Vous discuterez ce jugement de La Bruyère : Corneille peint les hommes tels qu'ils devraient être.

Passons en revue les tragédies de Corneille qu'un bon élève doit connaître en détail ou dans leur sens général : dans le Cid, Horace, Cinna, Polyeucte, Nicomède et la Mort de Pompée même nous trouvons les hommes tels qu'ils devraient être. Il y a bien des traîtres ou des lâches (Maxime dans Cinna, Félix dans Polyeucte), mais La Bruyère ne veut et ne peut parler que des personnages principaux. Continuons pourtant notre revue. Les études sur Corneille que vous ne devez pas ignorer vous ont fait connaître des tragédies telles que Rodogune, où le personnage principal est Cléopâtre qui tue l'un de ses fils et tente d'empoisonner le second, ou Attila dont le héros est le fléau de Dieu que Corneille évidemment n'a pu se proposer de faire passer pour un modèle d'humanité. Vous pourrez songer aussi bien à Œdipe qui est une victime de la fatalité et non un héros du devoir, ou à Othon qui ne nous montre que des ambitieux sans scrupules. Vous serez alors conduit à cette conclusion que, dans l'ensemble de ses pièces, Corneille peint des hommes de volonté inflexible, cette volonté pouvant s'appliquer soit à l'accomplissement d'un devoir, soit à la réalisation d'une ambition moralement indifférente ou même coupable. Bien entendu cette conclusion pourra vous être fournie tout de suite, avant l'examen des faits, par votre connaissance de l'histoire littéraire, si vous vous souvenez que non seulement chez Corneille niais chez la plupart de ses contemporains la tragédie doit être une « pièce héroïque » nous montrant de grands personnages luttant pour de grands projets. Mais il vous faudra tout de même continuer par cette revue des faits qui 'consolidera et souvent nuancera votre idée.