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Louis XV le Bien-Aimé

Publié le 10/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Louis XV le Bien-Aimé (1710-1774), roi de France (1715-1774), dont le caractère velléitaire, l’incapacité à promouvoir les réformes nécessaires pour moderniser le pays, et l’insuffisante prise en compte des nouvelles attentes de ses sujets, furent les manifestations les plus visibles de la crise de l’absolutisme qui devait aboutir à la Révolution française.

2   UN DÉBUT DE RÈGNE PROMETTEUR
2.1   La Régence

Né à Versailles, Louis XV était le fils du duc de Bourgogne et de Marie-Adélaïde de Savoie. Arrière-petit-fils de Louis XIV, il se retrouva, après la série de décès qui frappa la famille royale, le dernier héritier de la couronne en ligne directe. Roi à cinq ans, Louis XV fut élevé par Mme de Ventadour, puis par un vieux gouverneur, le maréchal de Villeroi, assisté par le futur cardinal de Fleury, son précepteur, auquel il voua toujours une confiance et une affection très sincères.

Placé sous la régence de son cousin, Philippe, duc d’Orléans, il fut déclaré majeur en 1723, année de la mort du Régent, qui fut remplacé à la tête du gouvernement par Louis-Henri de Bourbon, prince de Condé. En 1725, on fit épouser au roi Marie Leszczyńska, princesse pauvre et vertueuse, fille de Stanislas Ier Leszczyński, roi de Pologne ; la reine lui donna dix enfants, dont six filles et un fils survécurent.

2.2   Les premières années du règne

Le début du règne de Louis XV fut contemporain d’un accroissement de la population française, qui atteignit environ 24 millions de personnes en 1725, ce qui faisait de la France la nation la plus peuplée d’Europe après la Russie. La France, grande puissance coloniale, était présente de l’embouchure du Saint-Laurent jusqu’aux abords des Grands Lacs et en Louisiane, ainsi que dans les Antilles, en Inde et au Sénégal.

Sur le territoire national, le centralisme détesté auquel on associait Louis XIV commençait à faire sentir certains effets positifs : les intendants et des subdélégués manifestaient la présence de l’État royal, notamment en cas de disette et d’épidémie, et se souciaient de la modernisation des voies de communication et de l’activité économique.

Ces premières années du règne du « bien-aimé « coïncidèrent enfin avec une période de croissance continue. La livre fut stabilisée dès 1726, tandis que l’exploitation des mines américaines, apportant des métaux précieux, favorisait la circulation monétaire. L’augmentation de la productivité agricole, les progrès de l’industrie (encore embryonnaire) et de l’artisanat favorisèrent un optimisme général et une curiosité intellectuelle qui fut la marque distinctive des Lumières.

Élégant, doté d’une tournure agréable, d’un premier jugement souvent juste, le roi avait reçu une éducation assez complète et manifesta toujours un vif intérêt pour les techniques. Mais, habitué à cacher ses sentiments conformément à ce qu’exigeait le lourd cérémonial de la cour, il dissimulait derrière un abord impassible une certaine instabilité et surtout une grande anxiété. Son caractère n’était pas encore complètement formé lorsque, en 1726, il fit pour la première fois preuve d’autorité en congédiant Condé, qu’il remplaça par Fleury. Ce dernier gouverna sans audace mais avec sagesse jusqu’à sa mort, survenue dix-sept ans plus tard, tandis que le roi prenait l’habitude de se reposer sur lui des affaires courantes.

Dès 1734, lassé de son épouse, il prit ses premières maîtresses, Mme de Mailly, puis la sœur de cette dernière, Mme de Châteauroux, prélude à de nombreuses liaisons que favorisait l’atmosphère frivole et dissipée de la cour de Versailles.

2.3   Le tournant du règne

Si la guerre de Succession de Pologne, où la France soutenait les prétentions du beau-père du roi, Stanislas Leszczyński, ne permit pas à ce dernier de recouvrer le trône de Pologne, elle aboutit cependant, par le traité de Vienne (1738), à la reconnaissance de la souveraineté de la France sur la Lorraine, concédée à Stanislas à titre viager. Bien plus, son engagement dans la guerre de Succession d’Autriche, au côté de la Prusse, de la Bavière, de l’Espagne et de la Saxe, permit à la France, malgré le résultat finalement décevant du traité d’Aix-la-Chapelle (1748), de remporter quelques belles victoires (Fontenoy, Raucoux, Lawfeld) et conforta la popularité du roi.

