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La religion est-elle sans raison ?

Publié le 22/07/2010

Extrait du document

religion

 

Sur un sujet comme celui-ci, il ne s’agit pas d’être dogmatique, ni dans un sens, ni dans l’autre. On n’attend pas de vous une diatribe contre la religion ni un plaidoyer en faveur de la religion ou de l’existence de Dieu. Il convient d’interroger le fait religieux comme un fait humain fondamental. Le fait religieux et la croyance traversent à peu près toutes les sociétés humaines, des sociétés primitives aux sociétés dites avancées. Il peut s’exprimer dans un monothéisme comme dans un polythéisme voire par une attitude religieuse dénuée de toute référence à une quelconque transcendance. En effet, certaines attitudes relatives notamment à la nation (hymne, drapeau, commémorations) peuvent rappeler l’attitude religieuse. Historiquement, la religion a servi à la fois d’explication du monde et de fondement du lien social. C’est d’abord par les mythes que les hommes ont expliqué la naissance du monde (cosmogonie) et son fonctionnement (offrandes aux dieux, sacrifices pour tenter d’influer sur le cours du monde). Cette fonction de la religion, en particulier à partir de la naissance de la physique moderne (Galilée et surtout Newton) paraît remplacée par la science. La religion et surtout les croyances qu’elle implique peuvent-elles être jugées à l’aune de la vérité scientifique ? Le lien social, s’il en reste quelque chose, semble désormais s’appuyer sur autre chose qu’une religion commune. Le fait religieux peut nous apprendre quelque chose de l’homme. C’est lui qu’il faut interroger en cherchant d’où viennent nos croyances religieuses et si elles sont rationnelles ou raisonnables. Avec la religion, l’homme bascule-t-il totalement dans l’irrationnel ? Si oui, ne peut-on pas malgré tout expliquer rationnellement ce qui serait alors une illusion religieuse ou l’existence d’un besoin de religion chez l’homme qui paraît également se définir comme un animal religieux ? Quand bien même la religion serait irrationnelle, ne peut-on pas avancer qu’elle n’en reste pas moins raisonnable ? Bref, peut-on concilier ou réconcilier la religion et la raison ? Il convient également d’étudier le cas particulier de la croyance religieuse. En effet, toutes nos croyances, loin s’en faut, ne sont pas religieuses. La croyance s’oppose au savoir. Néanmoins, on peut soutenir qu’il existe différents degrés de croyances, des croyances plus ou moins justifiées en raison : si je crois les théories qu’un professeur de physique avance, c’est que je reconnais qu’il a suivi une formation, réussi un concours et que ses compétences en la matière ont été reconnues par des autorités habilitées. En ce sens, ma croyance dans ce qu’affirme mon professeur de physique n’est pas totalement irrationnelle. De même, nombre de nos connaissances s’apparentent en réalité à des croyances plus ou moins justifiées : nous ne saurions, en effet, être capables de mettre en évidence les processus de validation de tout ce que nous savons ou croyons savoir. Qu’en est-il de la croyance religieuse ? Ai-je des raisons de croire en Dieu ? De m’adonner aux rites religieux ? Peut-on envisager une forme de religion dans les limites de la simple raison (sans référence à une quelconque transcendance divine) ? Définition de la religion : La religion correspond à un culte rendu à une ou des divinités voire à la nature dans son ensemble considérée comme une divinité (panthéisme) ou attribue une âme ou un esprit à différents éléments de la nature (animisme). Elle se traduit par un ensemble de croyances partagées par un groupe humain donné et de rites pratiqués par ce groupe. Les dogmes représentent des contenus spirituels auxquels le croyant adhère sans les remettre en question et qui seraient révélés. De même, en général, toute religion distingue un domaine sacré (séparé, intouchable) et un domaine profane. En ce sens, elle appartient aussi au champ des institutions sociales. Définition de la raison : La raison correspondrait à l’instance par excellence de la pensée, celle-là même qui permet à l’homme de connaître, de réfléchir à des critères permettant de distinguer le vrai du faux et précisément de viser une connaissance vrai du réel. La raison est aussi pratique en tant qu’elle s’occupe de déterminer des principes réglant l’action humaine. A cet égard, elle a aussi affaire à la détermination du bien et du mal ou du juste et de l’injuste. Deux adjectifs dérivent du terme « raison « : rationnel et raisonnable. Il peut être intéressant d’analyser le sujet en fonction de ces deux adjectifs différents. La raison peut aussi être assimilée à ce qui