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Le mot "vent" dans l'oeuvre de DESCARTES

Publié le 14/07/2010

Extrait du document

descartes

 

ABREGE DE LA MUSIQUE, De l'octave.

cela se confirme par l'expérience des flûtes, qui, étant embouchées et remplies de vent plus qu'à l'ordinaire, passent d'un ton grave à un autre plus aigu d'une octave entière.

  DISCOURS DE LA METHODE, Cinquième partie.

Et enfin, ce qu'il y a de plus remarquable en tout ceci, c'est la génération des esprits animaux, qui sont comme un vent très subtil, ou plutôt comme une flamme très pure et très vive, qui, montant continuellement en grande abondance du coeur dans le cerveau, se va rendre de là par les nerfs dans les muscles, et donne le mouvement à tous les membres ;

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS QUATRIEME, DES SENS EN GENERAL.

puis enfin les esprits animaux, qui sont comme un air ou un vent très subtil, qui, venant des chambres ou concavités qui sont dans le cerveau, s'écoule par ces mêmes tuyaux dans les muscles.

  LES METEORES, DISCOURS PREMIER, DE LA NATURE DES CORPS TERRESTRES.

Après cela, conduisant les vapeurs par l'air, j'examinerai d'où viennent les vents ;

ainsi que le vent peut agiter toutes les branches des arbrisseaux dont une palissade est composée sans les ôter pour cela de leurs places.

  LES METEORES, DISCOURS SECOND, DES VAPEURS ET DES EXHALAISONS.

ou bien lorsqu'étant resserrées entre des montagnes, ou entre les actions de divers vents qui étant opposés s'empêchent les uns les autres d'agiter l'air, ou au-dessous de quelques nues, elles ne se peuvent pas étendre en tant d'espace que leur agitation le requiert, comme vous les pouvez voir vers E ;

ou enfin lorsque employant la plus grande partie de leur agitation à se mouvoir plusieurs ensemble vers un même côté, elles ne tournoient plus si fort que de coutume, ainsi qu'elles se voient vers F (où sortant de l'espace E elles engendrent un vent qui souffle vers G), il est manifeste que les vapeurs qu'elles composent sont plus épaisses ou plus serrées que lorsqu'il n'arrive aucune de ces trois choses.

ainsi qu'un vent qui souffle toujours de même façon, quoique très fort, n'agite pas tant les feuilles et les branches d'une forêt qu'un plus faible qui est moins égal.

Et c'est pour la même raison qu'ordinairement les vents impétueux se sentent froids et qu'il n'y en a guère de chauds qui ne soient lents.

Comme aussi nous éprouvons que les vents impétueux sont toujours secs, et qu'il n'y en a point d'humides qui ne soient faibles.

Et encore que la plupart de ces exhalaisons ne montent en l'air que mêlées avec les vapeurs, elles ne laissent pas de pouvoir aisément par après s'en séparer, ou d'elles-mêmes, ainsi que les huiles se démêlent de l'eau avec laquelle on les distille, ou aidées par l'agitation des vents qui les rassemblent en un ou plusieurs corps, en même façon que les villageoises, en battant leur crème, séparent le beurre du petit lait, ou même souvent aussi par cela seul que se trouvant plus ou moins pesantes et plus ou moins agitées, elles s'arrêtent en une région plus basse ou plus haute que ne font les vapeurs.

  LES METEORES, DISCOURS TROISIEME, Du sel.

Puis si ces parties n'avaient la figure que je leur ai attribuée, lorsqu'elles sont dans les pores des autres corps, elles n'en pourraient pas si aisément être chassées par la seule agitation des vents ou de la chaleur :

  LES METEORES, DISCOURS QUATRIEME, Des vents.

Toute agitation d'air qui est sensible se nomme vent, et tout corps invisible et impalpable se nomme air.

nonobstant que ces vents plus étendus qui règnent sur la surface de la mer et de la terre, ne soient ordinairement autre chose que le mouvement des vapeurs qui en se dilatant passent du lieu où elles sont en quelque autre où elles trouvent plus de commodité de s'étendre, en même façon qu'on voit en ces boules nommées des éolipyles, qu'un peu d'eau s'exhalant en vapeur fait un vent assez grand et assez fort à raison du peu de matière dont il se compose, et parce que ce vent artificiel nous peut beaucoup aider à entendre quels sont les naturels, il sera bon ici que je l'explique.

ce vent ne cesse point que toute l'eau de cette boule ne soit exhalée, ou bien que la chaleur qui la fait exhaler n'ait cessé.

Or les vents ordinaires qui règnent en l'air se font à peu près en même façon que celui ci, et il n'y a principalement que deux choses en quoi ils diffèrent.

La seconde est que ces vapeurs ne pouvant être renfermées en l'air, ainsi qu'en une éolipyle, sont seulement empêchées de s'y étendre également de tous cotés, par la résistance de quelques autres vapeurs, ou de quelques nues, ou de quelques montagnes, ou enfin de quelque vent qui tend vers l'endroit où elles sont ;

vous ne douterez pas que celles qui sont vers F ne prennent leurs cours vers G, et ainsi quelles ne composent un vent qui souffle vers là.

et vers E, parce que l'air y est pressé et condensé par un autre vent qui souffle de C jusques à D ;

en sorte que bien que elles causent quasi toutes seules les vents, ce ne sont pas toutefois elles seules qui les composent.

Mais voyons maintenant en particulier les propriétés, et la génération des principaux vents.

Mais en suite on observe que les vents orientaux sont ordinairement beaucoup plus secs, et rendent l'air beaucoup plus net et plus serein que les occidentaux.

De plus on observe que c'est principalement le matin que soufflent les vents d'Orient, et le soir que soufflent ceux d'Occident.

En sorte qu'elles font un vent d'Occident vers A, où le soleil se couche ;

Et même il est à remarquer que ce vent qui se fait ainsi vers C, est ordinairement plus fort, et va plus vite que celui qui se fait vers A :

On observe aussi que c'est principalement pendant le jour que soufflent les vents de Nord, et qu'ils viennent de haut en bas, et qu'ils sont fort violents, et fort froids, et fort secs.

Ainsi prenant F pour le pôle arctique, le cours de ces vapeurs de K vers L tait un vent de Nord qui souffle pendant le jour en l'Europe.

Et ce vent souffle de haut en bas, à cause qu'il vient des nues vers la terre.

