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Muromachi, période de

Publié le 07/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Muromachi, période de, dernière période du Moyen Âge japonais (1338-1573), qui fait suite à l’époque de Kamakura (1185-1333), dominée par les Minamoto puis les Hojo.

La période de Muromachi est marquée par un essor économique et culturel conséquent, l’ouverture du pays sur le continent et l’Occident, mais aussi par de nombreux troubles tels qu’une piraterie endémique, de violentes querelles dynastiques et surtout, pendant le dernier siècle de la période — qu’on qualifie parfois d’époque des provinces en guerre ou période Sengoku —, d’incessantes guerres féodales.

2   GUERRE CIVILE ENDÉMIQUE ET SCHISME IMPÉRIAL

La période de Muromachi, qui correspond également à la période durant laquelle gouvernent les Ashikaga, tire son nom du quartier de la capitale dans lequel les shoguns font établir le siège de leur gouvernement, et s’ouvre lorsque Ashikaga Takauji (1305-1358) reçoit de l’empereur le titre de shogun. Les premières années du nouveau shogunat sont surtout marquées par la poursuite des guerres civiles provoquées par les querelles entre Takauji et son frère Tadayoshi, les révoltes paysannes de plus en plus fréquentes, et surtout le schisme né en 1336 entre les deux lignées impériales, celle du Nord à Kyoto et celle du Sud à Yoshino, dans les montagnes au sud de Nara, fondée par l’empereur Go-Daigo (1318-1339). Voir période de Nanbokucho, 1336-1392.

Sur la mer de Chine, les pirates japonais (wako) pillent les côtes coréennes et chinoises. Dans les provinces, la prise de pouvoir progressive des shugo et des jito (officiers domaniaux et gouverneurs de province établis par Minamoto no Yoritomo) sur les seigneurs légitimes des domaines confirme la naissance d’une société féodale.

3   ASHIKAGA YOSHIMITSU

Le deuxième shogun, Yoshiakira (1329-1367, shogun de 1358 à 1367) parvient à rétablir un certain équilibre, puis le gouvernement entre dans une période de stabilité relative avec l’accession de Ashikaga Yoshimitsu (1358-1408), à la tête du shogunat de 1368 à 1394. Il édicte un code de lois qui s’appuie sur la législation de la période de Kamakura (1185-1333) et en prolonge les règles, fixant notamment la manière vertueuse de se conduire pour un dirigeant. Il parvient également à réconcilier les branches du Nord et du Sud de la lignée impériale.

3.1   Le rétablissement des relations avec la Chine

En 1401, Ashikaga Yoshimitsu, désireux d’établir des relations officielles avec la Chine des Ming, accepte le titre de « roi du Japon « qui lui est conféré et reçoit, en 1403, les licences qui lui permettent d’entreprendre un commerce officiel avec la Chine : c’est le début du « commerce des étiquettes « caractérisé par l’exportation de cuivre, de soufre, d’objets laqués, de sabres, d’éventails, et l’importation de soie, de monnaie, de tissus de coton, de médicaments et de livres. Un commerce qui permet, outre l’essor sans précédent des échanges et la prospérité des ports de la mer Intérieure, la naissance et le développement d’une nouvelle classe marchande, à l’origine d’une civilisation urbaine et bourgeoise.

Le fils de Yoshimitsu, Yoshimochi (1386-1428, shogun de 1394 à 1423) refuse pour sa part de faire offense à l’empereur et au pays en acceptant le titre de « roi du Japon «, et interrompt les relations diplomatiques officielles. Le commerce et les voyages se poursuivent néanmoins, et sont à l’origine de l’influence au Japon du bouddhisme zen, dont le rôle est à la fois politique, intellectuel et artistique, de l’essor de nouvelles formes artistiques importées de la Chine des Ming puis des Song, et enfin de la diffusion de la pensée néo-confucianiste.

3.2   Yoshimitsu, protecteur des arts et des lettres

Protecteur éclairé des arts et des lettres, Yoshimitsu décide en 1398 de se retirer dans la résidence qu’il s’est fait construire, le Kinkaku-ji, et d’en faire le centre de la culture, particulièrement féconde, influencée par l’esthétique de la Chine des Song véhiculée par le bouddhisme zen.

L’école culturelle de la période de Muromachi est notamment représentée par les maîtres du lavis à l’encre de chine, Sesshu (1420-1506), le fondateur de la lignée des Kano, Masanobu (1434-1530), le créateur du théâtre nô, Zeami (1363-1443), ainsi que par de nombreux maîtres de la cérémonie du thé, de l’arrangement floral ou de l’art des jardins.

4   VERS LA PÉRIODE SENGOKU

À partir du xve siècle, la situation se dégrade progressivement et la réalité du pouvoir glisse des mains des shugo-daimyo. Tandis que les troubles reprennent, notamment dans les plaines du Kanto, de nombreux seigneurs locaux échappent à l’autorité shogunale. Secoué par les crises politiques et les révoltes paysannes pour l’abolition des péages et l’annulation des dettes (entre 1428 et 1562, les révoltes sont quasi annuelles), le pays connaît une période très difficile d’instabilité, de famines et de catastrophes naturelles.

Cependant, au milieu du xve siècle, malgré l’anarchie politique qui ne cesse de s’étendre, le Japon vit quelques années d’essor culturel. Sur le modèle de Yoshimitsu, le huitième shogun, Ashikaga Yoshimasa (1436-1490), se fait construire une somptueuse résidence, le Pavillon d’argent, dont il fait un lieu privilégié pour les arts et les lettres.

Mais les troubles persistent, tandis que les problèmes de succession se multiplient au sein de la classe dirigeante. Entre 1467 et 1477 sévit la « guerre d’Onin «, qui laisse la capitale dévastée et embrase les provinces. En 1493, le daimyo Hosokawa Masamoto (1466-1507), destitue le shogun Yoshitane et le remplace par Yoshizumi : dès lors, les shoguns Ashikaga n’ont plus de pouvoir réel. Selon les historiens, les troubles d’Onin puis le coup d’État de 1493 marquent le début de la période dite des « Royaumes combattants « (voir période Sengoku).

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