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Y a-t-il plusieurs sortes de langage ?

Publié le 20/08/2013

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langage

 

THÈMES DE RÉFLEXION

On parle de langage animal, langage spécifiquement humain, langage artistique, langage mathématique, langage des liens de parenté, des rites ( « langage social «)...

Ces désignations sont-elles fondées uniquement (et indû¬ment) sur des analogies ou sont-elles fondées sur des différences et points communs rigoureusement établis?

En ce dernier cas ne pourrait-on dire qu'il existe « plusieurs sortes de langage «?

Langage animal et langage « spécifiquement humain «.

S'il suffit pour parler légitimement de « langage « qu'il y ait mise en oeuvre d'un symbolisme véritable, possibilité de transposer des données objectives en « gestes formalisés, comportant des éléments variables et de signification cons¬tante « et que ceci ne puisse être valable qu' « à l'intérieur d'une communauté donnée « alors on peut dire qu'il existe un langage animal.

(Cf. Problèmes de linguistique générale de Benveniste, Gallimard p. 57 à 62).

Par contre si "on estime que l'on ne peut parler de langage (et de langue) que s'il y a double articulation alors on doit admettre qu'il n'a jamais jusqu'alors été constaté l'existence de système à double articulation propre aux animaux (la question de l'apprentissage par des chimpanzés des rudiments de langage spécifiquement humain étant une autre question : il ne s'agit pas ici de savoir si les animaux peuvent « parler « un langage humain mais s'ils disposent de « langages « à eux).

Voir Éléments de linguistique générale de Martinet (Colin) notamment les pages 13 et suivantes où il est question de

« la double articulation « du langage humain.

Avantage de penser certains systèmes de signes animaux sous le terme « langage « : cela semble rendre plus facile de penser l'apparition, dans une certaine mesure, du langage

 

humain et de ne pas en faire un événement proprement miraculeux.

Inconvénient

Comme le dit Martinet, « il n'est pas sûr, pour orienter la recherche scientifique, que nous ayons intérêt à appeler langue n'importe quel système de signes «.

A ce sujet voir La Double Articulation linguistique de Martinet, Travaux du Cercle linguistique de Copenhague, 5, 1949 (notamment pages 32 à 33).

Langage artistique

Consulter le commentaire du sujet :

Dans quelle mesure peut-on parler d'un langage de l'Art.

Langage mathématique

Certains soutiennent qu'il n'existe pas de langage spéci¬fiquement mathématique. Autrement dit les mathématiques serait un langage mais pas « une des sortes de langage «. Ils acceptent, évidemment, l'idée que les mathématiques usent de signes ou de symboles qui leur sont propres et même qui peuvent être déchiffrés par n'importe quel mathématicien quelle que soit sa langue maternelle.

Mais il faut remarquer que ces signes ou symboles ne sont — selon eux — que des abrégés, des notations des langues communes : plus, multiplié par, égal, infini, etc.

La « langue « des mathématiques, ce serait la langue de tout le monde mais écrite au moyen d'une sorte de sténo¬graphie.

Réflexion sur l'algèbre

L'algèbre est une., arithmétique qui au lieu de s'occuper des nombres eux-mêmes s'occupe seulement de ses signes en tant que signes des nombres.

La lettre isolée n'a aucune valeur, ne signifie rien ; plus précisément elle signifie la position de pure obligation dans laquelle nous la mettons d'acquérir une valeur déterminée, une signification précise, en entrant avec d'autres lettres dans un système de relations, qui leur confère à elles aussi une valeur déterminée.

Dans l'équation, les nombres se déterminent, c'est-à-dire se définissent mutuellement.

En résumé, on peut dire (ce qui n'est pas de mince impor¬tance pour le sujet qui nous est proposé) :

 

que le nombre consiste en de pures relations (l'algèbre le fait voir);

que le nombre y est explicitement remplacé par sa définition.

Autrement dit, conséquence de ces deux points, l'algèbre nous oblige à n'interpréter le nombre que selon les termes de sa définition et le libère ainsi dans chaque cas donné, de sa valeur «infinie «, confuse et incontrolable et en fait une valeur purement logique explicite.

Cette réflexion sur l'algèbre nous révèle (par son carac¬tère exemplaire) que le concept mathématique n'est que relations logiques, concept sans équivoque apte à fonctionner dans les opérations logiques, les opérations de déduction.

Les éléments de « la langue mathématique « sont ainsi définis rigoureusement. Ils sont univoques, de purs relations. Ils sont de pures relations logiques et en vue d'un discours « purement « logique.

-- Ne pourrait-on dire qu'à l'inverse, dans une certaine mesure, les langages communs sont prolongés dans un contexte de significations qui passent en elles sans qu'elles les expli¬citent, que le signe sur lequel repose la segmentation des langues communes concentre des intentionalités multiples.

Si le « langage mathématique « relève de la double arti¬culation, ne pourrait-on dire qu'il est une des sortes (parti¬culières) de langage (articulé)?

Les « langages « sociaux (liens de parenté, rites, codes de la route etc.).

Cf. Lévi-Strauss qui s'inspire de la phonologie élaborée par Troubetzkoi, de ses inventaires et de ses tableaux combina¬toires.

Lévi-Strauss attribue aux hommes la capacité combina¬toire qui apparait dans la langue, définie par le modèle phono¬logique (ce qui fait de la langue un système clos à double articulation). Il étudie ainsi (et tente d'en rendre compte selon ces schémas opératoires) les systèmes de parenté, les tableaux généalogiques, les échanges de termes et de biens, les récits stéréotypés décomposables en séquences fixes (les combinaisons de mythèmes).

Il y aurait une « structure linguistique « de l'organisation sociale.

 

Il y aurait donc des langages sociaux au sens plein du terme.

En fait on peut se demander si Levi-Strauss n'importe pas un usage analogique voire métaphorique de la phonologie.

(Cf. ses tentatives pour éluder ou contourner le concept de la double articulation dans l'ouverture de son livre Le Cru et le Cuit.)

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