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Ressource gratuite : La connaissance scientifique progresse-t-elle par l'accumulation des faits ?

Publié le 22/07/2010

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scientifique

Pour aboutir à une connaissance scientifique il faut préalablement émettre une hypothèse qui propose une réponse probable à un questionnement survenu par l'observation de faits divers et qui sera, par la suite, elle-même appuyée par des exemples et des expériences concluantes. Elle devra pourtant avoir une universalité dans le sens qu’elle envisage et anticipe toutes les réactions possibles de l’objet qu’elle se propose d’étudier. On peut donc se demander : « La connaissance scientifique progresse-t-elle par l’accumulation des faits ? « Peut on penser que les faits établissent des théories alors que rien ne permet d’affirmer que ceux choisis, par le scientifique lui-même, sont suffisants ?  Nous verrons, premièrement, que l’élaboration d’une hypothèse est permise par les faits.  Deuxièmement, nous montrerons que l’accumulation de preuves n’est pas une condition suffisante.  Finalement, nous chercherons ce qui permet à un scientifique d’interpréter ses observations en théories.    Qu’est ce qui permet d’établir une hypothèse ? On doit observer autour de nous suffisamment pour pouvoir remarquer que régulièrement des évènements semblables se produisent dans des circonstances similaires. En effet, pour être interpellé et remarquer une singularité il faut pour cela être capable de se rendre compte que cela ne rentre pas dans le cour habituel des choses. Pour se faire, il faut comme le dit Hume que la nature soit « uniforme «, c’est à dire qu’à chaque cause doit correspondre un effet : toujours le même (par exemple : le sucre de dissout dans l’eau chaude). Il semble évident que si un phénomène en entrainait toujours un autre nous serions alors dans l’incapacité de créer un raisonnement de causalité. C’est pour cela que l’observation d’un évènement, qui revient à chaque fois que s’est produit un autre, précisément, est importante et stimule notre capacité à inférer. Ainsi, observer des faits qui s’accumulent, qui abondent, nous permet d’atteindre une certaine compréhension et de formuler une hypothèse qui devra être ensuite appuyer par d’autres faits ainsi que le recensement de tout ce qui a pu permettre au théoricien d’arriver à cette conclusion.  Le « fait « peut aussi être défini comme une sorte de postulat irréfutable (« c’est un fait, c’est irrévocable «) ainsi, de postulat en postulat, le scientifique peut aussi arriver à l’achèvement d’une théorie. Cela nous rappelle en effet le raisonnement mathématique qui, à partir de théorèmes démontrés et de règles de calculs apprises, nous amène à résoudre des équations avec des inconnues ou, même encore, à trouver de nouveaux théorèmes. Ainsi, l’accumulation de postulats peut permettre de démontrer et d’atteindre une connaissance scientifique. De plus de théories en théories, de postulats en postulats on peut faire progresser une science, et faire agrandir le domaine de connaissance (par exemple, on doit apprendre des règles de grammaire pour en comprendre d’autre pour parvenir à une meilleure maîtrise d’une langue). Cependant, on ne peut pas réduire l’établissement de connaissances à la simple apparition successive d’évènements similaires ou différents.    Comme dit précédemment, les faits doivent toujours arriver comme conséquence d’une autre pour qu’on puisse établir un lien de causalité. De plus, l’esprit humain doit être capable d’inférer, de remarquer et d’être donc doté d’une curiosité ainsi que de la volonté de raisonner son monde et de le comprendre. En effet, l’Homme veut anticiper et savoir ce qui causera quoi (but de la connaissance). Cependant, rien ne peut prouver qu’il n’y aura jamais un évènement qui viendra contredire la théorie élaborée. On peut imaginer que la preuve qui viendra appuyer une réfutation pourrait apparaître dans l’avenir, on peut se baser sur les évènements passés, présents mais pas sur ceux du futur. L’accumulation des faits ici, n’est donc pas concluantes et ne peut rien prouver.  Avant cela, on peut aussi faire remarquer que des théories valables, qui ont été appliquées et qui ont été considérées comme vraies, universelles se sont retrouvées, par la suite, démenties et contredites (théories de la chute des corps d’Isaac Newton, de la géométrie euclidienne). Ainsi, les faits considérés comme des postulats sont remaniés et les théories retravaillées. Les théories précédemment démontrer ne permettent donc pas d’en former des nouvelles mais sont, au contraire, contredites et réfuter. En effet, de même qu’on ne peut prévoir les faits à venir on ne peut pas, non plus, toujours anticipé les arguments de la réfutation future, qui sera de plus aidée par l'apparition ou l’observation de nouveaux faits.  L’élaboration d’une théorie étant déjà rendue difficile par l’incapacité de former une vérité universelle (chacun ayant sa propre vérité), ce qui, en plus, alimente une certaine frustration des scientifiques de savoir qu’ils ne pourront jamais atteindre une vérité absolue alors qu’il dédie leur vie à cette recherche. Ainsi même Albert Einstein qui réfuta la théorie d’Isaac Newton, qui jusque là faisait référence, prédit que la sienne le serait surement à son tour.  Cependant, on doit faire remarquer que les scientifiques qui ont réfuté les théories de leurs prédécesseurs avait un avantage sur eux : il savait plus ou moins ce qu’il cherchait. On peut en effet penser qu’il est plus facile de trouver une faille dans une théorie et de l’exploiter plutôt que de créer une théorie à partir de rien.    L’élaboration d’une théorie suppose l’observation des évènements et l’utilisation de postulats préalablement approuvés. Cependant, ces derniers peuvent être utilisés même si le scientifique sait qu’à tout postulat peut-être trouver une réfutation. Le scientifique choisirait donc de préserver ce postulat (dont l’application, même s’il sait que la théorie est fausse, est efficace) afin de construire un raisonnement dont il envisageait, dès l’abord, l’aboutissement. De même, l’observation d’un fait et la déduction d’une causalité est difficile si l’observateur ne le regarde pas dans le but de trouver quelque chose, qu’il peut même penser connaître. Il ne faut pas non plus oublier que le scientifique (comme tout être doué de conscience) ne s’émancipe jamais réellement de sa subjectivité. L’observation seule ne suffit donc pas.  De même que pour nombres de domaines, le scientifique relie des éléments entre eux selon une certaine subjectivité (bien que les sciences expérimentales sont après les mathématiques les sciences les plus objectives) et donne donc un sens, une hiérarchie aux évènements pour qu’ils expriment une idée, une conclusion. A partir de nombreux faits (qui sont indénombrables) il met en relief seulement certains qui lui permettront petit à petit d’aboutir à des règles, des théories générales (même si elles ne sont pas irréfutables).  Le scientifique ordonne donc les évènements par rapport à son idée propre du raisonnable et de la vérité. L’accumulation des faits n’est donc pas utile si le scientifique ne les ordonne pas par rapport à sa théorie (pas encore développée, ni prouvée mais souvent pressentie).    L’accumulation des faits reste indispensable à l’élaboration d’une théorie mais n’est pas suffisante et peut parfois même être un frein à la progression de la science, celle-ci exigeant la vérification incessante des théories précédentes. De plus, l’accumulation n’aurait aucun sens si elle n’était pas ordonnée par rapport à une théorie, à une hypothèse ou à la subjectivité du scientifique.  Pourquoi l’esprit humain, malgré l’impossibilité d’atteindre une vérité universelle, intemporelle et qui serait plus qu’adéquat à la réalité, cherche-t-il toujours à trouver des solutions et des réponses ?

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