Devoir de Philosophie

sexualité, histoire de la

Publié le 10/04/2013

Extrait du document

histoire
1 PRÉSENTATION

sexualité, histoire de la, histoire des comportements conjugaux et des pratiques sexuelles, qui se définissent à l’aune de l’évolution des mœurs et de leur codification.

Au cours de l'histoire, chaque civilisation a représenté ou occulté, de manière différente et spécifique, la sexualité et l'amour, et il a fallu attendre les années 1960-1970 et la « libéralisation des mœurs « pour que se développe un réel intérêt pour l'histoire de la sexualité, en particulier grâce aux travaux pionniers de Michel Foucault (Histoire de la sexualité, 1976).

L’histoire de la sexualité est d’autant plus difficile à entreprendre que, d'une part, dans les sociétés anciennes, ce qui touche à l'amour et à la sexualité est toujours très discret, caché dans la sphère du privé et que, d'autre part, pendant des siècles, des penseurs et chercheurs ont pu occulter — voire détruire — des documents jugés obscènes, relatifs à une histoire considérée indigne d'intérêt.

2 LA SEXUALITÉ DANS L'ANTIQUITÉ
2.1 Les pratiques extraconjugales

Il serait faux d'opposer une société gréco-romaine non répressive à l'égard de la sexualité et une société chrétienne postérieure qui aurait instauré le péché. Les interdits ne manquent pas dans les sociétés antiques : ainsi, il est inconvenant à Rome de faire l'amour pendant la journée ou sous un éclairage quelconque et avec une femme complètement nue.

Néanmoins, le recours à la prostitution est fréquent durant l’Antiquité et tous les milieux bénéficient du commerce des charmes féminins : des maisons closes pour les prostituées de conditions inférieures, aux salons des hétaïres grecques dans lesquels se rencontrent les hommes politiques. À Rome, une législation tend à limiter ce commerce : taxation des meretrices, obligées de déclarer leur métier et de se vêtir de manière reconnaissable, notamment de se coiffer d’une perruque blonde.

De fait, de nombreux documents évoquent librement l’homosexualité. En Grèce, ce qui est sans doute répandu, accepté et même souhaité, c'est la passion (qui est aussi passion sexuelle) d’un homme mûr pour un jeune éphèbe. La pédérastie est tout autant légitimée lorsque le maître est l’unique actif et prend seul du plaisir avec un(e) esclave qui doit accepter ce rôle d'objet sexuel.

2.2 L’amour conjugal

Ceci étant, le couple hétérosexuel demeure une référence dans l'Antiquité. En Grèce, il existe de très grands écarts d'âge entre la jeune mariée et son époux ; Aristote conseille vingt ans de différence, ce qui entraîne nécessairement un mariage très précoce des filles, peut-être vers dix ou douze ans ; dans la Politique (livre VII, chap. 16), le philosophe grec témoigne de cet usage en expliquant que « dans les cités où c'est la coutume de marier de bonne heure les jeunes gens et les jeunes filles, [ceux-ci] ont le corps imparfaitement développé et de petite taille. Ajoutons qu'au cours de l'accouchement, les trop jeunes épouses souffrent davantage et meurent en grand nombre «. Il est clair que, dans la Grèce classique, la nubilité (l’âge auquel il est possible de se marier) précède bien souvent la puberté. Comment, dans ces conditions, la jeune fille grecque peut-elle être sexuellement mûre ? Comment peut-elle vivre sa sexualité ?

Bisexuels, les Romains accordent une grande importance à la conjugalité, qui s’accroît encore sous l’Empire. Au sein du couple romain, le coït interrompu semble peu répandu ; mais la femme se lève rapidement après l'acte sexuel ou se lave, car ces pratiques apparaissent comme de bons moyens anticonceptionnels. Les Romaines emploient aussi des pessaires (anneau placé dans le vagin) et absorbent des potions, aux effets toutefois limités.

