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Le mot "imaginaire" chez René DESCARTES

Publié le 18/08/2010

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descartes

 

Règles pour la direction de l’esprit, Règle quatrième.

 En effet il n’y a rien de plus vide que de s’occuper de nombres et de figures imaginaires, comme si on voulait s’arrêter à la connaissance de pareilles bagatelles ;

  Règles pour la direction de l’esprit, Règle douzième.

 mais peu importe qu’on ne les croie pas plus vraies que ces cercles imaginaires qui servent aux astronomes à renfermer leurs phénomènes, pourvu qu’elles nous aident à distinguer de quels objets on peut avoir une connaissance vraie ou fausse.

  DISCOURS DE LA METHODE, Cinquième partie.

 Même, pour ombrager un peu toutes ces choses, et pouvoir dire plus librement ce que j’en jugeais, sans être obligé de suivre ni de réfuter les opinions qui sont reçues entre les doctes, je me résolus de laisser tout ce monde ici à leurs disputes, et de parler seulement de ce qui arriverait dans un nouveau, si Dieu créait maintenant quelque part, dans les espaces imaginaires, assez de matière pour le composer, et qu’il agitât diversement et sans ordre les diverses parties de cette matière, en sorte qu’il en composât un chaos aussi confus que les poètes en puissent feindre, et que par après il ne fît autre chose que prêter son concours ordinaire à la nature, et la laisser agir suivant les lois qu’il a établies.

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE VI, Description d’un nouveau monde ; et des qualités de la matière dont il est composé.

Permettez donc pour un peu de temps à votre pensée de sortir hors de ce monde pour en venir voir un autre tout nouveau que je ferai naître en sa présence dans les espaces imaginaires.

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE VII, Des lois de la nature de ce nouveau monde.

Sachez donc, premièrement, que par la nature je n’entends point ici quelque Déesse, ou quelque autre sorte de puissance imaginaire, mais que je me sers de ce mot pour signifier la Matière même en tant que je la considère avec toutes les qualités que je lui ai attribuées comprises toutes ensemble, et sous cette condition que Dieu continue de la conserver en la même façon qu’il l’a créée.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Première Méditation.

 et qu’ainsi, pour le moins, ces choses générales, à savoir, des yeux, une tête, des mains, et tout un corps, ne sont pas choses imaginaires, mais réelles et existantes.

Et par la même raison, encore que ces choses générales, à savoir un corps, des yeux, une tête, des mains, et autres semblables, pussent être imaginaires, toutefois il faut nécessairement avouer qu’il y en a au moins quelques autres encore plus simples et plus universelles, qui sont vraies et existantes ;

 C’est pourquoi je pense que je ne ferai pas mal, si, prenant de propos délibéré un sentiment contraire, je me trompe moi-même, et si je feins pour quelque temps que toutes ces opinions sont entièrement fausses et imaginaires ;

 et tout de même qu’un esclave qui jouissait dans le sommeil d’une liberté imaginaire, lorsqu’il commence à soupçonner que sa liberté n’est qu’un songe, craint de se réveiller, et conspire avec ces illusions agréables pour en être plus longtemps abusé, ainsi je retombe insensiblement de moi-même dans mes anciennes opinions, et j’appréhende de me réveiller de cet assoupissement, de peur que les veilles laborieuses qui auraient à succéder à la tranquillit de ce repos, au lieu de m’apporter quelque jour et quelque lumière dans la connaissance de la vérité, ne fussent pas suffisantes pour éclaircir toutes les ténèbres des difficultés qui viennent d’être agitées.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX PREMIERES OBJECTIONS.

 Mais les choses auxquelles sous quelque considération seulement je ne vois point de fin, comme l’étendue des espaces imaginaires, la multitude des nombres, la divisibilité des parties de la quantité et autres choses semblables, je les appelle indéfinies, et non pas infinies, parce que de toutes parts elles ne sont pas sans fin ni sans limites.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX SECONDES OBJECTIONS.

De plus, à quoi servirait l’infinie puissance de cet infini imaginaire, s’il ne pouvait jamais rien créer ?

