Les confidents dans Iphigénie de Racine

Les confidents chez Racine ne sont pas tous confinés dans des rôles d'utilité; Arcas, à l'acte III, prend une initiative redoutable, et, par la révélation qu'il apporte des desseins secrets d'Agamemnon, précipite l'action dramatique. Personnage secondaire, il n'a pas à nous entretenir de ses débats intérieurs; toutefois, Racine a tenu à marquer par des étapes l'effort que lui coûte son aveu. Sans doute cette progression peut s'expliquer par la nécessité de ménager l'un des effets les plus pathétiques du théâtre universel; mais Arcas doit se donner du courage à lui-même pour enfreindre les ordres reçus et, finalement, trahir son souverain. Doris, suivante d'Eriphile, entre tous les moyens qui sont à sa disposition pour aider ce cœur trouble et passionné à exprimer ses sentiments complexes, la conduit, sans le savoir, à l'aveu de son amour par ces vers qui ne peuvent pas ne pas frapper l'oreille de son interlocutrice et du spectateur : Je sais que tout déplaît aux yeux d'une captive, Qu'il n'est point dans les fers de plaisir qui la suive ; Mais dans le temps fatal que, repassant les flots, Nous suivions malgré nous le vainqueur de Lesbos, Lorsque dans son vaisseau, prisonnière timide, Vous voyiez devant vous ce vainqueur homicide, Le dirai-je ? vos yeux, de larmes moins trempés, A pleurer vos malheurs étaient moins occupés. (II, 1) Mais la suite de son rôle est de pure narration et elle n'entre pour rien dans les décisions successives et fébriles de sa maîtresse.