3 LA SEXUALITÉ AU MOYEN ÂGE
3.1 L’apologie de la chasteté

Préparé par les idées stoïciennes insistant sur la maîtrise de soi, avec la naissance du christianisme apparaît un nouveau discours sur le corps. La faute commise par Adam et Ève devient rapidement l'acte charnel, déconsidéré par l’Église. Progressivement, au cours du Moyen Âge se met en place un clivage essentiel entre les prêtres et le reste de la société. Les premiers — ayant reçu l'ordre de la prêtrise (un des sept sacrements) — sont considérés, de par leur vœu de chasteté, comme supérieurs et proches du sacré et sont chargés d'assurer la reproduction spirituelle de la société. Les seconds, les laïcs jugés inférieurs puisqu’ayant commerce charnel, ont pour rôle sa reproduction biologique.

L'Église semble donc apporter une définition de la société qui repose exclusivement sur le critère de la sexualité ; l'état matrimonial est perçu comme inférieur à l'état clérical mais, comme l'affirme saint Paul, « mieux vaut se marier que de brûler « (Première Épître aux Corinthiens, 7, 9) ; c'est pourquoi l'Église reconnaît la nécessité de sceller des noces et ainsi de conserver ses ouailles des dérives hérétiques.

3.2 Une codification de la sexualité dans le mariage

Dans ce cadre, en particulier avec la mise en place de la Réforme grégorienne (xie siècle), la politique de l'Église prend deux directions : résorber le nicolaïsme (mariage et concubinage des prêtres) et essayer de circonscrire l'acte sexuel à la sphère conjugale, car la procréation ne peut effectivement se faire que dans ce cadre. Le mariage, septième et dernier sacrement reconnu officiellement en 1178, doit être unique (monogamique), indissoluble, consensuel et très fortement exogamique (se réaliser au-delà du septième degré de parenté). L'Église ne se contente pas d’imposer le mariage ; à l'intérieur de celui-ci, elle tente de mettre en place un contrôle de l'acte sexuel. En effet, les moralistes — en s'appuyant sur l’Ecclésiaste 3, 5 : « Il est un temps pour chaque chose […] un temps pour aimer et un temps pour haïr […] un temps pour embrasser et un temps pour fuir les embrassements « — précisent les moments de l'année durant lesquels les époux peuvent s’étreindre.

Les pénitentiels du haut Moyen Âge — le plus célèbre étant le Decretum de Burchard de Worms (rédigé entre 1008 et 1012) — tarifient les pénitences à accomplir pour chacun des péchés commis ; ils sont d’une grande richesse sur les pratiques sexuelles de l'époque et les interdictions imposées par l'Église. Les clercs demandent que l'homme et la femme s'abstiennent de relations sexuelles au cours des principaux temps de la liturgie : le dimanche, le mercredi et le vendredi, les trois périodes de carême (40 jours avant Pâques, Noël et la Pentecôte) et pendant de très nombreux jours de fêtes de saint. L'Église multiplie également les temps de continence des époux : lorsque la femme a ses menstrues, est enceinte ou après l'accouchement ; il faut attendre les « relevailles « (40 jours après la naissance), voire éviter les relations pendant l'allaitement car elles peuvent corrompre le lait, pour revenir aux périodes propices aux relations sexuelles. Il convient pourtant de différencier les prescriptions ecclésiastiques et la réalité des comportements des chrétiens, même si celle-ci échappe en grande partie aux chercheurs, faute d'une documentation suffisante. Mais, selon les calculs de l’historien Jean-Louis Flandrin, si les chrétiens avaient respecté scrupuleusement les interdits ecclésiastiques, leurs rapports sexuels auraient été entre 1,8 et 3,7 jours par mois.

D'autres condamnations ecclésiastiques pèsent sur le couple marié. Les clercs pensent qu'un mari ne doit pas manifester trop de passion pour son épouse et citent saint Jérôme qui qualifie d’« adultère « le mari qui étreint sa femme avec trop de passion, car c'est un signe évident qu'il n'aime cette dernière que pour son propre plaisir : « Rien n'est plus infâme que d'aimer une épouse comme une maîtresse «.

3.3 Les « écarts sexuels «

L'Église condamne donc l'adultère, plus gravement encore lorsqu'il est commis avec l'épouse du voisin ou consommé avec une juive, une païenne ou une femme de condition servile. Dans ce dernier cas, si l'union débouche sur la naissance d'un enfant, le pénitentiel oblige le mari à affranchir la femme et / ou l'enfant. Certains prévoient la répudiation d'épouses pour cause d'adultère car, comme le souligne Philippe de Novare au milieu du xiiie siècle, lorsque les femmes « font folie et vilenies de leur corps «, non seulement elles « se déshonorent et s'avilissent elles-mêmes mais salissent également leur lignage «. Dans cet acte de chair extra-conjugal, ce n'est pas seulement le couple qui est menacé, mais l'ensemble des membres de la famille sur qui l'opprobre rejaillit.