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 38.

 Et ainsi, par leur hypothèse, la raison pour laquelle on doit attribuer le mouvement au ciel et le repos à la terre est imaginaire et ne dépend que de leur fantaisie ;

  Correspondance, année 1630, A Monsieur *** (ISAAC BEECKMAN), 17 octobre 163O.

 Toutes lesquelles choses sont si claires et si véritables que, si vous voulez les considérer avec un peu de soin, vous connaîtrez aisément que je n’ai jamais rien appris davantage de votre physique imaginaire, que vous qualifiez du nom de Mathématico-physique, que j’ai fait autrefois de la Batrachomyomachie (d’Homère, ou des Contes de la cigogne ;

  Correspondance, année 1637, AU R. P. MERSENNE. REPONSE AUX OBJECTIONS DE Monsieur DE FERMAT, 3 décembre 1637. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 5 octobre 1637.).

 mais je dirai seulement que de ce que j’ai écrit que la détermination à se mouvoir peut être divisée (j’entends divisée réellement, et non point par imagination) en toutes les parties dont on peut imaginer qu’elle est composée, il n’a aucune raison de conclure que la division de cette détermination, qui est faite par la superficie CBE, qui est une superficie réelle, à savoir celle du corps poli CBE, ne soit qu’imaginaire.

  Correspondance, année 1640, Au R. P. MERSENNE, 28 octobre 1640.

 Mais pour le principe de mouvement qu’il imagine différent en chaque corps, il est du tout imaginaire.

  Correspondance, année 1645, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 15 juin 1645 (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 15 septembre 1645.).

 Car si on s’imagine qu’au-delà des cieux, il n’y a rien que des espaces imaginaires et que tous ces cieux ne sont faits que pour le service de la terre, ni la terre que pour l’homme, cela fait qu’on est enclin à penser que cette terre est notre principale demeure, et cette vie notre meilleure ;

  Correspondance, année 1647, A Monsieur CHANUT, 6 juin 1647.

 Or, en supposant le monde fini, on imagine au delà de ces bornes quelques espaces qui ont leurs trois dimensions, et ainsi qui ne sont pas purement imaginaires, comme les philosophes les nomment, mais qui contiennent en soi de la matière, laquelle, ne pouvant être ailleurs que dans le monde, fait voir que le monde s’étend au delà des bornes qu’on avait voulu lui attribuer.

 et qu’on n’a point sujet pour cela de conclure qu’il l’a véritablement créé avant un temps indéfini, à cause que l’existence actuelle ou véritable que le monde a eue depuis cinq ou six mille ans, n’est pas nécessairement jointe avec l’existence possible ou imaginaire qu’il a pu avoir auparavant ;

  Correspondance, année 1647, Explication de l’esprit humain, ou de l’âme raisonnable, où il est montré ce qu’elle est, et ce qu’elle peut être.

 Comme les choses qui ne sont qu’imaginaires peuvent aussi bien faire impression sur l’esprit, ou sur l’âme, que celles qui sont vraies, il s’ensuit qu’il est naturellement incertain si nous apercevons véritablement aucun corps (au moins si, comme il a déjà été dit, nous ne voulons pas nous contenter d’une légère et morale connaissance de la vérité, mais que nous veuillons connaître les choses avec certitude).

  Correspondance, année 1647, REMARQUES SUR LE TITRE, REMARQUES SUR CHAQUE ARTICLE.

 il est naturellement incertain si nous apercevons véritablement aucun corps, et la raison qu’il en apporte est que les choses qui ne sont qu’imaginaires peuvent aussi bien faire impression sur l’esprit que celles qui sont vraies.

Mais cette raison ne peut être bonne si l’on ne suppose que nous ne pouvons en aucune façon nous servir de cette faculté que les philosophes appellent d’un nom propre l’entendement, mais seulement de celle qu’ils nomment le sens commun, dans laquelle les images des choses, soit vraies, soit imaginaires, sont reçues pour toucher l’esprit, et qu’ils disent nous être commune avec les bêtes.

