force contraire, de sorte qu’il va jouer le rôle d’une barrière qui forme deux lieux psychiques. Cette barrière, Freud l’appelle la censure. Mais d’une pensée qui n’est plus inconsciente, on peut seulement dire qu’elle a surmonté la force du refoulement, et non qu’elle est effectivement consciente. Il peut se faire qu’elle reste inconsciente au sens descriptif. C’est pourquoi Freud distingue trois lieux psychiques qui forme la première topique : l’inconscient, le préconscient, et le conscient. Ainsi, ce qui est inconscient au sens descriptif est préconscient au sens topique.

Toutefois, la conception topique du psychisme pose problème. En effet, que fait-il entendre par « lieu « psychique. A plusieurs reprises, Freud insiste sur la valeur purement métaphorique de ces lieux. Néanmoins, l’idée d’une inscription anatomique des lieux psychiques ne lui est pas étrangère. Il semble donc que l’on puisse comprendre la perspective topique comme une approche matérialisant du psychisme. La pensée et les actes conscients ne seraient totalement libres, mais partiellement déterminés, c'est-à-dire conditionnées par des pensées inconscientes. Ce déterminisme de la conscience, on pourrait aussi le constater sur un plan social. II – Le déterminisme social de la censure

La liberté paraît n’être qu’un leurre. Pourtant, nous avons en nous un certain sentiment de liberté. Comme l’écrit Descartes dans les principes de la philosophie : « notre liberté se connaît sans preuve, par la seule expérience que nous avons «. Sauf que cette expérience pourrait bien être trompeuse. En effet, les hommes ne seraient en réalité pas libre, mais croirai l’être parce qu’ils ignorent l’ensemble des causes qui les poussent à penser et à agir comme ils le font. C’est ce qu’énonce  Spinoza.

Plus que l’effet d’un déterminisme interne, la conscience serait le fruit d’un déterminisme essentiellement social. C’est ce que soutient Rakounine dans ses Œuvres. Ainsi, les Hommes, loin d’être libres de leurs pensées et de leurs actes, ne seraient en réalité que des produits et des instruments d’innombrables rapports sociaux. Ainsi, chaque individu serait aliéné aux autres. Conclusion

L’originalité de la psychanalyse consiste donc dans sa formulation de l’inconscient qui se caractérise par le passage du sens descriptif au sens topique. Cette hypothèse est appelée par les lacunes et les incohérences de la vie consciente, au risque cependant de nier toute liberté à l’homme, en raison d’un déterminisme psychique, psychologique qu vient doubler un déterminisme social. Toutefois, le déterminisme pose problème, car alors comment maintenir l’idée d’une responsabilité du sujet non seulement par rapport à ses pensées, mais encore aux actes commis ?

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