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La protohistoire

Publié le 29/01/2013

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1   PRÉSENTATION

protohistoire, nom donné à la période de l'histoire de l'humanité située entre la préhistoire, qui la précède et concerne les peuples sans écriture, et l'histoire, qui la suit et débute avec l'apparition de l'écriture.

Inventé au XIXe siècle, le terme a d'abord eu un sens méthodologique. La préhistoire s'étudiait grâce à l'archéologie, alors que l'histoire s'appuyait sur les seuls textes. Étaient définis comme protohistoriques les peuples ne possédant pas l'écriture, mais que l'on pouvait étudier par le biais des textes d'autres peuples, c'est-à-dire tous ceux qualifiés de « barbares « par les Grecs et les Romains (par exemple, les Gaulois). Aujourd'hui, quelle que soit la période, les chercheurs travaillent de concert en confrontant toutes les sources d'information disponibles.

En Europe, la protohistoire désigne une période chronologique correspondant à l'âge des métaux. Elle commence donc à l'extrême fin du IIIe millénaire avec l'âge du bronze qui succède au chalcolithique, période de transition suivant le néolithique. Elle se termine au début de notre ère, à la fin de l'âge du fer, avec les conquêtes romaines qui entraînèrent la généralisation de l'écriture. Elle concerne principalement l'Europe occidentale, centrale et nordique, car les peuples de la Méditerranée orientale entrent dans l'histoire dès l'âge du bronze, les comptoirs grecs et puniques en Méditerranée occidentale formant des enclaves d'usage de l'écriture.

2   ACQUISITIONS CULTURELLES

La recherche de métaux natifs et de minerais, leur exploitation et leur transformation, amorcée dès le néolithique, marquent un tournant dans l'évolution des civilisations. À l'inverse de la pierre ou de la céramique, les métaux sont des matières premières recyclables particulièrement attractives. La protohistoire est marquée par l'essor de groupes culturels très différents dont les ressources métallifères ou la maîtrise de la métallurgie fondent la richesse et la puissance. Ils sont identifiés par des productions caractéristiques : à l'âge du bronze s'épanouit la civilisation d'Unetice, du nom d'un site en Tchécoslovaquie, fondée sur les richesses métallifères de l'Europe centrale et sur le transit de l'ambre, matière très recherchée, de la Baltique à la mer Égée et au Proche-Orient ; le début de l'âge du fer, quant à lui, est marqué par les Celtes, propagateurs de la nouvelle métallurgie.

Ce sont non seulement de nouvelles technologies et de nouveaux objets qui apparaissent, mais aussi de nouveaux rapports sociaux et de nouvelles croyances. Le mouvement débute au chalcolithique quand divers peuples se lancent dans la métallurgie du cuivre. Les plus anciennes traces de cette activité métallurgique s'observent au Proche-Orient au Ve millénaire. Les réseaux d'échanges existant en Méditerranée orientale favorisent la circulation des métaux, sous forme de matières premières ou de produits fabriqués, et des techniques métallurgiques. De nombreux mouvements de population à cette époque sont dus à la recherche de gisements de cuivre. En Europe, les peuples des Balkans, d'Europe centrale et méditerranéenne, d'Armorique et des îles Britanniques, régions riches en cuivre, expérimentent divers alliages pour durcir le cuivre. Mais c'est le bronze, alliage de cuivre et d'étain, qui se généralise. La cassitérite, minerai d'étain, est rare. Son exploitation et sa diffusion sont une des grandes questions que cherchent à résoudre les protohistoriens. De grands ateliers de bronziers existent en effet dans des régions dépourvues de minerai et fort loin des zones productrices (la Grèce et la Scandinavie, par exemple). Un véritable réseau commercial dut donc se mettre en place pour permettre la réalisation de cet alliage.

3   BOULEVERSEMENTS SOCIAUX

Alors que l'or et le cuivre servirent au début à réaliser des parures et des objets de prestige, le cuivre arsenié puis le bronze et ensuite le fer furent utilisés pour forger des instruments et des armes. Une société hiérarchisée, masculine et guerrière se développa dès le début de l'âge du bronze, en rapport avec le contrôle de la production et du commerce du métal. C'est aussi durant la protohistoire que les activités artisanales se multiplièrent et se spécialisèrent, que se formèrent les premiers grands centres urbains, que s'ébauchèrent les premières formes d'écriture.

Parallèlement, les croyances et les pratiques religieuses évoluèrent. Aires cultuelles et / ou funéraires, les enclos sont caractéristiques de la protohistoire. Fossés, levée de terre semblent matérialiser la limite entre espace profane et espace sacré. Les morts sont enterrés individuellement et non collectivement comme au néolithique. Les divinités masculines s'affirment aux dépens des divinités féminines. Soleil, cheval, cerf, oiseau sont les motifs omniprésents dans toute l'Europe protohistorique. Ces nouvelles sociétés restent malgré tout profondément rurales et agricoles.

C'est en général en référence à ces bouleversements sociaux — hiérarchisation, spécialisation, urbanisation — précédant l'apparition de l'écriture, ou à leur usage du métal que des civilisations non européennes peuvent être qualifiées de protohistoriques. Le modèle d'évolution technologique humaine proposé en 1836 par C.J. Thomsen, du Musée royal de Copenhague — pierre, bronze, fer — n'est en effet pas vérifiable en Afrique ou en Amérique.

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