Enfin ce vent est fort froid et fort sec, tant à cause de sa force, suivant ce qui a été dit ci dessus que les vents impétueux sont toujours secs et froids ;

On observe tout au contraire que les vents de midi soufflent plus ordinairement pendant la nuit, et viennent de bas en haut, et sont lents, et humides.

et qui ne peut être que fort lent, tant à cause que son cours est retardé par l'épaisseur de l'air de la nuit, comme aussi à cause que sa matière ne sortant que de la terre ou de l'eau ne se peut dilater si promptement, ni en si grande quantité que celles des autres vents qui sort ordinairement des nues.

On observe aussi, qu'au mois de mars, et généralement en tout le printemps, les vents sont plus secs, et les changements d'air plus subits, et plus fréquents, qu'en aucune autre saison de l'année.

et ainsi ces vents d'Orient que j'ai dit souffler principalement le matin, et ceux de Nord qui soufflent sur le milieu du jour qui les uns et es autres sont fort secs, doivent y être beaucoup plus forts et plus abondants qu'en aucune autre saison.

Et parce que les vents d'occident qui soufflent le soir, y doivent aussi être assez forts, par même raison que ceux d'Orient qui soufflent le matin ;

pour peu que le cours régulier de ces vents soit avancé, ou retardé, ou détourné, par les causes particulières qui peuvent plus ou moins dilater où épaissir l'air en chaque contrée, il se rencontrent les uns les autres, et engendrent des pluies ou des tempêtes qui cessent ordinairement aussi tôt après, à cause que les vents d'Orient et de Nord qui chassent les nues, demeurent les maîtres.

Et je crois que ce sont ces vents d'Orient et de Nord que les Grecs appelaient les Ornithies, à cause qu'ils ramenaient les oiseaux qui viennent au printemps.

et il faut penser que pendant les mois de Mars, d'Avril et de Mai, il dissout en vapeurs et en vents la plus part des nues et des neiges qui sont vers notre pôle ;

mais qu'il ne peut y échauffer les terres et les eaux assez fort pour en élever d'autres vapeurs qui causent des vents que quelques semaines après, lorsque ce grand jour des six mois, qu'il y fait, est un peu au delà de son midi.

Au reste ces vents généraux et réguliers seraient toujours tels que je viens de les expliquer, si la superficie de la terre était partout également couverte d'eaux, ou partout également découverte, en sorte qu'il n'y eût aucune diversité de mers, de terres, et de montagnes, ni aucune autre cause qui pût dilater les vapeurs que la présence du soleil, ou les condenser que son absence.

d'où vient que les vents changent souvent le long des côtes de la mer avec ses flux et reflux ;

et que le long des grandes rivières on sent en temps calme de petits vents qui suivent leur cours.

D'où vient que les mêmes tempêtes sont ordinairement plus violentes sur l'eau que sur la terre, et qu'un même vent peut être sec en un pays et humide en un autre.

Comme on dit que les vents de midi qui sont humides presque par tout, sont secs en Egypte, où il n'y a que les terres sèches et brûlées du reste de l'Afrique qui leur fournissent de matière.

car quoi que les vents de Nord venant de la mer y soient humides, toutefois parce qu'avec cela ils y sont les plus froids qui s'y trouvent, ils n'y peuvent pas aisément causer de pluie, ainsi que vous entendrez ci après.

Ce qui fait qu'il est presque impossible de prévoir les vents particuliers qui doivent être chaque jour en chaque contrée de la terre :

Mais on y pourra bien déterminer en général quels vents doivent être les plus fréquents, et les plus forts, et en quels lieux et quelles saisons ils doivent régner, si on prend exactement garde à toutes les choses qui ont été ici remarquées.

Et on le pourra encore beaucoup mieux déterminer dans les grandes mers, principalement aux endroits fort éloignés de la terre, à cause que n'y ayant point d'inégalités en la superficie de l'eau, semblables à celles que nous venons de remarquer sur les terres, il s'y engendre beaucoup moins de vents irréguliers, et ceux qui viennent des côtes ne peuvent guère passer jusques là ;

Et je ne sache plus rien ici digne de remarque, sinon que presque tous les subits changements d'air, comme de ce qu'il devient plus chaud, ou plus rare, ou plus humide que la saison ne le requiert, dépendent des vents :

Car par exemple, si pendant que nous sentons ici un vent de midi qui ne procédant que de quelque cause particulière, et ayant son origine fort prés ici, amène pas beaucoup de chaleur, il y en a un de Nord aux pays voisins qui vienne assez loin, ou assez haut, la matière très subtile que celui ci amène avec soi peut aisément parvenir jusques à nous, et y causer un froid extraordinaire.

Et ce vent de midi ne sortant que du lac voisin, peut être fort humide ;

A quoi si nous ajoutons que la matière subtile, et les vapeurs qui sont dans les pores de la terre, prenant divers cours, y font aussi comme des vents qui amènent avec soi des exhalaisons de toutes sortes, selon les qualités des terres par où ils passent ;

  LES METEORES, DISCOURS CINQUIEME, Des nues.

Après avoir considéré, comment les vapeurs en se dilatant causent les vents, il faut voir comment en se condensant et resserrant elles composent les nues et les brouillards.

si ce n'est que la force de quelque vent, ou quelque autre cause particulière les en empêche.

Et si ce froid ne survient qu'après que les gouttes sont déjà formées, il les laisse toutes rondes en les gelant, si ce n'est qu'il soit accompagné de quelque vent assez fort qui les fasse devenir un peu plates du côté qu'il les rencontre.

et il est requis de plus, qu'un vent occidental, s'opposant au cours ordinaire des vapeurs, les assemble et les condense aux endroits où il se termine ;

ou bien que deux ou plusieurs autres vents, venant de divers cotés, les pressent et accumulent entre eux, ou qu'un de ces vents les chasse contre une nue déjà formée ;

Mais les plus grands brouillards se forment, comme les nues, aux lieux où le cours de deux ou plusieurs vents se termine.

Car ces vents chassent vers ces lieux là plusieurs vapeurs qui s'y épaississent, ou en brouillards, si l'air proche de la terre est fort froid ;

car si elles étaient tant soit peu grosses, leur pesanteur les ferait descendre assez promptement vers la terre, de façon que nous ne dirions pas que ce fussent des brouillards mais de la pluie ou de la neige, Et avec cela que jamais il ne peut y avoir aucun vent où ils sont, qu'il ne les dissipe bientôt après, principalement lorsqu'ils sont composés de gouttes d'eau ;

Et lorsque l'air qui les contient, est entièrement calme et tranquille, ou bien qu'il est tout également emporté par quelque vent, tant ces gouttes que ces parcelles de glace, y peuvent demeurer éparses assez loin à loin et sans aucun ordre, en sorte que pour lors la forme des nues ne diffère en rien de celle des brouillards.

celles de leurs superficies contre lesquelles passent ces vents deviennent toutes plates et unies.