  Correspondance, année 1649, REPONSE DE Monsieur DESCARTES A Monsieur MORUS, 5 février 1649.

A l’égard de votre seconde difficulté, si nous examinons ce que c’est que cet être étendu que j’ai décrit, nous trouverons que ce n’est autre chose que l’espace que le vulgaire croit être quelquefois plein, quelquefois vide, quelquefois réel, d’autres fois imaginaire ;

 

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« Mais les choses auxquelles sous quelque considération seulement je ne vois point de fin, comme l'étendue des espacesimaginaires, la multitude des nombres, la divisibilité des parties de la quantité et autres choses semblables, je les appelle indéfinies,et non pas infinies, parce que de toutes parts elles ne sont pas sans fin ni sans limites. MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L'AUTEUR AUX SECONDES OBJECTIONS. De plus, à quoi servirait l'infinie puissance de cet infini imaginaire, s'il ne pouvait jamais rien créer ? LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art.

38. Et ainsi, par leur hypothèse, la raison pour laquelle on doit attribuer le mouvement au ciel et le repos à la terre est imaginaire et nedépend que de leur fantaisie ; Correspondance, année 1630, A Monsieur *** (ISAAC BEECKMAN), 17 octobre 163O. Toutes lesquelles choses sont si claires et si véritables que, si vous voulez les considérer avec un peu de soin, vous connaîtrezaisément que je n'ai jamais rien appris davantage de votre physique imaginaire, que vous qualifiez du nom de Mathématico-physique, que j'ai fait autrefois de la Batrachomyomachie (d'Homère, ou des Contes de la cigogne ; Correspondance, année 1637, AU R.

P.

MERSENNE.

REPONSE AUX OBJECTIONS DE Monsieur DE FERMAT, 3 décembre 1637.

(Les éditions contemporaines datent cette lettre du 5 octobre 1637.). mais je dirai seulement que de ce que j'ai écrit que la détermination à se mouvoir peut être divisée (j'entends divisée réellement,et non point par imagination) en toutes les parties dont on peut imaginer qu'elle est composée, il n'a aucune raison de conclureque la division de cette détermination, qui est faite par la superficie CBE, qui est une superficie réelle, à savoir celle du corps poliCBE, ne soit qu'imaginaire. Correspondance, année 1640, Au R.

P.

MERSENNE, 28 octobre 1640. Mais pour le principe de mouvement qu'il imagine différent en chaque corps, il est du tout imaginaire. Correspondance, année 1645, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 15 juin 1645 (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 15 septembre 1645.). Car si on s'imagine qu'au-delà des cieux, il n'y a rien que des espaces imaginaires et que tous ces cieux ne sont faits que pour leservice de la terre, ni la terre que pour l'homme, cela fait qu'on est enclin à penser que cette terre est notre principale demeure, etcette vie notre meilleure ; Correspondance, année 1647, A Monsieur CHANUT, 6 juin 1647. Or, en supposant le monde fini, on imagine au delà de ces bornes quelques espaces qui ont leurs trois dimensions, et ainsi qui nesont pas purement imaginaires, comme les philosophes les nomment, mais qui contiennent en soi de la matière, laquelle, nepouvant être ailleurs que dans le monde, fait voir que le monde s'étend au delà des bornes qu'on avait voulu lui attribuer. et qu'on n'a point sujet pour cela de conclure qu'il l'a véritablement créé avant un temps indéfini, à cause que l'existence actuelleou véritable que le monde a eue depuis cinq ou six mille ans, n'est pas nécessairement jointe avec l'existence possible ouimaginaire qu'il a pu avoir auparavant ; Correspondance, année 1647, Explication de l'esprit humain, ou de l'âme raisonnable, où il est montré ce qu'elle est, et ce qu'elle peut être. Comme les choses qui ne sont qu'imaginaires peuvent aussi bien faire impression sur l'esprit, ou sur l'âme, que celles qui sontvraies, il s'ensuit qu'il est naturellement incertain si nous apercevons véritablement aucun corps (au moins si, comme il a déjà été. »

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