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La Chine par Michel Cartier MaîtreAssistant à l'École Pratique des Hautes Études,

Publié le 05/04/2015

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La Chine par Michel Cartier MaîtreAssistant à l'École Pratique des Hautes Études, Paris Du Moyen Âge à la Renaissance des T'ang La vague furieuse des invasions barbares qui traverse tout le continent eurasien avant d'aller déferler sur l'Occident latin au lendemain de la mort de Constantin avait pris naissance, près de deux siècles plus tôt, dans les steppes et déserts de l'Asie centrale. A l'autre extrémité du monde civilisé, l'empire chinois avait été le premier État à supporter leurs assauts. La longue éclipse du pouvoir central qui commence, à la fin du second siècle de notre ère, avec l'effondrement des Han et le morcellement de la Chine en royaumes rivaux rappelle, par bien des traits, notre Moyen Âge européen. Temps obscurs, marqués au sceau de la violence nue, siècles de désespérance pendant lesquels l'individu dans son désarroi cherche des consolations dans la métaphysique, l'art ou la religion. Du brassage des peuples et des cultures émerge lentement, cependant, une civilisation nouvelle dont l'éclat et le rayonnement universel anticipent, avec plusieurs siècles d'avance, sur les grandes époques de l'Islam et de la Chrétienté médiévale. Pas plus que l'Empire romain, son contemporain, l'édifice politique et social construit par les souverains Han ne s'écroula sous la seule poussée des populations barbares qui se pressaient à ses frontières. Une longue période de crises internes qui ébranlent profondément les fondements moraux de la société précède et annonce la fin de l'empire. Cela commence par un vaste mouvement de désobéissance collective : 'travaillées par les apôtres d'une foi nouvelle, les masses paysannes, écrasées sous le poids des impôts et corvées de toutes sortes, se constituent en communautés indépendantes qui refusent tout contact avec les représentants de l'État. Ce n'est pas encore une rébellion ouverte mais l'attente pleine d'espoir d'une immense révolution cosmique : le ciel va changer de couleur et la maison impériale des Lieou fera place à une dynastie meilleure et plus juste. Des prophètes parcourent la campagne en annonçant le retour sur terre de Laotseu, le sage divinisé de l'antiquité. Bien vite cette vague de résistance passive se mue en révolte. Les armées impériales sont dépêchées dans les provinces menacées par les progrès de l'hérésie et y mènent une implacable croisade pour réduire les rebelles. Lorsque les Turbans jaunes sont finalement écrasés, le pouvoir politique a pratiquement changé de mains ; ce sont désormais les chefs de guerre, véritables condottieri confiants dans la puissance de leurs armes et la subtilité de leurs stratagèmes, qui font et défont des empereurs réduits au rôle de figurants ballottés d'un protecteur à l'autre et de capitale en capitale. Après trente ans d'un règne misérable, le dernier empereur des Han est contraint d'abdiquer par le fils de Ts'ao Ts'ao, son toutpuissant ministre. La façade d'unité qui avait été conservée tant bien que mal à travers plusieurs décennies de crises et de guerres civiles craque irrémédiablement. Tandis que la riche province du Sseutch'ouan se donne pour empereur Licou Pei, un lointain parent du souverain déposé, la région de Nankin, à l'autre extrémité de la longue vallée du Fleuve Bleu, couronne un général, Souen Tsiuan, et s'érige en royaume indépendant. Ces nouveaux empereurs n'échappent pas longtemps au destin de leur malheureux prédécesseur. Tandis que les Lieou tombent sous la domination de leur protecteur, le général Tchou Keliang, quelques décennies suffisent pour transformer les descendants du redoutable Ts'ao Ts'ao en marionnettes dont un maire du palais, Sseuma Yen, tire les ficelles. En 265, ce dernier dépose son protégé et entreprend de refaire l'unité de l'empire à son profit. Quarante ans ne se sont pas écoulés que la nouvelle dynastie des Tsin s'effondre à son tour au milieu des intrigues de palais et des guerres civiles. Tandis que généraux et ministres se disputent ainsi les restes d'un pouvoir impérial de plus en plus déprécié, la classe qui avait fourni aux Han ses officiers et ses administrateurs, l'aristocratie des grands propriétaires fonciers, se détourne progressivement de ses devoirs dans l'État. La loyauté envers le souverain, le sens de la bienséance et le respect de la hiérarchie sociale, ces valeurs confucéennes par excellence cessent d'être cultivées ou même respectées. L'aristocrate de l'époque de la désunion fait les honneurs et les responsabilités. Il s'engoue pour la littérature taoïste, parcourt monts et forêts à la recherche de sensations inconnues, se plaît dans la compagnie d'ermites et de sorciers. Les héros de cette élite à la fois fortunée et suprêmement raffinée sont des excentriques, voire des contestataires, tels ces poètes amateurs de réunions amicales et d'expériences mystiques dont l'histoire a conservé la mémoire sous le nom de Sept Sages de la Forêt des Bambous, ou encore ces membres des studieuses communautés bouddhiques du mont Louchan qui s'efforcent de réconcilier l'ancienne tradition philosophique de Laotseu et de Tchouangtseu avec la nouvelle métaphysique importée de l'Inde. C'est donc dans un monde profondément divisé que viennent s'installer progressivement les nomades de l'Asie centrale. La conquête d...
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