Supposons par exemple qu'au dessus de la terre AB, il vient un vent de la partie occidentale D qui s'oppose au cours ordinaire de l'air, ou si vous l'aimez mieux à un autre vent qui vient de la partie Orientale C ;

et que ces deux vents se sont arrêtés au commencement l'un l'autre, environ l'espace FGP, où ils ont condensé quelques vapeurs, dont ils ont fait une masse confuse, pendant que leurs forces se balançant et se trouvant égales en cet endroit, ils y ont laissé l'air calme et tranquille.

Comme ici je suppose que le vent occidental, ayant pris son cours entre G et P, a contraint l'Oriental de passer par dessous vers F, où il a fait tomber en rosée le brouillard qui y était, puis a retenu au dessus de soi la nue G qui se trouvant pressée entre ces deux vents, est devenue fort plate et étendue ;

Mais notés que je ne parle ici que des superficies du dessous ou du dessus, et non point de celles des cotés, à cause que inégale quantité de matière que les vents peuvent pousser decontre à chaque moment, ou en ôter, rend ordinairement la figure de leur circuit fort irrégulière et inégale.

car si, pendant qu'elle demeure suspendue en l'espace G, il sort quelques vapeurs des endroits de la terre qui sont vers A, lesquelles se refroidissant en l'air peu à peu se convertissent en petits noeuds de glace que le vent chasse vers L, il n'y a point de doute que ces noeuds s'y doivent arranger en telle sorte que chacun d'eux soit environné de six autres qui le pressent également, et soient en même plan ;

Et de plus il faut remarquer que le vent qui passe entre la terre et cette nue, agissant avec plus de force contre la plus basse de ces feuilles que contre celle qui est immédiatement au dessus, et avec plus de force contre celle ci que contre celle qui est encore au dessus, et ainsi de suite, les peut entraîner, et faire mouvoir séparément l'une de l'autre, et polir par ce moyen leurs superficies, en rabattant des deux cotés les petits poils qui sont autour des pelotons dont elles sont composées.

Et encore que je n'aie ici parlé que des parcelles de glace qui sont entassées en forme de petits noeuds ou pelotons, le même se peut aisément aussi entendre des gouttes d'eau, pourvu que le vent ne soit point assez fort pour faire qu'elles s'entre-poussent, ou bien qu'il y ait autour d'elles quelques exhalaisons, ou comme il arrive souvent quelques vapeurs non encore disposées à prendre la forme de l'eau qui les séparent.

Au reste ce que j'ai tantôt dit que la figure du circuit de chaque nue est ordinairement fort irrégulière et inégale, ne se doit entendre que de celles qui occupent moins d'espace en hauteur et en largeur que les vents qui les environnent.

Car il se trouve quelquefois si grande abondance de vapeurs en l'endroit où deux ou plusieurs vents se rencontrent, qu'elles contraignent ces vents de tournoyer autour d'elles au lieu de passer au dessus ou au dessous, et ainsi qu'elles forment une nue extraordinairement grande qui étant également pressée de tous cotés par ces vents, devient toute ronde et fort unie en son circuit.

Et même qui lorsque ces vents sont un peu chauds, ou bien qu'elle est exposée à la chaleur du Soleil, y acquiert comme une écorce ou une croûte de plusieurs parcelles de glace jointes ensemble qui peut devenir assez grosse et épaisse sans que sa pesanteur la face tomber, à cause que tout le reste de la nue la soutient.

  LES METEORES, DISCOURS SIXIEME, DE LA NEIGE, DE LA PLUIE, ET DE LA GRELE.

puis les vents, qui sont d'ordinaire plus forts contre la terre où leur corps est plus grossier, qu'en haut de l'air, où il est plus subtil, et qui pour cette cause agissent plus de bas en haut que de haut en bas, peuvent non seulement les soutenir, mais souvent aussi les faire monter au-dessus de la région de l'air où elles se trouvent.

ou la froideur de celui qui est au-dessus, qui en le resserrant les attire, ou choses semblables, Et particulièrement les parcelles de glace, étant poussées les unes contre les autres par les vents, s'entre-touchent sans s'unir pour cela tout-à-fait, et composent un corps si rare, si léger et si étendu, que, s'il n'y survient de la chaleur qui fonde quelques unes de ses parties et par ce moyen le condense et l'appesantisse, il ne peut presque jamais descendre jusqu'à terre.

Et même, lorsque quelque vent ou quelque dilatation de tout l'air qui est au-dessus de la nue, ou autre telle cause, fait que les plus hauts de ces flocons descendent les premiers, ils s'attachent à ceux de dessous qu'ils rencontrent en leur chemin et ainsi les rendent plus gros.

Et il arrive aussi quelquefois, qu'après être ainsi fondus ou presque fondus, il survient quelque vent froid qui, les gelant derechef, en fait de la grêle.

car, premièrement, si le vent froid qui la cause rencontre des gouttes d'eau déjà formées, il en fait des grains de glace tout transparents et tout ronds, excepté qu'il les rend quelquefois un peu plats, du côté qu'il les pousse.

Et il est ici à remarquer que, lorsque ce vent approche de ces flocons qui se fondent, il fait que la chaleur de l'air qui les environne, c'est-à-dire la matière subtile la plus agitée et la moins subtile qui soit en cet air, se retire dans leurs pores, à cause qu'il ne les peut pas du tout sitôt pénétrer.

En même façon que sur terre quelquefois, lorsqu'il arrive tout-à-coup un vent ou une pluie qui refroidit l'air du dehors, il entre plus de chaleur qu'auparavant dans les liaisons.

Que si la neige n'est point encore si fondue, mais seulement un peu réchauffée et ramollie, lorsque le vent froid qui la convertit en grêle survient, elle ne se rend point du toit transparente, mais demeure blanche comme du sucre.

car la chaleur qui se retire dans les pores de ces flocons au moment qu'un vent froid commence à les environner condense et resserre toutes leurs parties en tirant de leurs circonférences vers leurs centres, ce qui les fait devenir assez ronds ;

Mais les diverses figures de cette grêle n'ont encore rien de curieux ni de remarquable à comparaison de celles de la neige qui se fait de ces petits noeuds ou pelotons de glace arrangés par le vent en forme de feuilles, en la façon que j'ai tantôt décrite.

