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Sens et irrationnel

Publié le 29/06/2010

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1. HUMANITE DU SENS

Seul l'homme donne un sens à l'univers, affirme  Merleau-Ponty (1908/1961).

Quelle que soit la signification du mot sens, c'est toujours à l'humain qu'il renvoie. • Que serait le bleu du ciel que je contemple (= traduction par le sens humain de la vue de certaines intensités lumineuses) sans un sujet percevant et conscient ? • Le sens d'une étoffe (= la disposition de ses éléments) suppose un sujet orienté pour lequel les directions spatiales ne soient pas équivalentes. • Le sens d'une phrase, enfin, c'est son propos, le message qu'elle transmet à partir d'un certain point de vue sur le monde (cf. Phénoménologie de la perception, IIIe partie, 1945).

2. LE SENS COMME RAISON

* L'au-delà de la raison (Pascal).

« La dernière démarche de la raison est de reconnaître qu'il y a une infinité de choses qui la surpassent «, écrit  Pascal (Pensées, 1669) : l'homme ne peut connaître le sens de toutes choses.

* Le principe de raison suffisante (Leibniz).

La philosophie de Leibniz (1646/1716) — préfigurant en cela l'optimisme des Lumières — postule, tout au contraire, que « rien ne se fait sans raison suffisante, c'est-à-dire, que rien n'arrive sans qu'il serait possible à celui qui connaîtrait assez les choses, de rendre une raison qui suffise pour déterminer pourquoi il en est ainsi et non pas autrement « (Principes de la nature et de la grâce fondés en raison, 1714).

3. LE SENS COMME INTENTION DISSIMULEE

Le sens, pour le psychanalyste, c'est l'intérêt que constituent tel acte manqué, tel rêve ou tel symptôme du point de vue de l'économie psychique (= épargne de souffrance morale ; expression détournée d'un désir inconscient, etc.). « Lorsque nous parlons du "sens" d'un processus psychique, écrit  Freud, ce "sens" n'est pour nous autre chose que l'intention à laquelle il sert et la place qu'il occupe dans la série psychique. Nous pourrions même, dans la plupart de nos recherches, remplacer le mot "sens" par les mots "intention" ou "tendance" « (Introduction à la psychanalyse, 1916/1917).

4. L'IRRATIONNEL COMME ABSENCE DE SENS

Les sujets de dissertation gravitant autour de la notion d'irrationnel font généralement référence aux deux questions suivantes...

* Les déviations de la raison. La déraison, la folie, se signale, en effet, comme une conduite dénuée de sens. Ainsi, comme l'écrit Freud, les obsessions d'un malade mental paraissent-elles — au moins au premier examen — « soit immotivées, soit absurdes « (Cinq leçons sur la psychanalyse).

* L'irréductible à la raison : le problème du mal. Comment considérer que le monde est rationnel (et, en particulier, comment considérer qu'il a été conçu par un Etre intelligent), alors qu'on y peut constater tant d'imperfections : imperfections imputables non seulement à des actions humaines mal intentionnées (= mal moral), mais aussi à des productions monstrueuses de la nature (= mal métaphysique) ainsi qu'à la souffrance physique (= mal physique). • La souffrance — même si elle joue parfois un rôle d'alerte biologique — paraît échapper à toute raison, semble proprement insensée.

 

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