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La Chine par Lucien Bianco Directeur d'Études à l'École des Hautes Études

Publié le 05/04/2015

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La Chine par Lucien Bianco Directeur d'Études à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris L'histoire de la Chine dans l'après-guerre, c'est l'histoire de la révolution chinoise elle-même, puisque la guerre civile qui aboutira à la fondation de la République populaire de Chine en 1949 éclate moins d'un an après Hiroshima et la capitulation japonaise. Le prestige de " l'ancien régime " et de son chef, Tchang Kaï-chek, avait cependant bénéficié de la victoire alliée : naguère encore (selon Sun Yat-sen, ancêtre commun des révolutionnaires chinois de toute obédience " semi-colonie " de tous les Blancs, la Chine se voyait d'emblée reconnue comme l'un des " Quatre Grands ", bénéficiaire d'un siège permanent au Conseil de Sécurité des Nations Unies. En fait, cette imposante façade masquait une crise extrêmement grave, suffisamment avancée en 1945 pour qu'une poignée d'observateurs lucides aient pu pronostiquer la victoire des Communistes avant même le déclenchement de l'inévitable guerre civile. La " guerre de résistance " (c'est le nom que les Chinois de tous bords donnent aux huit années de lutte contre l'envahisseur japonais) avait pu faire de Tchang Kaï-chek le symbole de l'unité nationale, elle n'en a pas moins représenté pour le régime nationaliste chinois une épreuve démesurée, presque aussi impitoyable qu'avait été pour la Russie tsariste la lutte contre l'Allemagne de Guillaume II : les deux grandes révolutions de notre siècle sont filles des deux guerres mondiales. Un exemple parmi d'autres : l'effort de guerre - qui exige des dépenses accrues en un temps où la perte des provinces les plus développées (les provinces côtières) et la saisie des droits de douane maritime par l'adversaire japonais ont considérablement réduit les ressources - a déjà déclenché l'inflation dans laquelle sombrera le régime. Durant les huit années de guerre, les prix se sont multipliés par cinq cents : si modeste qu'apparaisse cette hausse par rapport au rythme vertigineux des derniers mois du régime (les prix se multiplieront par cent trente-cinq mille entre août 1948 et avril 1949), elle a déjà largement entamé, avec son sinistre cortège (corruption des fonctionnaires, spéculation des profiteurs de guerre, démoralisation des citoyens), la légitimité du gouvernement en place. La guerre n'a pas seulement affaibli et discrédité le régime, elle a énormément accru les forces et le prestige du plus redoutable de ses opposants. Dirigés par Mao Tsé-toung de sa lointaine et légendaire capitale de Yenan, les Communistes chinois ont délibérément joué le jeu du combat patriotique et ont, comme Tito en Europe, bâti leur victoire en s'imposant d'abord comme résistants. Ils ont mobilisé contre l'envahisseur japonais des millions de paysans, d'eux-mêmes assez enclins à supporter le joug. Mais les représailles aveugles et souvent atroces par lesquelles l'occupant a répondu aux attentats et escarmouches des guérilleros communistes ont contraint les villageois à rechercher la protection de l'Armée Rouge et à affirmer leur solidarité avec l'administration des " régions libérées ". Ces régions, contrôlées en fait par les Communistes, font tache d'huile et couvrent bientôt une grande partie de la Chine du Nord, où les Japonais se contentent de tenir villes et voies de communication. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, la " Chine de Mao " est d'ores et déjà plus peuplée que n'importe quelle nation européenne, Russie exceptée : quatre-vingt-dix millions de paysans vivent sous sa loi (contre un million et demi au début de la guerre). Et l'Armée Rouge a décuplé ses effectifs, ren...
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