justifie l’existence d’un phénomène, d’une réalité : définir la raison d’être d’une chose. Outils de travail : I. Les preuves métaphysiques de l’existence de Dieu par Descartes : Dans ses Méditations métaphysiques, Descartes a proposé deux preuves de l’existence de Dieu. En ce sens, la raison peut servir la foi. N.B. il faut distinguer ici preuve de démonstration. Une démonstration (voir les démonstrations mathématiques) est un raisonnement abstrait, logique. En revanche, une preuve est un fait matériel qu’il suffit d’exhiber pour qu’on voit de toute évidence une conclusion nécessaire qui s’en dégage. Exemple: si je vois de la fumée, c’est qu’il y a un feu! C’est parce que le feu est la cause de la fumée que je peux en déduire qu’il y a un feu. 1) la preuve ontologique On examine ce que c’est que l’essence de Dieu, sans pouvoir dire encore si Dieu existe ou non. C’est-à-dire qu’on s’intéresse à ce que serait Dieu s’il existait, à Dieu en tant que possible, simplement possible. Dans son essence, Dieu possède certains attributs qui le définissent comme Dieu. Par exemple, un Dieu qui ne serait pas éternel ne serait pas Dieu. Quels sont ces attributs qui font que Dieu est bien Dieu s’il existe? Il y a la bonté, l’omnipotence, la perfection, l’omniscience, l’éternité... Mais surtout, il y a l’existence, l’existence nécessaire. Un Dieu qui n’aurait pas une existence nécessaire serait imparfait, contradictoire. Dieu, contrairement aux choses créées, a une existence nécessaire, il ne peut pas ne pas être. Son existence est comprise dans son essence. Si Dieu est possible, il est nécessairement. Critique de cette preuve ontologique: Kant, dans la Critique de la Raison pure, dénonce cet argument. Comme toute démonstration, il repose sur certains postulats qu’on ne peut pas prouver. Et même si on pouvait les prouver, leur démonstration reposerait à leur tour sur des présupposés, il y aurait “régression à l’infini”. Ce que Kant refuse, c’est justement ce qui fait le nerf de l’argument ontologique: que dans le cas spécial de Dieu, on puisse passer de la simple possibilité d’une chose à son existence. C’est, dit-il comme si un épicier qui n’a que un thaler (monnaie) en caisse, ajoutait sur son livre de compte deux zéros à ce chiffre et estimait avoir dès lors cent thalers à son actif... L’existence Dieu est tout aussi possible que celle des 99 thalers, elle n’est pas réelle pour autant. De l’existence d’une chose, on peut déduire sa possibilité, mais pas l’inverse! Ce qui est réel est a fortiori possible, mais tout ce qui est possible n’est pas pour autant réel. Conclusion: la démonstration par la raison n’est pas absolument convaincante. En fait, elle ne peut convaincre que quelqu’un qui est déjà disposé à en admettre les présupposés, qui veut donc se laisser convaincre. C’est peut-être pour cela que Descartes a éprouvé le besoin de produire une preuve en plus de sa démonstration. 2) la preuve par les effets Il s’agit bien ici d’une preuve au sens propre du terme. Descartes cherche un objet dans le monde qui serait le signe indubitable de l’existence de Dieu, qui ne peut être l’effet d’aucune autre cause que Dieu. Regardant en lui-même, Descartes ne découvre aucune “trace” de ce Dieu qu’il cherche. Au contraire, il se découvre créature imparfaite, faillible, sujette à l’erreur. Rien en lui ne peut être l’effet de la perfection divine. Tournant son regard vers le monde, il voit partout la même imperfection. Rien ne semble pouvoir être pris comme preuve de l’existence de Dieu: rien ne reflète sa perfection. Rien? Si: il y a justement une chose qui ne peut lui venir que de Dieu. Et c’est l’idée même de perfection. Comme tout est imparfait, d’où peut venir l’idée même de perfection, si ce n’est de Dieu qui seul est parfait? L’idée de perfection est en nous comme “la marque du créateur” sur l’objet qu’il a fabriqué. Critique de cette preuve: on peut très bien expliquer l’origine de l’idée de perfection par d’autres moyens, en faisant l’économie de Dieu. Par exemple: l’idée de parfait peut venir de l’expérience de l’imperfection. Je me sais faillible, je souhaite être parfait, omniscient, omnipotent,...etc. Dieu peut donc être l’expression d’un fantasme humain! Ici également, la preuve n’est pas absolument valable, on peut émettre des réserves, et elle ne convainc que ceux qui veulent bien être convaincus. En général, toute preuve est contestable en droit. Dans l’exemple précédent, si je vois de la fumée, elle vient peut-être d’un “pot fumigène”, une fumée sans flammes donc... On peut même produire des preuves tout aussi valables, tout aussi contestables (ce ne sont que des preuves) que Dieu n’existe pas. II. Textes de référence :