L'Église se bat également contre tout ce qui est jugé crime contre-nature ou bestial. En particulier une lourde condamnation pèse sur l'homme qui utilise une partie du corps de sa femme pour autre chose que sa fonction : coït anal ou commerce oral. Ces pratiques sont condamnées pour deux raisons essentielles. La première repose sur l'idée que Dieu a créé chaque partie du corps pour une fonction bien particulière ; il a ordonné les organes et les processus sexuels à la procréation et à la procréation uniquement. La seconde raison qui explique ces condamnations « contre-nature « tient à l'importance accordée au crime d'Onan, à qui Dieu a donné la mort pour avoir répandu son sperme sur le sol afin d'éviter de copuler avec la femme de son frère (Genèse, 38, 6-10) ; à l'intérieur du mariage, la masturbation est également le signe d'une recherche de plaisir sans volonté de procréer.

Dans ce contexte, seule la position du missionnaire (femme étendue sur le dos et homme la surmontant) est acceptée et toutes les autres formes d'accouplement sévèrement condamnées : sodomie, fellation, position mulier super virum et position retro (lesquelles placent la femme dans une position active, dominatrice) ou position more canino, « à la manière des chiens «. Les textes canoniques comme les ouvrages médicaux des époques médiévale et moderne assurent aux chrétiens que s'ils adoptent ces positions ou ces pratiques, s'ils ont des relations charnelles en dehors des temps prescrits par l'Église, ils donneront naissance à des enfants contrefaits, lépreux, infirmes ou monstrueux. Ces raisons sont également invoquées pour expliquer la très forte condamnation de l'homosexualité jugée par l'Église comme une perversion et une maladie — ce qui n'exclut pas, en particulier dans les milieux cléricaux, des pratiques homosexuelles.

3.4 Contraception et avortement

Comme leurs ancêtres de l'Antiquité, les couples du Moyen Âge ont sans doute pratiqué contraception et avortement. Tout au cours de la période médiévale, l'Église lutte contre ces deux pratiques qui visent à aller à l'encontre de la nature d'essence divine, laquelle est nécessairement bonne.

Dans les pénitentiels du haut Moyen Âge sont mentionnées des potions magiques que certaines femmes absorbent pour éviter d'être enceintes. Ainsi, Burchard de Worms écrit encore : « As-tu fait comme beaucoup de femmes, elles prennent leurs précautions pour ne pas concevoir […] avec les maléfices et les herbes « ; l’auteur se montre particulièrement sévère envers ces pratiques puisqu'il préconise, comme pour un homicide, sept ans de pénitence. La contraception permet, dans les milieux aisés, de limiter le nombre d'héritiers et, dans les milieux populaires, de réduire le nombre de bouches à nourrir. Mais sans doute, la majorité des couples ne peut guère contrôler de manière efficace le nombre de naissances.

L'avortement est également attesté : les documents ecclésiastiques dénoncent l'utilisation à des fins abortives de « poisons de stérilité « (graines de fougère ou de gingembre ; feuilles de saule, d'épidème, de rue ; mélanges d'aloès, persil, fenouil ou encore bains de camomille). Les condamnations de l'avortement au Moyen Âge sont très sévères. Cependant, deux critères modifient les peines qu'encourent ceux et celles qui se livrent à une interruption volontaire de grossesse : le contexte de la conception et l'âge du fœtus. En effet, le législateur distingue toujours nettement la femme qui a agi dans le plus grand dénuement, de la fornicatrice cherchant à celer son crime, laquelle est jugée plus sévèrement. Le législateur tient compte également du degré de développement du fœtus, comme l’illustre le pénitentiel de Bède du viie siècle : « La mère qui tue l'enfant qu'elle porte dans son sein avant le quarantième jour après la conception jeûnera pendant un an, et après le quarantième jour, pendant trois ans. «

4 LA SEXUALITÉ SOUS L’ANCIEN RÉGIME
4.1 Chasteté et pudeur

Au cours de l'ensemble de l'époque moderne, du fait de l'emprise toujours très forte du christianisme, la situation ressemble beaucoup à celle de l'époque médiévale, que ce soit dans les milieux catholiques ou protestants. Citons, à titre comparatif, saint François de Sales (catholique) qui, dans l'Introduction à la vie dévote (1608), écrit : « La procréation des enfants est la première et la principale fin du mariage « et le puritain Richard Allestre, dans The Whole Duty of Man (1663) qui pense que les fins du mariage sont au nombre de deux : « la procréation des enfants et la lutte contre la fornication «.

