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Vienne, congrès de

Publié le 11/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Vienne, congrès de, conférence internationale mise en place pour redessiner la carte de l'Europe à la fin de l’expérience napoléonienne et qui s’est tenue du 1er septembre 1814 au 9 juin 1815.

2   POURQUOI REDESSINER LA CARTE DE L’EUROPE ?

En 1814, au lendemain de l’abdication de Napoléon Ier, les puissances européennes, sous l’influence du chancelier autrichien Klemens von Metternich, décident de réduire la France à un état ne lui permettant plus de prétendre à l’hégémonie sur l’Europe. Il s’agit donc de redéfinir les équilibres territoriaux du vieux continent, secoué par les tourmentes révolutionnaire et napoléonienne.

Tous les émissaires des puissances européennes (excepté l’Empire ottoman) se réunissent en congrès à Vienne, de septembre 1814 à juin 1815 — avec une interruption en février 1815, consécutive à l'évasion de Napoléon de l'île d'Elbe. Chacun vient y défendre son point de vue, ses intérêts territoriaux, nationalistes, et tenter de satisfaire un expansionnisme bien partagé.

3   INTÉRÊTS EN JEU

Le tsar Alexandre Ier, favorable à l'unification des États allemands (pour affaiblir l’Autriche), vient surtout chercher la formation d'un gouvernement constitutionnel en Pologne, sous couvert duquel il escompte une annexion. Il nourrit secrètement et vainement l’idée d’une Europe fédérée dominée par la Russie.

Le prince et ministre autrichien Metternich joue un rôle clef dans les négociations. Président du congrès, il met en avant son idéal d’un équilibre européen francophobe. Il espère que la France perdra tout ressort diplomatique du fait de ses pertes territoriales. De même, il cherche à freiner les prétentions russes sur la Pologne et le courant du pangermanisme qui incite la Prusse à prétendre absorber la Saxe. Enfin et surtout, il veut créer les conditions préalables, d’une part, à la constitution d’une confédération des États allemands dominée par l’Autriche (afin d’avorter toute reconstitution éventuelle du Saint Empire romain germanique disparu en 1806), d’autre part, à l’extension territoriale de l’Autriche, au renforcement de sa cohérence et de son autorité.

Face aux prétentions de Metternich, le prince von Hardenberg, principal délégué prussien, est présent pour défendre une politique permettant d’amoindrir l’émiettement territorial allemand, dans l’espoir de constituer une confédération allemande gagnant en autonomie vis-à-vis de l’Autriche.

Le vicomte de Castlereagh, ministre des Affaires étrangères anglais, et le duc de Wellington attendent, pour leur part, plusieurs décisions de Vienne : l’affaiblissement de la France, la stabilisation de la zone Hollande-Belgique, la possibilité, en accord avec l’Autriche, de freiner l’expansionnisme russe (plutôt vers l’Égée et la Méditerranée), et surtout la confirmation de leur position d’hégémonie coloniale.

Pour Talleyrand, représentant français de Louis XVIII, la tâche n’est donc pas aisée. Il est en piètre position pour négocier : selon le vœu de l’Angleterre, de la Russie, de la Prusse et de l’Autriche, la France et l’Espagne (qui sort également du joug napoléonien) ne sont pas censées prendre part aux décisions importantes. Habile diplomate, Talleyrand obtient néanmoins pour son pays une part égale dans les délibérations et compte sur les divergences anglo-russes pour limiter le démantèlement des possessions françaises.

4   NOUVELLE PARTITION CONTINENTALE

À l'issue des négociations viennoises, l’Espagne et le Portugal recouvrent leur souverain respectif, détrôné par la famille napoléonienne. En Italie, le Bourbon Ferdinand Ier retrouve son royaume des Deux-Siciles, et le duché de Parme est attribué à la femme de Napoléon, Marie-Louise d'Autriche.

4.1   Dispositions concernant les frontières françaises
4.1.1   Limitation des frontières

La France est, pour sa part, dépossédée de tous les territoires conquis par Napoléon Ier et ramenée aux frontières fixées par le traité de Paris du 20 novembre 1815. Elle est également occupée militairement (jusqu’en 1818) et tenue de verser de lourdes indemnités de guerre.

