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"nuire" chez DESCARTES

Publié le 16/08/2010

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descartes

 

Règles pour la direction de l’esprit, Règle huitième.

 Il faut donc voir successivement en quoi ces facultés peuvent nous nuire pour l’éviter, ou nous servir pour en profiter.

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS SEPTIEME, DES MOYENS DE PERFECTIONNER LA VISION.

 car ces rayons, ne servant point à la vision, y pourraient nuire.

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS NEUVIEME, LA DESCRIPTION DES LUNETTES.

 Pour ce qui est de l’épaisseur de ce verre, elle ne peut de rien profiter, ni aussi de rien nuire, sinon en tant que le verre n’est jamais si pur, et si net, qu’il n’empêche toujours le passage de quelque peu plus de rayons que ne fait l’air.

  LES METEORES, DISCOURS SEPTIEME, DES TEMPETES, DE LA FOUDRE ET DE TOUS LES AUTRES FEUX QUI S’ALLUMENT EN L’AIR.

 Et cette foudre peut brûler les habits et raser le poil sans nuire au corps, si ces exhalaisons qui ont ordinairement l’odeur du soufre, ne sont que grasses et huileuses, en sorte qu’elles composent une flamme légère qui ne s’attache qu’aux corps aisés à brûler.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, Méditation Sixième.

Mais nous nous trompons aussi assez souvent, même dans les choses auxquelles nous sommes directement portés par la nature, comme il arrive aux malades, lorsqu’ils désirent de boire ou de manger des choses qui leur peuvent nuire.

 de même aussi, si je considère le corps de l’homme comme étant une machine tellement bâtie et composée d’os, de nerfs, de muscles, de veines, de sang et de peau, qu’encore bien qu’il n’y eût en lui aucun esprit, il ne laisserait pas de se mouvoir en toutes les mêmes façons qu’il fait à présent, lorsqu’il ne se meut point par la direction de sa volonté, ni par conséquent par l’aide de l’esprit, mais seulement par la disposition de ses organes, je reconnais facilement qu’il serait aussi naturel à ce corps, étant, par exemple, hydropique, de souffrir la sécheresse du gosier, qui a coutume de porter à l’esprit le sentiment de la soif, et d’être disposé par cette sécheresse à mouvoir ses nerfs et ses autres parties, en la façon qui est requise pour boire, et ainsi d’augmenter son mal et se nuire à soi-même, qu’il lui est naturel, lorsqu’il n’a aucune indisposition, d’être porté à boire pour son utilité par une semblable sécheresse de gosier.

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, SECONDE PARTIE, Art. 3.

Il suffira que nous remarquions seulement que tout ce que nous apercevons par l’entremise de nos sens se rapporte à l’étroite union qu’a l’âme avec le corps, et que nous connaissons ordinairement par leur moyen ce en quoi les corps de dehors nous peuvent profiter ou nuire, mais non pas quelle est leur nature, si ce n’est peut-être rarement et par hasard.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 52.

Je remarque outre cela que les objets qui meuvent les sens n’excitent pas en nous diverses passions à raison de toutes les diversités qui sont en eux, mais seulement à raison des diverses façons qu’ils nous peuvent nuire ou profiter, ou bien en général être importants ;

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 94.

 Mais la cause qui fait que pour l’ordinaire la joie suit du chatouillement est que tout ce qu’on nomme chatouillement ou sentiment agréable consiste en ce que les objets des sens excitent quelque mouvement dans les nerfs qui serait capable de leur nuire s’ils n’avaient pas assez de force pour lui résister ou que le corps ne fût pas bien disposé.

 C’est presque la même raison qui fait qu’on prend naturellement plaisir à se sentir émouvoir à toutes sortes de passions, même à la tristesse et à la haine, lorsque ces passions ne sont causées que par les aventures étranges qu’on voit représenter sur un théâtre, ou par d’autres pareils sujets, qui, ne pouvant nous nuire en aucune façon, semblent chatouiller notre âme en la touchant.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 142.

 Car, lorsque la haine est juste, elle ne nous éloigne que du sujet qui contient le mal dont il est bon d’être séparé, au lieu que l’amour qui est injuste nous joint à des choses qui peuvent nuire, ou du moins qui ne méritent pas d’être ‘tant considérées par nous qu’elles sont, ce qui nous avilit et nous abaisse.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 143.

 Car, en tant qu’elles excitent en nous le désir, par l’entremise duquel elles règlent nos moeurs, il est certain que toutes celles dont la cause est fausse peuvent nuire, et qu’au contraire toutes celles dont la cause est juste peuvent servir, et même que, lorsqu’elles sont également mal fondées, la joie est ordinairement plus nuisible que la tristesse, parce que celle-ci, donnant de la retenue et de la crainte, dispose en quelque façon à la prudence, au lieu que l’autre rend inconsidérés et téméraires ceux qui s’abandonnent à elle.

  LES PASSIONS DE L’AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 148.