D'où je connus que le vent qui était lors très grand et très froid, avait eu la force de changer ainsi la figure des gouttes en les gelant.

Seulement avais-je de la peine à imaginer qui pouvait avoir formé et compassé si justement ces six dents autour de chaque grain dans le milieu d'un air libre, et pendant l'agitation d'un fort grand vent, jusques à ce qu'enfin je considérai que ce vent avait pu facilement emporter quelques uns de ces grains au-dessous ou au-delà de quelque nue, et les y soutenir, à cause qu'ils étaient assez petits ;

et de plus qu'il était bien vraisemblable que la chaleur qui avait dû être un peu auparavant au haut de l'air pour causer la pluie que j'avais observée, y avait aussi ému quelques vapeurs que ce même vent avait chassées contre ces grains, où elles s'étaient gelées en forme de petits poils fort déliés, et avaient même peut-être aidé à les soutenir ;

‘Je vis bien incontinent que ces lames avaient dû être premièrement de petits pelotons de glace arrangés comme j'ai tantôt dit, et pressés par un vent très fort accompagné d'assez de chaleur, en sorte que cette chaleur avait fondu tous leurs poils, et avait tellement rempli tous leurs pores de l'humidité qui en était sortie que, de blancs qu'ils avaient été auparavant, ils étaient devenus transparents ;

et que ce vent les avait à même temps si fort pressés les uns contre les autres, qu'il n'était demeuré aucun espace entre deux, et qu'il avait aussi aplani leurs superficies en passant par-dessus et par-dessous, et ainsi leur avait justement donné la figure de ces lames.

car, quoique j'y prisse garde expressément, je n'en pus jamais rencontrer deux qui tinssent l'un à l'autre, Mais je me satisfis bientôt là-dessus en considérant de quelle façon le vent agite toujours et fait plier successivement toutes les parties de la superficie de l'eau, en coulant par-dessus sans la rendre pour cela rude ou inégale.

Mais il me fut aisé de juger qu'elles s'étaient formées de la même façon que ces lames, excepté que le vent les ayant beaucoup moins pressées et la chaleur ayant peut-être aussi été un peu moindre, leurs pointes ne s'étaient pas fondues tout-à-fait, mais seulement un peu raccourcies et arrondies par le bout en forme de dents.

Car bien que le vent, agissant d'ordinaire plus fort contre les plus basses de ces feuilles que contre les plus hautes, les fasse mouvoir un peu plus vite, ainsi qu'il a été tantôt remarqué, néanmoins il peut aussi quelquefois agir contre elles d'égale force et les faire ondoyer de même façon :

car je pensai qu'il y avait eu peut-être quatre ou cinq feuilles l'une sur l'autre, et que la chaleur, ayant agi plus fort contre les deux ou trois du milieu que contre la première et la dernière, à cause qu'elles étaient moins exposées au vent, avait presque entièrement fondu les pelotons qui les composaient, et en avait formé ces colonnes.

d'où je jugeai qu'elles s'étaient formées en la conjonction des extrémités de deux feuilles que le vent avait poussées l'une contre l'autre au même temps que la chaleur convertissait leurs petits pelotons en étoiles, car elles avaient exactement la figure que cela doit causer.

Et cette conjonction, se faisant suivant une ligne toute droite, ne peut être tant empêchée par l'ondoiement que causent les vents que celle des parcelles d'une même feuille ;

Et si quelquefois les rayons des blanches n'étaient pas moins courts et mousses que ceux des transparentes, ce n'était pas qu'ils se fussent autant fondus à la chaleur, mais qu'ils avaient été davantage pressés par les vents :

Pour la cause qui faisait descendre ces étoiles, la violence du vent qui continua tout ce jour-là me la rendait fort manifeste ;

Puis, cette neige ayant cessé, un vent subit en forme d'orage fit tomber un peu de grêle blanche, fort longue et menue, dont chaque grain avait la figure d'un pain de sucre ;

dont la cause était qu'y ayant en l'air beaucoup de vapeurs qui sans doute étaient pressées par les vents des autres lieux, ainsi que le calme et la pesanteur de l'air le témoignaient, les gouttes en quoi ces vapeurs se convertissaient devenaient fort grosses en tombant, et tombaient à mesure qu'elles se formaient.

Mais le vent abat aussi fort souvent les brouillards, en survenant aux lieux ou ils sont :

et on voit alors que cette gelée ne s'attache aux plantes que sur les cotés que le vent touche.

Et si vous considérés que la même chaleur qui est ordinairement requise pour condenser les nues et en tirer de la pluie, les peut aussi tout au contraire dilater et changer en vapeurs qui quelquefois se perdent en l'air insensiblement, et quelquefois y causent des vents, selon que les parties de ces nues se trouvent un peu plus pressées, ou écartées, et que cette chaleur est un peu plus ou moins accompagnée d'humidité, et que l'air qui est aux environs se dilate plus ou moins, ou se condense ;

  LES METEORES, DISCOURS SEPTIEME, DES TEMPETES, DE LA FOUDRE ET DE TOUS LES AUTRES FEUX QUI S'ALLUMENT EN L'AIR.

Les fortes pluies sont presque toujours précédées par un tel vent qui agit manifestement de haut en bas, et dont la froideur montre assez qu'il vient des nues, où l'air est communément plus froid qu'autour de nous.

Et c'est ce vent qui est cause que, lorsque les hirondelles volent fort bas, elles nous avertissent de la pluie ;

Ainsi cette nue étant fort haute et devenant subitement fort grande et fort pesante, descend tout entière, en chassant avec grande violence tout l'air qui est sous elle, et causant par ce moyen le vent d'une tempête.

Même il est à remarquer que les vapeurs mêlées parmi cet air sont dilatées par son agitation, et qu'il en sort aussi pour lors plusieurs autres de la mer, à cause de l'agitation de ses vagues, ce qui augmente beaucoup la force du vent, et retardant la descente de la nue, fait durer l'orage d'autant plus longtemps.

et pourquoi, lorsque pendant les grandes chaleurs, après un vent septentrional qui dure fort peu, on sent derechef une chaleur moite et étouffante, c'est signe qu'il suivra bientôt du tonnerre ;

car cela témoigne que ce vent septentrional, ayant passé contre la terre, en a chassé la chaleur vers l'endroit de l'air où se forment les plus hautes nues, et qu'en étant après chassé lui-même vers celui où se forment les plus basses, par la dilatation de l'air inférieur que causent les vapeurs chaudes qu'il contient, non seulement les plus hautes en se condensant doivent descendre, mais aussi les plus basses, demeurant fort rares et même étant comme soulevées et repoussées par cette dilatation de l'air inférieur, leur doivent résister en telle sorte que souvent elles peuvent empêcher qu'il n'en tombe aucune partie jusques à terre.