4.1.2   Formation d’une zone de protection frontalière

De plus, la redéfinition de la carte européenne aboutit à l’érection d’une zone « tampon « autour de la France, depuis la Belgique jusqu’à l’Italie piémontaise. Cette zone doit théoriquement protéger les grandes puissances de toute tentative de pénétration. Ainsi, du nord au sud, le long de cette ligne : les anciennes Provinces-Unies (dont la Belgique) sont rattachées aux Pays-Bas autrichiens pour former le royaume unique des Pays-Bas (indépendants et gouvernés par la maison d'Orange) ; la Confédération helvétique réunit ses cantons et devient indépendante et neutre ; le Piémont, rétrocédé au roi de Sardaigne (avec la Savoie, Nice et Gênes), constitue la touche méridionale du dispositif anti-français, en tant que royaume de Piémont-Sardaigne.

4.2   Dispositions concernant les « Quatre Puissances «

Les « Quatre Puissances « (Angleterre, Russie, Autriche, Prusse) se taillent la part du lion, dans le respect du protocole d’ouverture du congrès, à savoir que « la paix sera faite conformément aux principes du droit public. «

4.2.1   L’empire colonial britannique

La Grande-Bretagne conserve ses frontières, mais obtient plusieurs îles et possessions outre-mer — la province du Cap (Afrique du Sud), Ceylan (actuel Sri Lanka), l'île Maurice, Helgoland et Malte, la Guyane, les Antilles, etc. — qui renforcent son empire colonial aux dépens de la France et de la Hollande.

4.2.2   La poussée russe vers l’Ouest

La Russie reçoit les deux tiers de l'ancien Grand-Duché de Varsovie, qu'elle organise en un royaume polonais autonome gouverné directement par le tsar Alexandre Ier. Elle obtient, en outre, la Bessarabie et la Finlande, ce qui lui donne un accès à la Baltique. En échange de la Finlande, la Suède absorbe pour sa part la Norvège ; les deux royaumes sont réunis sous le règne de Charles XIV de Suède.

4.2.3   L’extension des territoires prussiens

La Prusse obtient la Posnanie, la moitié nord de la Saxe, une grande partie des provinces de Rhénanie et de Westphalie, enfin une partie de la Poméranie. Si le duché de Hanovre est agrandi et érigé en royaume et que le duché du Schleswig est incorporé au Danemark, la Prusse renforce son aura sur les États allemands.

4.2.4   Le bloc autrichien

Enfin, selon les vœux de Metternich, l'Autriche recouvre la plupart de ses territoires perdus et, en compensation de l’indépendance hollandaise, reçoit quelques enclaves allemandes et terres italiennes (Lombardie, Vénétie), ainsi que le territoire de la Dalmatie, jusqu’alors propriété de Venise. Elle s’assure ainsi une position dominante en Italie grâce à ses possessions, alliances et protectorats ; de plus, elle constitue un bloc homogène transalpin qui, ajouté à la présidence de la nouvelle Confédération germanique, lui permet de dominer l’Europe centrale et méridionale.

4.3   Création d’une Confédération germanique

Les avantages consentis à la zone allemande entrent dans le dispositif visant le démembrement de l’Empire napoléonien : sous la présidence de l'empereur d'Autriche, une confédération d’États — la Confédération germanique — regroupe trente-quatre États souverains et quatre villes libres. C’est un premier pas vers l’idéal de l’unification allemande.

5   CONSÉQUENCES ET INCONSÉQUENCES DE VIENNE

Si le congrès prend également la décision importante de condamner la traite des Noirs et qu’il accorde la liberté de navigation sur les fleuves traversant plusieurs États ou constituant une frontière politique, son principal souci a donc bien été un vaste rééquilibrage des nations et empires européens. Mais ce redécoupage, qui assure la paix continentale à la vieille Europe absolutiste pendant près de quarante ans, nourrit en son sein sa propre dégénérescence. En effet, toutes les tractations se font au détriment et au mépris du droit des nationalités ou des confessions. Ainsi en va-t-il du Schleswig intégré de force au Danemark, de la soumission des catholiques belges à un souverain hollandais protestant ; ainsi en va-t-il également du partage italien et de l’émiettement allemand.

Dès 1823-1824, les intérêts divergents des grandes puissances montrent le caractère artificiel du découpage de 1815, contre lequel les révolutionnaires et les nationalistes de toute l’Europe, mais aussi Napoléon III, ne cessent bientôt de lutter, jusqu’à favoriser un nouvel éclatement de l’Europe et la redistribution des nationalités à la fin du xixe siècle, lors de l’autre grande conférence diplomatique du siècle, le congrès de Berlin de 1878.

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