Or, d’autant que ces émotions intérieures nous touchent de plus près, et ont par conséquent, beaucoup plus de pouvoir sur nous que les passions, dont elles diffèrent, qui se rencontrent avec elles, il est certain que, pourvu que notre âme ait toujours de quoi se contenter en son intérieur, tous les troubles qui viennent d’ailleurs n’ont aucun pouvoir de lui nuire ;

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 197.

 Car, lorsque le mal dont nous sommes indignés ne nous peut nuire, et que nous considérons que nous n’en voudrions pas faire de semblable, cela nous donne quelque plaisir ;

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 199.

La colère est aussi une espèce de haine ou d’aversion que nous avons contre ceux qui ont fait quelque mal, ou qui ont tâché de nuire, non pas indifféremment à qui que ce soit, mais particulièrement à nous.

  Correspondance, année 1638, Au R. P. MERSENNE, 8 octobre 1638. (Les éditions contemporaines retiennent comme date le 11 octobre 1638).

 comme en effet, à cause qu’il n’est vrai que d’un seul cas, il y peut plutôt nuire qu’y servir, lorsqu’on veut chercher généralement ce qui en est.

  Correspondance, année 1640, A MONSIEUR ***, Sans date. (Les éditions contemporaines datent une partie de cette lettre du 14 novembre 1640).

 Pour moi, avant que je vinsse en ce pays pour y chercher la solitude, je passai un hiver en France à la campagne où je fis mon apprentissage, et si j’étais engagé en quelque train de vie dans lequel mon indisposition ne me permit pas de persister longtemps, je ne voudrais point dissimuler cette indisposition, mais plutôt la faire paraître plus grande qu’elle ne serait, afin de me pouvoir dispenser honnêtement de toutes les actions qui lui pourraient nuire, et ainsi, prenant mes aises peu à peu, de parvenir par degrés à une entière liberté.

  Correspondance, année 1641, A Monsieur REGIUS, 11 mai 1641.

 car je suis du sentiment de ceux qui disent que l’homme ne comprend point par le moyen du corps et l’argument par lequel vous tâchez de prouver le contraire ne me fait aucune impression, car quoique le corps empêche quelques fonctions de l’âme, il ne peut néanmoins lui être d’aucun secours pour la connaissance des choses immatérielles, et il ne peut en cette occasion que lui nuire.

  Correspondance, année 1642, A MONSIEUR *** (Monsieur de Zuytlichem), 8 octobre 1642. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 10 octobre 1642.).

 car je crois qu’ils pourraient préparer les esprits à recevoir d’autres opinions que celles de l’école, et je ne crois pas qu’ils puissent nuire aux miennes.

  Correspondance, année 1645, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 15 juin 1645 (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 15 septembre 1645.).

 Mais si on rapportait tout à soi-même, on ne craindrait pas de nuire beaucoup aux autres hommes, lorsqu’on croirait en retirer quelque petite commodité, et on n’aurait aucune vraie amitié, ni aucune fidélité, ni généralement aucune vertu ;

  Correspondance, année 1645, A Monsieur REGIUS, 15 juillet 1645.

 ainsi votre écrit pourra nuire souvent et n’être jamais utile.

Je vous aurais envoyé votre livre avec cette lettre, mais j’ai craint que s’il venait à tomber par hasard en des mains étrangères, la sévérité de ma censure ne pût vous nuire.

  Correspondance, année 1645, A UN SEIGNEUR (NEWCASTLE), octobre 1645.

 et tout ce que j’en puis dire à présent est que je suis de l’opinion de Tibère, qui voulait que ceux qui ont atteint l’âge de trente ans, eussent assez d’expériences des choses qui leur peuvent nuire ou profiter, pour être eux-mêmes leurs médecins.

  Correspondance, année 1646, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, Mars 1646 (Les éditions contemporaines datent cette lettre de janvier 1646.).

 Ce qui m’empêche de pouvoir imaginer que ceux qui ont été auteurs de ce conseil, aient en cela voulu nuire à votre Maison.

  Correspondance, année 1646, A MADAME ELISABETH PRINCESSE PALATINE, etc, 15 juillet 1646. (Les éditions contemporaines retiennent comme date le mai 1644).

Car si l’affaire, nonobstant cela, réussit, tous les petits avantages qu’on aura peut-être acquis par ce moyen ne servent pas tant que peut nuire le dégoût que causent ordinairement ces délais ;

  Correspondance, année 1646, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 15 septembre 1646.

 et il n’y en a point qui leur puisse nuire, que celle qui vient de l’injustice ou de l’arrogance que le peuple juge être en eux.

  Correspondance, année 1647, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 12 mai 1647 (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 10 mai 1647.).

 en sorte que, pendant qu’ils machinent tout ce qu’ils peuvent pour tâcher de me nuire, si je ne veillais aussi pour me défendre, il leur serait aisé de me faire quelques affronts.

