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Regards sur l’étranger Blaise CENDRARS

Publié le 24/03/2020

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Regards sur l’étranger

Blaise CENDRARS

1887 - 1961

Les Pâques à New York (1912)

Seigneur, la foule des pauvres pour qui vous fîtes le Sacrifice Est ici, parquée, tassée, comme du bétail, dans les hospices.

D’immenses bateaux noirs viennent des horizons

Et les débarquent, pêle-mêle, sur les pontons.

Il y a des Italiens, des Grecs, des Espagnols,

Des Russes, des Bulgares, des Persans, des Mongols.

Ce sont des bêtes de cirque qui sautent les méridiens.

On leur jette un morceau de viande noire, comme à des chiens.

C’est leur bonheur à eux que cette sale pitance,

Seigneur, ayez pitié des peuples en souffrance.

(extrait)

Pierre VIANSSON-PONTÉ

1920 - 1979

Des jours entre des jours (1974)

[...] Le racisme n’est qu’un des éléments - le plus sensible peut-être, non le plus grave au fond — du sort des immigrés. La honte, c’est, plus encore, la situation matérielle qui leur est faite. Ils sont importés comme les animaux du zoo et souvent moins bien logés qu’eux. Ils assument les tâches les plus rebutantes, les métiers les plus durs et, parfois, les plus malsains, ceux dont les Français ne veulent plus. Ils sont payés juste assez pour que, du fond de leur misère, dans leurs douars écrasés de soleil et leurs villages aux terres arides, d’autres, malheureux comme eux, rêvent de devenir, à leur tour, manœuvres chez Renault, mineurs dans le Pas-de-Calais, éboueurs à Paris, cet eldorado.

Parqués, rejetés, condamnés à la solitude, ils sont des victimes de choix pour les petits chefs les plus hargneux, la bureaucratie la plus

« VISAGES DE ~INCONNU 1 tatillonne, la police la plus soupçonneuse, qui les suspecte a priori de tous les vols et de tous les viols, bien que, parmi eux, le taux de crimi- 15 nalité soit légèrement inférieur, oui, inférieur à la moyenne nationale.

Perdus dans un monde où les coutumes, les mœurs, et souvent la langue, leur sont étrangères, trop peu reçoivent une formation, une instruction, une initiation à notre langage, sauf pour les chanceux qui bénéficient d'une aide bénévole et bien insuffisante encore.

Des jours entre des jours, Éd.

Stock.

Tahar BEN JELLOUN né en 1944 ,, Au commencement, la xénophobie: l'étranger n'est pas accepté.

On ne donne pas forcément de raisons.

On parle à la rigueur d'in­ compatibilité; on invoque le « seuil de tolérance».

En fait, on se sent menacé dans son petit bonheur, car on s'est installé dans un territoire s de certitudes.

À l'ouverture sur les autres, on préfère la méfiance.

Cette hostilité à tout ce qui vient de l'étranger, quand elle est exaspérée, devient de la haine, l'ignorance et le manque d'information aidant.

Le glissement vers le racisme affiché, vers le « racisme militant», se fait aisément en des moments de crise socio-économique et politique.

10 I.:Autre devient l'indésirable parce qu'il a le tort de renvoyer à la société où il est de passage une image où elle ne se reconnaît pas.

Le Noir aux États-Unis est l'image qui indispose une mentalité satisfaite et encombrée de préjugés.

C'est une question de couleur de peau, de faciès; une question d'apparence.

I.:Autre est refoulé sur simple pré- 15 sentation de son visage.

Tout l'irrationnel du racisme est là: la haine de l'Autre à partir d'une question d'épiderme! Le Monde, « Dossiers et documents», mars 1978.

• En vous appuyant sur les trois textes, dégagez les caractéristiques physiques, rho ra les et sociales de l' «Autre».

Qu'en déduisez-vous? 1 • Quels reproches fait-on à« l'étranger»? l •, 1ar quels moyens chaque auteur essaie+il de sensibiliser le lecteur? > Groupement de textes: voir 40 -58 -59.

88. »

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