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L'argumentation: persuasion et conviction

Publié le 17/01/2022

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L'objectif de toute création littéraire ou philosophique est indéniablement celui de délivrer un message, pour convaincre ou persuader le lecteur. Généralement, les auteurs utilisent l'argumentation directe pour convaincre et persuadent à travers les oeuvres de fiction, donc l'argumentation indirecte.
Nous verrons que les oeuvres de fictions sont un bon moyen de persuader (parfois même de convaincre) mais que l'argumentation directe est plus efficace.

Nous allons étudier au travers de plusieurs exemples de quelle manière les oeuvres de fictions permettent de convaincre ou persuader le lecteur.
En général, dès le début de l'écriture, l'auteur connaît l'issue de son récit. En effet, il recherche généralement un objectif précis autre que le simple fait de raconter une histoire plaisante pour le lecteur. De ce fait, il doit structurer ses chapitres afin qu'ils s'enchainent de façon logique et cohérente par rapport au but qu'il s'est fixé, qui est généralement autre que de simplement divertir le lecteur. Même au sein de chaque chapitre, les sous-parties suivent une trame conductrice. C'est le cas dans l'extrait du chapitre seize de Candide de Voltaire. Le premier paragraphe situe la scène, le second décrit l'action du protagoniste, s'ensuit dans le troisième une réflexion sur les éventuelles conséquences de son acte. Le quatrième paragraphe décrit les conséquences néfastes de cet acte et le cinquième raconte comme il ne tire aucune leçon de ses mésaventures.
Dans l'extrait du Supplément au voyage de Bougainville, l'auteur procède différemment. Il s'agit d'un discours prononcé par un personnage de pure fiction. Pourtant, ce discours contient un argumentaire bien structuré, précis et percutant. On pourrait même penser que l'auteur s'identifie à son personnage et transcrit directement sa parole à travers ce dernier. A travers des apostrophes explicites telles que « ne nous entête ni de tes besoins factices, ni de tes vertus chimériques. «, on semble assister à un réquisitoire en bonne et due forme contre les civilisations colonialistes. Ceci peut être assimilé à un véritable « essai dans le conte «.
On peut également citer les fables de La Fontaine qui mettent en scène des animaux personnifiés et peuvent sembler s'adresser à un public enfantin mais qui, au-delà de l'aspect ludique constituent des oeuvres argumentatives à part entière destinées à des lecteurs plus âgés et donc plus aptes à desceller toutes les subtilités du texte qui débouchent toujours sur une morale. Par exemple, dans Le corbeau et le renard, où le premier perd son fromage en raison de la malice du second et surtout à cause de sa propre vanité, la morale est : « Apprenez que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute.
Toutefois, il peut être utile de souligner que les oeuvres de fictions comportent le risque d'être interprétées de manière trop littérale par les lecteurs non avertis, comme par exemple le passage sur les jeunes filles batifolant avec les singes dans le chapitre seize de Candide.

En revanche, les oeuvres préférant l'argumentation directe, tels les essais, ne présentent pas cet inconvénient. En outre, elles peuvent être plus efficaces lorsqu'il s'agit de défendre ou de démonter une thèse donnée. C'est ce que nous allons tenter de démontrer.
En analysant les extraits du Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité de Rousseau et de l'article encyclopédique « Homme « de Voltaire, on constate que chez tous deux, chaque paragraphe commence par l'affirmation d'une idée qui est ensuite développée, argumentée et démontrer dans la suite du même paragraphe. Ceci traduit un travail intellectuel dont l'objectif est la recherche de rationalité et de crédibilité scientifique.
Chez Rousseau, cette construction concerne tout le développement du texte. Il affirme une idée au début de son premier paragraphe, et dans les paragraphes suivants, il expose successivement des arguments, dont certains sont issus d'une vérité historique. Ces paragraphes se succèdent et sont reliés entre eux de manière logique pour terminer en forme de démonstration quasi-mathématique de son affirmation initiale.
Le développement de Voltaire est moins bien construit et il ressemble moins à une démonstration logique. Il utilise l'argument du sens commun qui est contestable car il n'a rien de scientifique. Son efficacité réside surement dans la liberté qu'il prend de citer directement Rousseau pour mieux le contrecarrer et exprimer explicitement son désaccord avec lui. Il s'agit d'une attaque en règle qui utilise la satyre et l'humour. On peut même se demander si la moquerie à laquelle il se livre n'a pas plus pour but de rallier la sympathie du lecteur et donc de le persuader plutôt que de le convaincre.

Il ressort de l'étude de ces quatre textes qu'il est bien difficile de tracer une frontière nette entre les oeuvres de fictions et les oeuvres d'argumentation directe. En effet, nous avons vu que cet extrait du Supplément au voyage de Bougainville ressemble fortement à un essai, alors que l'article « Homme « de Voltaire utilise certains procédés de la fiction.
Enfin, le grand écrivain n'est-il pas celui qui parvient à convaincre (et non à persuader) par la fiction, grâce au talent de développer simultanément dans la même oeuvre un raisonnement construit et solide ainsi qu'une histoire innovante et divertissante.
  

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