  Correspondance, année 1647, A MADAME ÉLISABETH, PRINCESSE PALATINE, etc, 6 juin 1647.

 On a fait taire les théologiens qui me voulaient nuire, mais en les flattant, et en se gardant de les offenser le plus qu’on a pu, ce qu’on attribue maintenant au temps ;

  Correspondance, année 1647, REMARQUES SUR LE TITRE, REMARQUES SUR CHAQUE ARTICLE.

 J’admire aussi qu’ils s’élèvent si fort, et avec tant de chaleur et d’animosité, contre une personne qui ne les a jamais ni attaqués, ni nui en aucune chose, mais qui pourrait peut-être bien leur nuire s’ils m’avaient irrité ;

  Correspondance, année 1649, A Monsieur CHANUT, 25 mai 1649. (Les éditions contemporaines datent cette lettre du 31 mars 1649 et la considèrent comme étant adressée à Brasset.).

 Je prie Dieu que la fortune de la France surmonte les efforts de tous ceux qui ont dessein de lui nuire.

 

descartes

« ou par d'autres pareils sujets, qui, ne pouvant nous nuire en aucune façon, semblent chatouiller notre âme en la touchant. LES PASSIONS DE L'AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 142. Car, lorsque la haine est juste, elle ne nous éloigne que du sujet qui contient le mal dont il est bon d'être séparé, au lieu quel'amour qui est injuste nous joint à des choses qui peuvent nuire, ou du moins qui ne méritent pas d'être ‘tant considérées par nousqu'elles sont, ce qui nous avilit et nous abaisse. LES PASSIONS DE L'AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 143. Car, en tant qu'elles excitent en nous le désir, par l'entremise duquel elles règlent nos moeurs, il est certain que toutes celles dontla cause est fausse peuvent nuire, et qu'au contraire toutes celles dont la cause est juste peuvent servir, et même que, lorsqu'ellessont également mal fondées, la joie est ordinairement plus nuisible que la tristesse, parce que celle-ci, donnant de la retenue et dela crainte, dispose en quelque façon à la prudence, au lieu que l'autre rend inconsidérés et téméraires ceux qui s'abandonnent àelle. LES PASSIONS DE L'AME, SECONDE PARTIE, ARTICLE 148. Or, d'autant que ces émotions intérieures nous touchent de plus près, et ont par conséquent, beaucoup plus de pouvoir sur nousque les passions, dont elles diffèrent, qui se rencontrent avec elles, il est certain que, pourvu que notre âme ait toujours de quoi secontenter en son intérieur, tous les troubles qui viennent d'ailleurs n'ont aucun pouvoir de lui nuire ; LES PASSIONS DE L'AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 197. Car, lorsque le mal dont nous sommes indignés ne nous peut nuire, et que nous considérons que nous n'en voudrions pas faire desemblable, cela nous donne quelque plaisir ; LES PASSIONS DE L'AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 199. La colère est aussi une espèce de haine ou d'aversion que nous avons contre ceux qui ont fait quelque mal, ou qui ont tâché denuire, non pas indifféremment à qui que ce soit, mais particulièrement à nous. Correspondance, année 1638, Au R.

P.

MERSENNE, 8 octobre 1638.

(Les éditions contemporaines retiennent comme date le 11 octobre 1638). comme en effet, à cause qu'il n'est vrai que d'un seul cas, il y peut plutôt nuire qu'y servir, lorsqu'on veut chercher généralementce qui en est. Correspondance, année 1640, A MONSIEUR ***, Sans date.

(Les éditions contemporaines datent une partie de cette lettre du 14 novembre 1640). Pour moi, avant que je vinsse en ce pays pour y chercher la solitude, je passai un hiver en France à la campagne où je fis monapprentissage, et si j'étais engagé en quelque train de vie dans lequel mon indisposition ne me permit pas de persister longtemps,je ne voudrais point dissimuler cette indisposition, mais plutôt la faire paraître plus grande qu'elle ne serait, afin de me pouvoirdispenser honnêtement de toutes les actions qui lui pourraient nuire, et ainsi, prenant mes aises peu à peu, de parvenir par degrésà une entière liberté. Correspondance, année 1641, A Monsieur REGIUS, 11 mai 1641. car je suis du sentiment de ceux qui disent que l'homme ne comprend point par le moyen du corps et l'argument par lequel voustâchez de prouver le contraire ne me fait aucune impression, car quoique le corps empêche quelques fonctions de l'âme, il ne peutnéanmoins lui être d'aucun secours pour la connaissance des choses immatérielles, et il ne peut en cette occasion que lui nuire. Correspondance, année 1642, A MONSIEUR *** (Monsieur de Zuytlichem), 8 octobre 1642.

(Les éditions contemporaines datent cette lettre du 10 octobre 1642.). car je crois qu'ils pourraient préparer les esprits à recevoir d'autres opinions que celles de l'école, et je ne crois pas qu'ilspuissent nuire aux miennes.. »

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