Si le Moyen Âge a été soumis à deux lignes de force — refus du plaisir et obligation de procréer —, l'époque moderne accentue encore ce discours et surtout, aux xvie et xviie siècles, se développe une très grande valorisation de la chasteté et de la pudeur : tout baigneur doit garder sa chemise (ce qui va de pair avec un refus de l'eau) car la nudité doit se cacher, chez les protestants de la Réforme comme chez les catholiques de la Contre-Réforme. Les artistes jettent donc des draperies ou des feuilles de vignes sur les nus de la Renaissance. De même, la prostitution est pourchassée et les lupanars sont fermés dans de nombreuses villes. À Paris, selon une ordonnance de 1635, les prostituées doivent dorénavant subir la flagellation et le bannissement. Puis, avec l’apparition des hôpitaux généraux, elles sont systématiquement traquées et enfermées.

4.2 Pratiques prénuptiales et limitation des naissances

Quelques changements se font jour au sein du couple. L'âge nubile étant de plus en plus tardif (de 25 à 28 ans), il existe dorénavant un intervalle moyen d'une dizaine d'années entre la puberté et le mariage. Par conséquent se développent en Europe des pratiques prénuptiales, parfois autorisées par les parents, qu'on appelle en France « albergement « ou « créantailles «. L'Église lutte farouchement contre ces pratiques, surtout après le concile de Trente (1545-1563), et au xviie siècle, les jeunes gens qui se livrent à des relations de ce type avant le mariage sont menacés d’excommunication.

Dès la fin du xviie siècle, de nombreuses familles des classes supérieures des grandes villes (comme à Paris ou à Rouen) pratiquent la limitation volontaire des naissances avec efficacité ; contraception qui se répand au siècle suivant, touchant même les villages si l'on en croit les propos de Moheau dans ses Recherches et considérations sur la population de la France, publiées à Paris en 1778 : « Déjà les funestes secrets inconnus à tout animal autre que l'homme ont pénétré dans les campagnes : on trompe la nature jusque dans les villages. « Cette baisse de la fécondité s'accompagne, surtout à partir de 1750, d'un essor des naissances illégitimes.

5 LA SEXUALITÉ À L’ÉPOQUE CONTEMPORAINE
5.1 Sciences et médecines au service de la sexualité

À partir de la fin du xviiie siècle, l'onanisme est particulièrement traquée par l’Église mais aussi dans les milieux médicaux : en 1760, Tissot publie Onanisme ou dissertation physique sur les maladies produites par la masturbation. L’Église encourage ses prêtres à interroger leurs ouailles, surtout les jeunes célibataires, pour qu'ils confessent s'être masturbés. Alors que l’onanisme devient une véritable obsession dans les milieux bourgeois, il semble relativement toléré dans les milieux populaires.

De même, si, dans la première moitié du xixe siècle, « le plus vieux métier du monde « (la prostitution) s’adresse essentiellement (dans les bordels) aux classes laborieuses, dans la seconde moitié du même siècle, il concerne également la population bourgeoise. Ces pratiques ont des conséquences très néfastes puisque la syphilis se développe et devient une véritable hantise dans les classes aisées de la fin du siècle. Aussi, afin de limiter la propagation des maladies vénériennes, les États européens cherchent-ils à contrôler le commerce des maisons closes : pour exemple, au milieu du xixe siècle, l’Angleterre promulgue les « Contagions Disease Preventions Acts « (examen médical imposé aux prostituées résidant près des zones militaires) ; loi mal appliquée, elle tombe bientôt en désuétude.