Et enfin, sans vents et sans nues, par cela seul qu'une exhalaison subtile et pénétrante qui tient de la nature des sels, s'insinue dans les pores d'une autre qui est grasse et ensoufrée, il se peut former des flammes légères tant au haut qu'au bas de l'air ;

  LES METEORES, DISCOURS HUITIEME, DE L'ARC-EN-CIEL.

comme lorsque l'arc n'est pas exactement rond, ou que son centre n'est pas en la ligne droite qui passe par l'oeil et le soleil, ce qui peut arriver si les vents changent la figure des gouttes de pluie ;

Ce que je ne saurais juger être arrivé que par la réflexion des rayons du soleil donnant sur l'eau de la mer, ou de quelque lac, Comme si, venant de la partie du ciel SS, ils tombent sur l'eau DAE, et de là, se réfléchissent vers la pluie CF, l'oeil B verra l'arc FF, dont le centre est au point C, en sorte que, CB étant prolongée jusques à A, et AS passant par le centre du soleil, les angles SAD et BAE soient égaux, et que l'angle CBF soit d'environ 42 degrés, Toutefois, il est aussi requis à cet effet, qu'il n'y ait point du tout de vent qui trouble la surface de l'eau vers E, et peut-être avec cela qu'il y ait quelque nue, comme G qui empêche que la lumière du soleil, allant en ligne droite vers la pluie, n'efface celle que cette eau E y envoie ;

  LES METEORES, DISCOURS NEUVIEME , De la couleur des nues et des cercles ou couronnes qu'on voit quelquefois autour des astres.

Et il est à remarquer que cette couleur paraissant le matin présage des vents ou de la pluie, à cause qu'elle témoigne, qu'y ayant peu de nues vers l'Orient, le soleil pourra élever beaucoup de vapeurs avant le midi, et que les brouillards qui la font paraître commencent à monter ;

Au lieu que le soir elle témoigne le beau temps, à cause que n'y ayant que peu ou point de nues vers le couchant, les vents Orientaux doivent régner, et les brouillards descendent pendant la nuit.

  LES METEORES, DISCOURS DIXIEME, De l'apparition de plusieurs soleils.

Soit par exemple A le midi, où est le soleil accompagné d'un vent chaud qui tend vers B, et C le septentrion, d'où il vient un vent froid qui tend aussi vers B.

Et là je suppose que ces deux vents rencontrent ou assemblent une nue, composée de parcelles de neige qui s'étend si loin en profondeur et en largeur, qu'ils ne peuvent passer l'un au dessus l'autre au dessous ou entre deux ainsi qu'ils ont ailleurs de coutume, mais qu'ils sont contrains de prendre leur cours tout à l'entour :

mais aussi celui qui vient du midi, étant chaud, fond quelque peu la neige de son circuit, laquelle étant aussi tôt regelée, tant par celui du Nord qui est froid que par la proximité de la neige intérieure qui n'est pas encore fondue, peut former comme un grand anneau de glace toute continue et transparente, dont la superficie ne manquera pas d'être assez polie, à cause que les vents qui l'arrondissent sont fort uniformes.

Et de plus cette glace ne manque pas d'être plus épaisse du côté DEF que je suppose exposé au vent chaud et au soleil que cte l'autre GHI, où la neige ne s'est pu fondre si aisément.

Et parce que lorsqu'elles se forment par le tournoiement d'un vent sur la circonférence d'une nue, elles y doivent être couchées en autre sens que lorsqu'elles se forment au dessus ou au dessous, Il peut arriver qu'on voie ensemble deux couronnes, l'une dans l'autre qui soient à peu près de même grandeur, et qui n'aient pas justement le même centre.

De plus, il peut arriver qu'outre les vents qui environnent cette nue, il en passe quelqu'un par dessus ou par dessous qui derechef y formant quelque superficie de glace, cause d'autres variétés en ce Phénomène.

  L'HOMME.

Car vous savez bien que ces esprits, étant comme un vent ou une flamme très subtile, ne peuvent manquer de couler très promptement d'un muscle dans l'autre sitôt qu'ils y trouvent quelque passage ;

Si vous avez jamais eu la curiosité de voir de près les orgues de nos églises, vous savez comment les soufflets y poussent l'air en certains réceptacles, qui, ce me semble, sont nommés à cette occasion les porte-vent ;

or, vous pouvez ici concevoir que le c_ur et les artères, qui poussent les esprits animaux dans les concavités du cerveau de notre machine, sont comme les soufflets de ces orgues qui poussent l'air dans les porte-vent, et que les objets extérieurs, qui, selon les nerfs qu'ils remuent, font que les esprits contenus dans ces concavités entrent de là dans quelques-uns de ces pores, sont comme les doigts de l'organiste, qui, selon les touches qu'ils pressent, font que l'air entre des porte-vent dans quelques tuyaux.

Et comme l'harmonie des orgues ne dépend point de cet arrangement de leurs tuyaux que l'on voit par dehors, ni de la figure de leurs porte-vent, ou autres parties, mais seulement de trois choses, savoir, de l'air qui vient des soufflets, des tuyaux qui rendent le son, et de la distribution de cet air dans les tuyaux :

mais la source qui produit ces esprits est ordinairement si abondante, qu'à mesure qu'ils entrent dans ces concavités, ils ont la force de pousser tout autour la matière qui les environne, et de l'enfler, et par ce moyen de faire tendre tous les petits filets des nerfs qui y viennent, ainsi que le vent, étant un peu fort, peut enfler les voiles d'un navire, et faire tendre toutes les cordes auxquelles ils sont attachés ;

ainsi que font celles d'une voile, quand le vent est un peu trop faible pour la remplir.

non plus que le vent n'a pas besoin d'être si fort, pour enfler les voiles d'un navire, quand ils sont mouillés, que quand ils sont secs ;

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, Chapitre III, De la dureté et la liquidité.

