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Mille Jours, guerre des

Publié le 13/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Mille Jours, guerre des, dernière guerre civile colombienne d’un xixe siècle chaotique et première guerre sociale d’un xxe siècle incertain et contrasté, qui a notamment ouvert la voie à l’histoire du canal de Panamá (octobre 1899-novembre 1902).

2   LA GUERRE COLOMBIENNE : INATTENDUE ET MEURTRIÈRE

Lorsque la guerre éclate en Colombie, à la mi-octobre 1899, après onze constitutions et une soixantaine de guerres internes depuis l’indépendance, ses responsables sont loin d’imaginer qu’elle va laisser, plus qu’une autre, une empreinte aussi profonde dans l’histoire colombienne.

Depuis 1890, le pays connaît le « boom « caféier et, sous l’égide des conservateurs, les bases d’un état unitaire et centralisateur « de régénération et de paix scientifique « (selon les termes de la Constitution de 1886) ont été jetées. Pourtant, le mécontentement des libéraux (teinté de régionalisme, principalement à Santander), un temps épars et limité, s’engage dans l’épreuve de force militaire au prétexte de la récession provoquée par l’effondrement temporaire des cours internationaux du café.

En octobre 1899 donc, la guerre s’engage. La participation populaire est massive (artisans, paysans, citadins pauvres, jeunes, etc.), spécialement lorsque la défaite des « caudillos « libéraux ouvre la voie à des guérillas plus radicales, incontrôlées — guérillas menées par « ceux d’en bas « qui outrepassent les revendications de leurs chefs ou dérivent vers le banditisme. Le xxe siècle a indiscutablement recueilli et développé cet héritage, dans le souvenir d’un lourd bilan, puisque la guerre fait, dit-on, 100 000 morts pour 2,5 millions d’habitants (mais sans que soit déterminée la part prise par les épidémies et les disettes dans ce chiffre).

3   DES ENJEUX RÉGIONAUX AUX ENJEUX CONTINENTAUX

Mais l’enjeu du conflit déborde nettement la question purement colombienne.

Tout d’abord, la lutte des libéraux trouve des échos dans les pays voisins. Des chefs d’État et des « caudillos « vénézuéliens y participent avec leurs troupes, la guerre se déplaçant parfois sur leur propre territoire. Des réseaux « Maceo «, (du nom du héros de l’indépendance cubaine, Antonio Maceo), avec la participation des anciens combattants de l’île, relaient les libéraux colombiens. Leurs homologues équatoriens (organisés autour du futur président Eloy Alfaro) et nicaraguayens (entourant le président José S. Celaya) les appuient également. Les enjeux de la construction du canal de Panamá par les États-Unis et l’opposition des libéraux dans plusieurs pays ne sont pas étrangers à cette solidarité régionale. D’ailleurs, l’issue du conflit annonce la réussite des États-Unis à imposer leur projet de canal interocéanique dans la province du Panamá.

Cette extension de la guerre, son débordement sont soulignés par d’autres signes. Ainsi, après la reddition des derniers guérilleros radicaux, la paix est signée en novembre 1902, à bord d’un bateau de guerre nord-américain, le Wisconsin. Mais, dès 1903, alors que le gouvernement colombien demande de meilleures compensations en échange du territoire où le canal doit être construit, il se voit traité avec mépris par les États-Unis. Considérant que le gouvernement colombien n’est qu’un ramassis de « bandits siciliens et calabrais «, Theodore Roosevelt s’empresse de reconnaître l’indépendance que le Panamá vient de proclamer, et envoie en appui la flotte américaine. Les travaux du canal peuvent alors démarrer, comme une étrange conclusion à la guerre… puisque la lutte pour le canal se solde par la défaite régionale des libéraux et le montage d’un État panaméen formellement indépendant.

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