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Vidal-Naquet, Pierre

Publié le 13/04/2013

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1   PRÉSENTATION

Vidal-Naquet, Pierre (1930-2006), historien français, spécialiste de l’Antiquité grecque et intellectuel engagé.

Témoin des fractures de la seconde moitié du xxe siècle, figure marquante parmi les universitaires engagés de l’après-guerre, Pierre Vidal-Naquet s’est efforcé de mettre en relation son travail d’historien et ses choix de citoyen, imprégnés à la fois de sa connaissance du passé, d’une culture classique et de sa judaïté.

2   UN TÉMOIN DES VÉRITÉS PASSÉES ET PRÉSENTES

Né à Paris, au sein d’une famille d’avocats laïques issus de la communauté juive, Pierre Vidal-Naquet a une enfance bourgeoise et parisienne. Sa vie bascule lorsque ses parents disparaissent, arrêtés par la Gestapo en mai 1944 puis déportés et assassinés à Auschwitz. Il découvre alors le génocide des Juifs par l’Allemagne nazie.

Soucieux cependant de prendre ses distances par rapport à un siècle dont il a été témoin des blessures, il se tourne vers l’histoire de la Grèce antique après ses années de lycée à Marseille, puis à Paris (au lycée Henri-IV). À la Sorbonne, il trouve dans les cours d’Henri-Irénée Marrou sur l’Antiquité l’occasion de concilier histoire, philosophie et travail sur les formes littéraires. Chez Hérodote et Thucydide, celui qui se sent viscéralement antifasciste (notamment antifranquiste) puise aussi la conviction que l’historien a un rôle à jouer dans la cité, « celui, tout simplement, de témoin de la vérité «. Jeune agrégé, il enseigne au lycée d’Orléans, avant de devenir assistant à l’université de Caen, puis à celle de Lille. En 1969, il est nommé directeur d’études à l’École pratique des hautes études (EPHE) — devenue l’École des hautes études en sciences sociales (Ehess).

3   DES ENGAGEMENTS CITOYENS DURABLES
3.1   Le chercheur érudit sur la Grèce antique

Son expérience de chercheur et d’acteur du politique sur les limites de la démocratie amène Pierre Vidal-Naquet à poursuivre une réflexion sur la pensée politique grecque (Clisthène l’Athénien, 1964), sur le mythe dans son implication sociale (le Chasseur noir. Formes de pensée et formes de société dans le monde grec, 1981 ; Mythe et tragédie en Grèce ancienne, 1972 et 1986, avec son ami et autre spécialiste de la cité grecque, Jean-Pierre Vernant), sur l’histoire sociale (Économies et sociétés en Grèce ancienne, 1996) et sur Homère (le Monde d’Homère, 2000).

3.2   L’historien des Juifs et le combat contre le négationnisme

De son enfance traumatisée par la perte de ses parents, Pierre Vidal-Naquet tire une réflexion globale de l’histoire juive et de la Shoah dans Flavius Josèphe ou Du bon usage de la trahison (1977), les Juifs, la mémoire et le présent (1981-1991) et Réflexions sur le génocide (1995). Il mène également un combat constant contre les négationnistes, et publie notamment les Assassins de la mémoire (1987).

3.3   L’historien militant du monde contemporain

Reconnaissant par tempérament des valeurs égalitaires qui, selon le mot d’Aristote, lui font « refuser absolument qu’il puisse y avoir des peuples nés pour l’esclavage «, Pierre Vidal-Naquet ne peut qu’être sensible à l’enseignement du géographe communiste Jean Dresch qu’il suit à la Sorbonne durant l’après-guerre. À celui qui, dit-il, lui a « appris à voir dans l’Afrique française du Nord deux économies, deux sociétés, irréductiblement inégales, l’une écrasant l’autre «, il doit en partie son engagement contre la guerre d’Algérie. À partir de 1956, il devient en effet une des figures de l’anticolonialisme les plus déterminées, et rejoint les cercles pétitionnaires de l’intelligentsia de gauche.

La disparition à Alger, en juin 1957, de Maurice Audin (un universitaire communiste torturé à mort) le conduit à mener une enquête-réflexion sur la torture institutionnalisée qui fait implicitement référence à l’affaire Dreyfus (l’Affaire Audin, 1958) et à fonder le comité Maurice-Audin aux côtés d’autres intellectuels militants. Proche de la gauche non-alignée incarnée par France Observateur et sensible au discours des gaullistes de gauche et des chrétiens de gauche hostiles à l’engagement français en Algérie, il mène une véritable bataille de l’écrit dans deux périodiques farouchement anticolonialistes, Vérité Liberté et Témoignages et Documents. Il rejoint également les signataires du Manifeste des 121 en 1960.

Il poursuit son engagement militant — contre les guerres du Biafra et du Viêt Nam, mais également en soutenant l’action de Solidarité en Pologne, etc. — et littéraire, dans Journal de la Commune étudiante (1969, avec Alain Schnapp), puis dans la Torture dans la République. 1954-1962 (1972).

Pierre Vidal-Naquet a, en outre, publié ses mémoires en deux volumes : Mémoires. La brisure et l’attente 1930-1955 (1995) et Mémoires. Le trouble et la lumière 1955-1998 (1998).

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