À la fin du xixe siècle, une révolution démographique se manifeste dans les pays industrialisés, particulièrement en France, grâce à une maîtrise de plus en plus facile de la conception : la mise en place de pratiques abortives efficaces ayant pour conséquence une baisse très sensible de la natalité. Les procédés contraceptifs utilisés sont le traditionnel coït interrompu mais également des seringues pour douches postcoïtales et le condom (ou préservatif) ; puis, au début du xxe siècle, les diaphragmes vaginaux se multiplient. L'usage des contraceptifs incite les couples à mieux prendre conscience de leur sexualité en dissociant l'acte sexuel de la procréation.

5.2 Vers la fin des tabous ?

Incontestablement, à partir de la seconde moitié du xixe siècle, un certain nombre de tabous reculent. Les documents commencent à parler du sexe et des plaisirs de la chair. Le baiser sur la bouche — qui était encore considéré comme une marque d'impudeur et une obscénité — est progressivement toléré et marque, à la fin du xixe siècle, la solidité des couples aux yeux de la communauté.

En 1855, le Docteur Roubaud rédige un Traité de l'impuissance et de la stérilité chez l'homme et chez la femme, où il décrit l'orgasme avec beaucoup de précision. Puis, en 1885, paraît la Petite Bible des jeunes époux qui encourage la recherche de l'orgasme simultané. À partir du début du xxe siècle, le développement des relations hors-mariages et prénuptiales indiquent également une certaine libération sexuelle. Dans le même temps, la lutte contre les violences sexuelles se développe pour protéger, en particulier, les femmes et les enfants.

Cette libéralisation des mœurs n'empêche pas la sexualité d'être un lieu d'affrontements nationalistes. Les femmes françaises, qui ont conçu un « enfant de l'ennemi « pendant la Première Guerre mondiale, sont excusées de commettre un infanticide faisant disparaître le fruit du délit. À la Libération, nombre de Françaises sont tondues pour avoir pratiqué la « collaboration horizontale «, c'est-à-dire pour avoir eu la faiblesse de succomber aux charmes des soldats allemands pendant l'Occupation. Dans ces temps meurtriers du xxe siècle, le crime est moins dans le péché de chair que dans la nationalité du partenaire.

6 LA SEXUALITÉ AUJOURD’HUI
6.1 L’émergence de la sexologie

Après la Seconde Guerre mondiale, la sexologie devient véritablement un domaine spécifique des sciences humaines notamment avec l’apport d’Alfred Kinsey dans son ouvrage Comportement sexuel de l'homme (1948). Depuis, les écrits ne cessent de se multiplier, les articles de vulgarisation d'être publiés afin d'informer ou de donner des « recettes « pour prendre davantage de plaisir dans l'acte sexuel.

Cette « révolution « représente une véritable rupture par rapport au système culturel judéo-chrétien. Onan est réhabilité : la masturbation solitaire ou entre partenaires a désormais droit de cité dans la sexualité et joue même un grand rôle dans les thérapies proposées par les sexologues.

6.2 La libéralisation des mœurs

Un autre changement tout à fait essentiel survenu dans les dernières années du xxe siècle est, sinon la reconnaissance de l'homosexualité, au moins l'émergence d'un discours sur l'homosexualité. Puisque désormais l'acte sexuel est dissocié de la procréation, les homosexuels tendent à devenir des couples « classiques « et sortent progressivement de la clandestinité, pouvant affirmer leur normalité spécifique. Autre signe des temps, en 1976, le ministère de la Santé français crée le CIRM (Centre d'information sur la régulation des naissances, la maternité et la vie sexuelle).

Depuis quelques décennies, dans de très nombreux pays occidentaux, les pouvoirs publics et la population sont convaincus du bien-fondé d'une éducation sexuelle à l'école. L'urgence se fait d'autant plus sentir qu'est apparu le fléau redoutable du sida et que l'essor des droits de l'enfant alerte de plus en plus l'opinion publique sur le drame de la pédophilie. La sexualité est désormais pensée en dehors de toute référence à la fécondité et au mariage.

Aujourd'hui, il existe dans la langue française environ 1 300 mots ou syntagmes pour désigner le coït, 550 pour nommer le pénis et autant pour le sexe féminin ; la nouveauté, à l'échelle de l'histoire, n'est pas tant le nombre de mots mais le fait même qu'on puisse les dire et les écrire avec une relative facilité.

Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

Liens utiles