Cependant, la mort du cardinal de Fleury, en 1743, marqua sans doute le tournant du règne. En 1744, malade lors du siège de Metz, et se croyant à l’article de la mort, Louis XV rédigea une confession qui, répandue par les soins du clergé, le fit apparaître aux yeux du peuple comme un être scandaleusement immoral. Un peu plus tard, le début de la liaison du roi avec Mme de Pompadour, méprisée de la cour en raison de ses origines roturières, haïe pour son implication constante dans les affaires de l’État et pour ses dépenses somptuaires, acheva de discréditer le roi ; ce dernier s’adonnait de plus, dans les petites maisons du Parc-aux-Cerfs, à des débauches qui, grossies par la légende, finirent par le faire passer pour une sorte d’ogre insatiable. Dès 1750, libelles et pamphlets commencèrent à courir à Paris contre ce roi dont la popularité était définitivement ternie.

3   LE DISCRÉDIT
3.1   La crise parlementaire

À partir des années 1750, les parlements commencèrent à pratiquer une politique d’obstruction systématique à l’encontre de toutes les mesures royales, tandis que le roi, affaibli par des difficultés financières, ne trouvait pas l’énergie pour mener les réformes qui s’imposaient. Ainsi, le projet de réforme fiscale de Machault d’Arnouville, contrôleur général des Finances, qui proposait d’instituer un impôt frappant tous les revenus, quels qu’en fussent les détenteurs, provoqua en 1754 sa mutation au ministère de la Marine.

Certes, en 1756, le roi réussit à faire enregistrer par les parlements des édits restreignant une partie de leurs pouvoirs, mais l’attentat de Damiens, perpétré l’année suivante contre la personne du roi, donna un coup d’arrêt à ses ardeurs réformatrices. Le supplice de Damiens, lentement écartelé en place de Grève, ne fit d’ailleurs que renforcer la fronde parlementaire, qui ne manqua pas de souligner le caractère disproportionné de cette peine.

3.2   Le problème des grains

Dans le domaine économique, une mesure audacieuse, inspirée des physiocrates, fut prise en 1763 ; elle visait à instaurer la libre circulation des grains, mais fut mal accueillie par la population qui soupçonna ce « pacte de famine «, ainsi qu’on l’appela, d’encourager les spéculateurs et les monopoles. Les mauvaises récoltes de 1767 provoquèrent une hausse des prix qui, elle aussi, fut imputée à la liberté de circulation, supprimée d’ailleurs, de son propre chef, par le parlement de Rouen, bientôt imité par les parlements de Paris et de Dijon.

3.3   La politique de Choiseul

Après les premiers déboires de la guerre de Sept Ans, qui virent la défaite des Français devant les Britanniques à Québec et à Montréal (1759-1760), et la perte de Pondichéry en Inde (1761), la politique énergique de Choiseul, qui négocia en 1761 le pacte de Famille, permit pourtant de reprendre l’offensive, même si le traité de Paris (1763) consacrait pour la France la disparition presque totale de son empire colonial.

Le gouvernement de ce ministre, qui devait rester au pouvoir jusqu’en 1770, correspondit de plus à une relative embellie. Lié avec les philosophes, protecteur de l’Encyclopédie, assez bien considéré par les milieux parlementaires, Choiseul s’attacha à mener une série de réformes d’envergure, notamment au sein de la marine et de l’armée, et fit acheter la Corse par la France, même s’il ne sut pas empêcher le second partage de la Pologne.

Assez ambigu dans ses choix, Choiseul laissa cependant se développer la fronde contre le pouvoir royal et sa bienveillance à l’égard de parlementaires (il cautionna en 1767 le bannissement des jésuites du royaume de France) finit par accroître de façon démesurée l’arrogance de ce véritable contre-pouvoir. Lors du départ de Choiseul, congédié en 1770, en partie pour avoir déplu à la nouvelle maîtresse du roi, Mme du Barry, la crise parlementaire était plus que jamais d’actualité.

3.4   La dernière contre-attaque

Pendant les dernières années de son règne, Louis XV s’efforça de mettre un terme définitif à la crise parlementaire, tout en remettant en chantier la politique de réforme fiscale. Maupeou fut nommé chancelier, Terray contrôleur des Finances et le duc d’Aiguillon aux Affaires étrangères, formant ainsi le triumvirat.

En grève depuis 1770, le Parlement de Paris fut promptement expulsé par Maupeou, qui dès 1771 mit en œuvre une réforme conduisant à la suppression de la vénalité des offices et à l’instauration de la gratuité de la justice, tandis que des mesures étaient prises afin d’imposer les revenus de la noblesse et du clergé, jadis exempts de taxes. Ces réformes, qui devaient être annulées immédiatement après l’avènement de Louis XVI, augmentèrent encore l’impopularité du roi qui, miné par la petite vérole, s’éteignit à Versailles et fut enterré clandestinement à Saint-Denis.

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