Et après avoir remarqué les plus grands qui font les jours, les mois et les années, je prends garde que les vapeurs de la terre ne cessent point de monter vers les nuées et d'en descendre, que l'air est toujours agité par les vents, que la mer n'est jamais en repos, que les fontaines et les rivières coulent sans cesse, que les plus fermes bâtiments tombent enfin en décadence, que les plantes et les animaux ne font que croître ou se corrompre, bref qu'il n'y a rien, en aucun lieu, qui ne se change.

Car si vous daignez regarder ces petits corps qu'on nomme communément des atomes et qui paraissent aux rayons du Soleil, vous les verrez, lors même qu'il n'y aura point de vent qui les agite, voltiger incessamment çà et là en mille façons différentes.

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE IV, Du vide ; et d'où vient que nos sens n'aperçoivent pas certains corps.

Mais il ne faut pas penser pour cela que cet air grossier que nous attirons dans nos poumons en respirant, qui se convertit en vent quand il est agité, qui nous semble dur quand il est enfermé dans un ballon, et qui n'est composé que d'exhalaisons et de fumées, soit aussi solide que l'eau ni que la terre.

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE XI, De la pesanteur.

comme lorsqu'ils disent que si la terre se mouvait les corps pesants ne devraient pas descendre à plomb vers son centre, mais plutôt s'en écarter çà et là vers le ciel, et que les canons pointés vers l'occident, devraient porter beaucoup plus avant qu'étant pointés vers l'orient, et que l'on devrait toujours sentir en l'air de grands vents et ouïr de grands bruits, et choses semblables, qui n'ont lieu qu'en cas qu'on suppose qu'elle n'est pas emportée par le cours du ciel qui l'environne, mais qu'elle est mue par quelque autre force et en quelque autre sens que ce ciel.

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE XII, Du flux et du reflux de la mer.

Et pour les autres particularités du flux et du reflux, elles dépendent en partie de la diverse situation des côtes de la mer, et en partie des vents qui règnent aux temps et aux lieux qu'on les observe.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Seconde.

mais je ne m'arrêtais point à penser ce que c'était que cette âme, ou bien, si je m'y arrêtais, je m'imaginais qu'elle était quelque chose d'extrêmement rare et subtil, comme un vent, une flamme ou un air très délié, qui était insinué et répandu dans mes plus grossières parties.

je ne suis point un vent, un souffle, une vapeur, ni rien de tout ce que je puis feindre et imaginer, puisque j'ai supposé que tout cela n'était rien, et que, sans changer cette supposition, je trouve que je ne laisse pas d'être certain que je suis quelque chose.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L'AUTEUR AUX SECONDES OBJECTIONS, RAISONS QUI PROUVENT L'EXISTENCE DE DIEU, ET LA DISTINCTION QUI EST ENTRE L'ESPRIT ET LE CORPS DE L'HOMME, DISPOSÉES D'UNE FAÇON GÉOMÉTRIQUE, Définitions.

Et toutefois ce nom est équivoque, en ce qu'on l'attribue aussi quelquefois au vent et aux liqueurs fort subtiles ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, RÉPONSES AUX CINQUIEMES OBJECTIONS, DES CHOSES QUI ONT ÉTÉ OBJECTÉES CONTRE LA SECONDE MÉDITATION.

ni aussi que j'imaginais l'âme comme un vent ou un feu, et autres choses semblables que j'ai seulement rapportées en ce lieu-là, selon l'opinion du vulgaire, pour faire voir par après qu'elles étaient fausses.

Dites-moi donc, je vous prie, ô chair, ou qui que vous soyez, et quel que soit le nom dont vous vouliez qu'on vous appelle, avez-vous si peu de commerce avec l'esprit que vous n'ayez pu remarquer l'endroit où j'ai corrigé cette imagination du vulgaire par laquelle on feint que la chose qui pense est semblable au vent ou à quelque autre corps de cette sorte ?

Car je l'ai sans doute corrigée lorsque j'ai fait voir que l'on peut supposer qu'il n'y a point de vent, point de feu, ni aucun autre corps au monde, et que néanmoins, sans changer cette supposition, toutes les choses par quoi je connais que je suis une chose qui pense ne laissent pas de demeurer en leur entier.

“   Pourquoi ne pourrais-je donc pas être un vent ?

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, RÉPONSES AUX CINQUIEMES OBJECTIONS, DES CHOS ES QUI ONT ÉTÉ OBJECTÉES CONTRE LA SIXIEME MÉDITATION.

et je ne crois pas que cette pensée puisse tomber en l'esprit d'un autre que vous, Au reste, j'ai fait voir clairement dans la seconde Méditation que l'esprit pouvait être conçu comme une substance existante, auparavant même que nous sachions s'il y a au monde aucun vent, aucun feu, aucune vapeur, aucun air, ni aucun autre corps que ce soit, pour subtil et délié qu'il puisse être ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, PREMIERE PARTIE, Art. 71.

et qu'elle n'a considéré l'air non plus que rien lorsqu'il n'était agité d'aucun vent, et qu'il ne lui semblait ni chaud ni froid.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, SECONDE PARTIE, Art. 13.

Par exemple, si nous considérons un homme assis à la poupe d'un vaisseau que le vent emporte hors du port, et ne prenons garde qu'à ce vaisseau, il nous semblera que cet homme ne change point de lieu, parce que nous voyons qu'il demeure toujours en une même situation à l'égard des parties du vaisseau sur lequel il est ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, SECONDE PARTIE, Art. 15.

Ainsi nous disons qu'un bateau qui est emporté par le cours d'une rivière, et qui en même temps est repoussé par le vent d'une force si égale qu'il ne change point de situation à l'égard des rivages, demeure en même lieu, bien que nous voyions que toute la superficie qui l'environne change incessamment.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, SECONDE PARTIE, Art. 17.

ainsi nous disons qu'un vaisseau est vide, lorsqu'au lieu des marchandises dont on le charge d'ordinaire, on ne l'a chargé que de sable, afin qu'il pût résister à l'impétuosité du vent :

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, SECONDE PARTIE, Art. 24.

Car, par exemple, celui qui est assis à la poupe d'un vaisseau que le vent fait aller, croit se mouvoir, quand il ne prend garde qu'au rivage duquel il est parti et le considère comme immobile, et ne croit pas se mouvoir, quand il ne prend garde qu'au vaisseau sur lequel il est, parce qu'il ne change point de situation au regard de ses parties.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, SECONDE PARTIE, Art. 61.

de même que les rivières coulent vers la mer, et l'air vers le couchant, lorsque les vents d'Orient soufflent ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 26.

de même qu'un vaisseau qui n'est point emporté par le vent ni par des rames, et qui n'est point aussi retenu par des ancres, demeure en repos au milieu de la mer, quoique peut-être le flux ou reflux de cette grande masse d'eau l'emporte insensiblement avec soi.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 49.