 Extrait de L’avenir d’une illusion, Freud «Ainsi je suis en contradiction avec vous lorsque, poursuivant vos déductions, vous dites que l’homme ne saurait absolument pas se passer de la consolation que lui apporte l’illusion religieuse, que, sans elle, il ne supporterait pas le poids de la vie, la réalité cruelle. Oui, cela est vrai de l’homme à qui vous avez instillé dès l’enfance le doux ou doux et amer — poison. Mais de l’autre, qui a été élevé dans la sobriété? Peut- être celui qui ne souffre d’aucune névrose n’a-t-il pas besoin d’ivresse pour étourdir celle-ci. Sans aucun doute l’homme alors se trouvera dans une situation difficile; il sera contraint de s’avouer toute sa détresse, sa petitesse dans l’ensemble de l’univers; il ne sera plus le centre de la création, l’objet des tendres soins d’une providence bénévole. Il se trouvera dans la même situation qu’un enfant qui a quitté la maison paternelle, où il se sentait si bien et où il avait chaud. Mais le stade de l’infantilisme n’est-il pas destiné à être dépassé? L’homme ne peut pas éternellement demeurer un enfant il lui faut enfin s’aventurer dans l’univers hostile. On peut appeler cela “l’éducation en vue de la réalité”; ai-je besoin de vous dire que mon unique dessein, en écrivant cette étude, est d’attirer l’attention sur la nécessité qui s’impose de réaliser ce progrès? « L’avenir d’une illusion, Freud Le texte complet (très court !) est disponible gratuitement sur Internet à l’adresse suivante : http://classiques.uqac.ca/classiques/freud_sigmund/avenir_dune_illusion/t1_avenir_une_illusion/avenir_une_illusion.html  Extraits des Pensées de Pascal, le pari pascalien "Notre âme est jetée dans le corps, où elle trouve nombre, temps, dimension... Nous connaissons.., l'existence et la nature du fini, parce que nous sommes finis et étendus comme lui. Nous connaissons l'existence de l'infini et ignorons sa nature, parce qu'il a étendue comme nous, mais non des bornes comme nous. Mais nous ne connaissons ni l'existence ni la nature de Dieu, parce qu'il n'a ni étendue ni bornes." "Examinons donc ce point, et disons Dieu est, ou il est pas... Que gagerez-vous?... Il faut parier cela n'est pas volontaire, vous êtes embarqué... Pesons le gain et la perte en prenant croix, que Dieu est." "Voyons. Puisqu'il y a pareil hasard de gain et de perte, si vous n'aviez qu'à gagner deux vies pour une, vous pourriez encore gager. Mais s'il y en avait trois à gagner, il faudrait jouer (puisque vous êtes dans la nécessité de jouer), et vous seriez imprudent, lorsque vous êtes forcé à jouer, de ne pas hasarder votre vie pour en gagner trois à un jeu où il y a pareil hasard de perte et de gain." "Voyons. Puisqu'il y a pareil hasard de gain et de perte, si vous n'aviez qu'à gagner deux vies pour une, vous pourriez encore gager. Mais s'il y en avait trois à gagner, il faudrait jouer (puisque vous êtes dans la nécessité de jouer), et vous seriez imprudent, lorsque vous êtes forcé à jouer, de ne pas hasarder votre vie pour en gagner trois à un jeu où il y a pareil hasard de perte et de gain." « C’est le coeur qui sent Dieu et non la raison: voilà ce que c’est que la foi. Dieu sensible au coeur non à la raison. «, Pascal, Pensées  Deux articles extraits de Présentations de la philosophie (A. Compte-Sponville) « Dieu «, « l’athéisme «

