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La connaissance scientifique se fait-elle par accumulation des faits ?

Publié le 23/09/2005

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Ces procédures ne sont pas accessoires, mais bien constitutives de la démarche scientifique.« Déjà l'observation, faisait remarquer Bachelard, a besoin d'un corps de précautions qui conduisent à réfléchir avant de regarder, qui réforment du moins la première vision, de sorte que ce n'est jamais la première observation qui est la bonne. L'observation scientifique est toujours une observation polémique : elle confirme ou infirme une thèse antérieure, un schéma préalable, un plan d'observation ; elle montre en démontrant; elle hiérarchise les apparences ; elle transcende l'immédiat ; elle reconstruit le réel après avoir reconstruit ses schémas. Naturellement, dès qu'on passe de l'observation à l'expérimentation, le caractère polémique de la connaissance devient plus net encore. Alors, il faut que le phénomène soit trié, filtré, épuré, coulé dans le moule des instruments, produit sur le plan des instruments. Or les instruments ne sont que des théories matérialisées. Il en sort des phénomènes qui portent de toutes parts la marque théorique. »■ Ainsi que l'écrit G. Canguilhem, « bien loin qu'un fait perçu ou observé soit, du seul fait qu'il est perçu et observé, un argument pour ou contre une hypothèse, il doit d'abord être critiqué et reconstruit de façon que sa traduction conceptuelle le rende logiquement comparable à l'hypothèse en question [...] Seuls les faits réformés apportent des informations » (« Leçons sur la méthode », in Bourdieu et al.
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« 3.

Les faits, vérifications de théories? a) Un exemple classique Des fontainiers, à Florence, sont surpris par un fait auquel leur pratique les rend sensibles : l'eau ne franchit pas unecertaine hauteur-limite, dans une pompe aspirante.

C'est un fait étrange, pittoresque, etc., pas encore un faitscientifique.

Il le devient lorsque Torricelli, puis Pascal, font l'hypothèse théorique que la hauteur du liquide est enparticulier proportionnelle à la pression de l'atmosphère, et qu'ils cherchent alors des faits susceptibles de contrôler,vérifier ou infirmer, cette idée : par exemple, Pascal imagine de faire la même expérience au pied et au sommetd'une montagne (le puy de Dôme), pour « voir » si la hauteur du liquide reste ou non la même lorsque la pression del'atmosphère varie. b) Une interprétation discutable On a l'impression de se trouver maintenant en présence d'une situation simple.

D'un côté l'hypothèse théorique(elle-même inscrite dans une théorie plus vaste : l'hydrostatique, la mécanique des fluides, articulée à la mécaniquedes solides).

De l'autre, un fait scientifiquement élaboré, donc capable d'apporter des informations pertinentes.

Maisquelles informations ? Dire que la théorie est confirmée par les faits paraît d'abord aller de soi (même s'il faut comprendre : des faits).

Onne confirme que ce qui, d'une certaine façon, est déjà établi, et la théorie, en effet, précède toujours le fait (dumoins une théorie scientifique détermine-t-elle toujours consciemment les faits susceptibles d'être porteursd'informations pour elle).

Lorsque, le 19 septembre 1648, l'expérience du puy de Dôme est faite, l'hypothèse sembledéfinitivement confirmée. Mais, en toute rigueur, l'est-elle vraiment ? Quand bien même on multiplierait et accumulerait les faits, aussisolidement construits qu'ils soient, a-t-on réellement, logiquement, le droit de passer de ces faits à des propositionsuniversellement valables ? Car qu'est-ce qui nous prouve qu'un fait ne viendra pas contredire les autres ? Bien plus,rien ne peut assurer qu'une autre théorie, plus simple, plus intéressante, n'expliquerait ou n'expliquera pas mieux lesfaits en question que celle qu'on croyait confirmée par eux. c) La théorie scientifique est une théorie. »

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