J'ai aussi expliqué dans les Météores les causes des vents, par lesquels l'eau de la mer est agitée en plusieurs façons irrégulières.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 56.

et enfin qu'il peut aussi être avancé ou retardé par les vents, quelques-uns desquels soufflent toujours réglément en certains lieux à certains temps.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 60.

non pas que ces parties ainsi jointes aient coutume d'être entièrement séparées par l'action de la chaleur, mais comme nous voyons que le vent agite les branches des arbres et fait qu'elles s'approchent et se reculent quelque peu les unes des autres, sans pour cela être arrachées ni rompues, ainsi on doit penser que la plupart des parties du corps C ont diverses branches, tellement entrelacées et liées ensemble que la chaleur, en les ébranlant, ne les peut pas entièrement déjoindre, mais seulement faire que les intervalles qui sont parmi elles deviennent tantôt plus étroits et tantôt plus larges.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 87.

Ainsi tous les mouvements violents suffisent pour produire du feu, et cela fait voir comment la foudre, les éclairs et les tourbillons de vent se peuvent enflammer ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 89.

néanmoins on peut penser qu'elle consiste en ce que, lorsqu'une exhalaison est déjà aucunement condensée et arrêtée par le froid en quelque lieu de l'air, les parties d'une autre qui viennent d'un lieu plus chaud et sont par conséquent plus agitées, ou seulement qui, à cause de leurs figures, continuent plus longtemps à se mouvoir, ou bien aussi qui sont portées vers elle par un peu de vent, s'insinuent en ses pores et en chassent le second élément ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 99.

car lorsqu'il y a un assez grand feu dans une chambre où toutes les portes et fenêtres sont bien fermées, et où, excepté le tuyau de la cheminée par où la fumée sort, il n'y a rien d'ouvert que quelque vitre cassée ou quelque autre trou assez étroit, si on met la main auprès de ce trou, l'on sent manifestement le vent que fait l'air en venant par là vers le feu en la place de la fumée.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, QUATRIEME PARTIE, Art. 116.

mais il me semble qu'en un lieu souterrain, qui est si exactement clos de tous côtés que l'air n'y est jamais agité par aucun vent qui vienne du dedans ou du dehors de la terre, les parties de l'huile qui se changent en fumée et de fumée en suie, lorsqu'elles s'arrêtent et s'attachent les unes aux autres, se peuvent arrêter tout autour de la flamme d'une lampe et y composer comme une petite voûte qui soit suffisante pour empêcher que l'air d'alentour ne vienne suffoquer cette flamme ;

  LES PASSIONS DE L'AME, PREMIERE PARTIE, ARTICLE 7.

Enfin on sait que tous ces mouvements des muscles, comme aussi tous les sens, dépendent des nerfs, qui sont comme de petits filets ou comme de petits tuyaux qui viennent tous du cerveau, et contiennent ainsi que lui un certain air ou vent très subtil qu'on nomme les esprits animaux.

  Correspondance, année 1630, AU R. P. MERSENNE, 25 février 1630.

Pour le vent, ce n'est autre chose que l'ai ou cette vapeur émue ;

et quand votre expérience eût réussi, vous n'auriez pas encore la proportion de l'air à l'eau, car le vent peut être quelquefois d'un air fort épais, et quelquefois d'un plus rare.

Or il faut remarquer que le vent qui sort par B se dissipe aisément en l'air libre ;

car plus la flûte est longue, et plus l'air qui est compris en icelle résiste au vent qui sort de la bouche, et par conséquent est chassé plus lentement :

  Correspondance, année 1636, Au R. P. MERSENNE, mars 1636.

Aux Météores, je m'arrête principalement sur la nature du sel, les causes des vents et du tonnerre, les figures de la neige, les couleurs de l'arc-en-ciel, où je tâche aussi à démontrer généralement quelle est la nature de chaque couleur, et les couronnes ou Halones, et les Soleils ou Parhelia, semblables à ceux qui parurent à Rome il y a six ou sept ans.

Je juge l'expérience des sons qui ne vont pas plus vite selon le vent que contre le vent, être véritable, au moins, ad sensum ;

car le mouvement du son est tout autre que celui du vent.

  Correspondance, année 1638, RÉPONSE DE Monsieur DESCARTES A Monsieur MORIN, 13 juillet 1638.

et enfin si on compare ce que j'ai déduit de mes suppositions, touchant la vision, le sel, les vents, les nues, la neige, le tonnerre, l'arc-en-ciel, et choses semblables, avec ce que les autres ont tiré des leurs, touchant les mêmes matières, j'espère que cela suffira pour persuader à ceux qui ne sont point trop préoccupés, que les effets que j'explique n'ont point d'autres causes que celles dont je les déduis ;

car il semble à tels esprits que les vents, la foudre et les canons causent les plus impétueux mouvements qui puissent être.

Mais pour vous, qui,  étant très savant en  astronomie, êtes accoutumé à considérer l'extrême rapidité des corps célestes, et qui, l'étant aussi aux mécanique, comprendrez aisément les raisons qui en dépendent, vous ne pouvez, ce me semble, trouver étrange qu'après avoir dit que la matière subtile s'étend sans interruption depuis les astres jusqu'à nous (comme il faut de nécessité qu'elle fasse pour transférer l'action de la lumière), et avec cela qu'elle est très fluide, et composée de parties très petites, j'ajoute que la vitesse dont elle se meut est en quelque façon proportionnée à celle des cieux, et par conséquent, beaucoup plus grande que celle des vents.

Puis, pour ce qui est des vents, outre que leur mouvement est beaucoup plus lent que celui par lequel la matière subtile rend droits et unis tous les pores des corps liquides, ils n'agitent quasi point chacune des parties de l'air séparément de ses voisines, ainsi que fait la matière subtile, mais seulement tout son corps ensemble ;

Et pour ce que vous demandez à la fin, si la force dont une étincelle de feu ou un ver luisant doit, selon moi, pousser de nuit la matière subtile vers nos yeux, pour nous faire sentir la lumière, ne peut être empêchée par celle du vent lorsqu'il souffle fort impétueusement  à l'encontre, c'est quasi le même que si en la cuve dont nous avons parlé ci-dessus on suppose que les grappes qui sont parmi le vin, étant attachées à des filets ou enveloppées dans un rets, soient tirés de bas en haut fort promptement, et qu'on demande si le mouvement de ces grappes étant tout contraire à celui dont le vin tend à descendre ne l'empêche point.