 

religion

« Dieu possède certains attributs qui le définissent comme Dieu.

Par exemple, un Dieu qui ne serait pas éternel neserait pas Dieu.Quels sont ces attributs qui font que Dieu est bien Dieu s'il existe? Il y a la bonté, l'omnipotence, la perfection,l'omniscience, l'éternité...

Mais surtout, il y a l'existence, l'existence nécessaire.

Un Dieu qui n'aurait pas uneexistence nécessaire serait imparfait, contradictoire.Dieu, contrairement aux choses créées, a une existence nécessaire, il ne peut pas ne pas être.

Son existence estcomprise dans son essence.

Si Dieu est possible, il est nécessairement. Critique de cette preuve ontologique:Kant, dans la Critique de la Raison pure, dénonce cet argument.

Comme toute démonstration, il repose sur certainspostulats qu'on ne peut pas prouver.

Et même si on pouvait les prouver, leur démonstration reposerait à leur toursur des présupposés, il y aurait “régression à l'infini”.Ce que Kant refuse, c'est justement ce qui fait le nerf de l'argument ontologique: que dans le cas spécial de Dieu,on puisse passer de la simple possibilité d'une chose à son existence.

C'est, dit-il comme si un épicier qui n'a que unthaler (monnaie) en caisse, ajoutait sur son livre de compte deux zéros à ce chiffre et estimait avoir dès lors centthalers à son actif...

L'existence Dieu est tout aussi possible que celle des 99 thalers, elle n'est pas réelle pourautant.

De l'existence d'une chose, on peut déduire sa possibilité, mais pas l'inverse! Ce qui est réel est a fortioripossible, mais tout ce qui est possible n'est pas pour autant réel. Conclusion: la démonstration par la raison n'est pas absolument convaincante.

En fait, elle ne peut convaincre quequelqu'un qui est déjà disposé à en admettre les présupposés, qui veut donc se laisser convaincre.C'est peut-être pour cela que Descartes a éprouvé le besoin de produire une preuve en plus de sa démonstration. 2) la preuve par les effets Il s'agit bien ici d'une preuve au sens propre du terme.

Descartes cherche un objet dans le monde qui serait le signeindubitable de l'existence de Dieu, qui ne peut être l'effet d'aucune autre cause que Dieu.Regardant en lui-même, Descartes ne découvre aucune “trace” de ce Dieu qu'il cherche.

Au contraire, il se découvrecréature imparfaite, faillible, sujette à l'erreur.

Rien en lui ne peut être l'effet de la perfection divine.

Tournant sonregard vers le monde, il voit partout la même imperfection.

Rien ne semble pouvoir être pris comme preuve del'existence de Dieu: rien ne reflète sa perfection.Rien? Si: il y a justement une chose qui ne peut lui venir que de Dieu.

Et c'est l'idée même de perfection.

Commetout est imparfait, d'où peut venir l'idée même de perfection, si ce n'est de Dieu qui seul est parfait? L'idée deperfection est en nous comme “la marque du créateur” sur l'objet qu'il a fabriqué. Critique de cette preuve: on peut très bien expliquer l'origine de l'idée de perfection par d'autres moyens, en faisantl'économie de Dieu.

Par exemple: l'idée de parfait peut venir de l'expérience de l'imperfection.

Je me sais faillible, jesouhaite être parfait, omniscient, omnipotent,...etc.

Dieu peut donc être l'expression d'un fantasme humain!Ici également, la preuve n'est pas absolument valable, on peut émettre des réserves, et elle ne convainc que ceuxqui veulent bien être convaincus.

En général, toute preuve est contestable en droit.

Dans l'exemple précédent, si jevois de la fumée, elle vient peut-être d'un “pot fumigène”, une fumée sans flammes donc... On peut même produire des preuves tout aussi valables, tout aussi contestables (ce ne sont que des preuves) queDieu n'existe pas. II.

Textes de référence : Extrait de L'avenir d'une illusion, Freud «Ainsi je suis en contradiction avec vous lorsque, poursuivant vos déductions, vous dites que l'homme ne sauraitabsolument pas se passer de la consolation que lui apporte l'illusion religieuse, que, sans elle, il ne supporterait pas lepoids de la vie, la réalité cruelle.

Oui, cela est vrai de l'homme à qui vous avez instillé dès l'enfance le doux ou doux etamer — poison.

Mais de l'autre, qui a été élevé dans la sobriété? Peut- être celui qui ne souffre d'aucune névrose n'a-t-il pas besoin d'ivresse pour étourdir celle-ci.

Sans aucun doute l'homme alors se trouvera dans une situation difficile;il sera contraint de s'avouer toute sa détresse, sa petitesse dans l'ensemble de l'univers; il ne sera plus le centre de lacréation, l'objet des tendres soins d'une providence bénévole.

Il se trouvera dans la même situation qu'un enfant qui aquitté la maison paternelle, où il se sentait si bien et où il avait chaud.

Mais le stade de l'infantilisme n'est-il pasdestiné à être dépassé? L'homme ne peut pas éternellement demeurer un enfant il lui faut enfin s'aventurer dansl'univers hostile.

On peut appeler cela “l'éducation en vue de la réalité”; ai-je besoin de vous dire que mon uniquedessein, en écrivant cette étude, est d'attirer l'attention sur la nécessité qui s'impose de réaliser ce progrès? »L'avenir d'une illusion, Freud Le texte complet (très court !) est disponible gratuitement sur Internet à l'adresse suivante :http://classiques.uqac.ca/classiques/freud_sigmund/avenir_dune_illusion/t1_avenir_une_illusion/avenir_une_illusion.html Extraits des Pensées de Pascal, le pari pascalien "Notre âme est jetée dans le corps, où elle trouve nombre, temps, dimension...

Nous connaissons.., l'existence et lanature du fini, parce que nous sommes finis et étendus comme lui.

Nous connaissons l'existence de l'infini et ignorons. »

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