À LA CONQUÊTE DE La lune de 1960 à 1969 : Histoire

À LA CONQUÊTE DE La lune

De CAP CANAVERAL

À LA MER DE LA TRANQUILLITÉ

À la fin de la décennie cinquante, les Soviétiques et les Américains avaient fait la preuve qu’ils pouvaient satelliser une charge, et même lui imprimer une vitesse de 40 kilomètres par seconde pour qu'elle se libère de l’attraction terrestre. Avant de mourir à bord de Spoutnik 2 après l’épuisement de sa réserve d’oxygène, la chienne Laïka avait montré qu’un organisme supérieur pouvait résister à l’accélération du décollage, et vivre normalement en l’absence de pesanteur.

Dès les premiers jours de 1960, tout semble donc prêt pour la grande aventure: l’envoi d’un homme sur orbite terrestre. En Californie comme dans le Kazakhstan, on soumet les pilotes à la torture de la centrifugeuse pour mesurer leur résistance et leur lucidité lorsqu’ils subissent une accélération qui multiplie leur poids par sept ou huit. Dès 1958, Korolev a réalisé les plans du premier vaisseau capable d’emmener un homme dans l’espace et de le faire revenir sain et sauf. Le module de rentrée sera sphérique, et non pilotable. Pour résister à réchauffement provoqué par le frottement sur l’air, il sera recouvert de matériaux ablatifs, qui brûleront par couches successives, comme la peau d’un oignon. Le vaisseau s'appellera Vostok. Il sera équipé d’une fusée de freinage pour décrocher de son orbite à la fin de la mission, et retomber sur la Terre comme un caillou avant le déploiement de son parachute. Et si ce moteur ne fonctionne pas, l’homme ne restera pas prisonnier de son linceul d’acier. En effet, comme il reste encore un peu d'air à 200 kilomètres, le frottement sera suffisant pour faire redescendre le Vostok en une dizaine de jours. C'est pourquoi le garde-manger du premier vaisseau spatial est bien rempli.

Le 12 avril 1961, à 6 h 7, Iouri Gagarine décolle de Baïko-nour. La mise sur orbite se déroule sans difficulté, et cinquante minutes plus tard le premier cosmonaute de l’histoire survole l’Amé