A quoi je réponds que si le mouvement avec lequel on les ire en haut est plus lent que celui dont les parties du vin tendent à descendre, il n'empêchera point que ce vin ne coule par les trous qui sont au-dessus de la cuve, et qu'encore même qu'il fût beaucoup plus prompt et plus fort, si on suppose que ces trous soient bouchés en sorte qu'il ne puisse rien du tout succéder que du vin en la place que laissent ces grappes, ainsi qu'il ne peut rien succéder que de la matière subtile en la place des parties  de l'air dont le vent est composé, on peut, par les règles des mécaniques, démontrer que ce vin ne pressera pas moins le fond de la cuve que si ces grappes étaient sans aucune agitation ;

et tout de même il est très certain, au moins selon moi, que l'agitation d'aucun vent ne peut empêcher l'action de la lumière, excepté seulement en tant que cette agitation peut devenir si violente qu'elle enflamme l'air, auquel cas la lumière qu'elle cause peut effacer d'une étincelle de feu, si tant est qu'elle soit beaucoup plus forte.

  Correspondance, année 1638, AU R. P. MERSENNE, 15 décembre 1638.

Mais je ne laisse pas d'accorder à Monsieur de Beaune que les plus grands corps étant poussées par une même force, comme les plus grand bateaux par un même vent, se meuvent toujours plus lentement que les autres ;

  Correspondance, année 1640, Au R. P. MERSENNE, 6 décembre 1640. (Les éditions contemporaines datent cette lettre de décembre 1640, sans indiquer un jour précis.).

Je crois bien que les parties de l'or, et des autres corps durs, ont quelque mouvement, à cause de la matière subtile qui passe par leurs pores, mais non pas qui les sépare, comme les feuilles et branches des arbres sont ébranlées par le vent, sans en être détachées.

  Correspondance, année 1644, A UN R. P. JÉSUITE, 15 MAI 1644 (Les éditions contemporaines retiennent comme date le 2 mai 1644).

J'espère pourtant de vous les envoyer bientôt, si le vent ne m'emporte d'ici, avant qu'ils soient achevés.

  Correspondance, année 1648, MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 1er octobre 1648.

Si votre Altesse compare sa condition avec celle des reines et des autres princesses de l'Europe, elle y trouvera même différence qu'entre ceux qui sont dans le port, où ils se reposent, et ceux qui sont en pleine mer, agités par les vents d'une tempête.

 

descartes

« Toute agitation d'air qui est sensible se nomme vent, et tout corps invisible et impalpable se nomme air. nonobstant que ces vents plus étendus qui règnent sur la surface de la mer et de la terre, ne soient ordinairement autre chose quele mouvement des vapeurs qui en se dilatant passent du lieu où elles sont en quelque autre où elles trouvent plus de commodité des'étendre, en même façon qu'on voit en ces boules nommées des éolipyles, qu'un peu d'eau s'exhalant en vapeur fait un vent assezgrand et assez fort à raison du peu de matière dont il se compose, et parce que ce vent artificiel nous peut beaucoup aider àentendre quels sont les naturels, il sera bon ici que je l'explique. ce vent ne cesse point que toute l'eau de cette boule ne soit exhalée, ou bien que la chaleur qui la fait exhaler n'ait cessé. Or les vents ordinaires qui règnent en l'air se font à peu près en même façon que celui ci, et il n'y a principalement que deuxchoses en quoi ils diffèrent. La seconde est que ces vapeurs ne pouvant être renfermées en l'air, ainsi qu'en une éolipyle, sont seulement empêchées de s'yétendre également de tous cotés, par la résistance de quelques autres vapeurs, ou de quelques nues, ou de quelques montagnes,ou enfin de quelque vent qui tend vers l'endroit où elles sont ; vous ne douterez pas que celles qui sont vers F ne prennent leurs cours vers G, et ainsi quelles ne composent un vent qui soufflevers là. et vers E, parce que l'air y est pressé et condensé par un autre vent qui souffle de C jusques à D ; en sorte que bien que elles causent quasi toutes seules les vents, ce ne sont pas toutefois elles seules qui les composent. Mais voyons maintenant en particulier les propriétés, et la génération des principaux vents. Mais en suite on observe que les vents orientaux sont ordinairement beaucoup plus secs, et rendent l'air beaucoup plus net et plusserein que les occidentaux. De plus on observe que c'est principalement le matin que soufflent les vents d'Orient, et le soir que soufflent ceux d'Occident. En sorte qu'elles font un vent d'Occident vers A, où le soleil se couche ; Et même il est à remarquer que ce vent qui se fait ainsi vers C, est ordinairement plus fort, et va plus vite que celui qui se fait versA : On observe aussi que c'est principalement pendant le jour que soufflent les vents de Nord, et qu'ils viennent de haut en bas, etqu'ils sont fort violents, et fort froids, et fort secs. Ainsi prenant F pour le pôle arctique, le cours de ces vapeurs de K vers L tait un vent de Nord qui souffle pendant le jour enl'Europe. Et ce vent souffle de haut en bas, à cause qu'il vient des nues vers la terre. Enfin ce vent est fort froid et fort sec, tant à cause de sa force, suivant ce qui a été dit ci dessus que les vents impétueux sonttoujours secs et froids ; On observe tout au contraire que les vents de midi soufflent plus ordinairement pendant la nuit, et viennent de bas en haut, et sontlents, et humides. et qui ne peut être que fort lent, tant à cause que son cours est retardé par l'épaisseur de l'air de la nuit, comme aussi à cause quesa matière ne sortant que de la terre ou de l'eau ne se peut dilater si promptement, ni en si grande quantité que celles des autresvents qui sort ordinairement des nues. On observe aussi, qu'au mois de mars, et généralement en tout le printemps, les vents sont plus secs, et les changements d'air plussubits, et plus fréquents, qu'en aucune autre saison de l'année. et ainsi ces vents d'Orient que j'ai dit souffler principalement le matin, et ceux de Nord qui soufflent sur le milieu du jour qui lesuns et es autres sont fort secs, doivent y être beaucoup plus forts et plus abondants qu'en aucune autre saison. Et parce que les vents d'occident qui soufflent le soir, y doivent aussi être assez forts, par même raison que ceux d'Orient qui. »

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