MÉTHODE

MÉTHODE

On dit volontiers qu'il faut procéder avec méthode, c'est-à-dire suivre dans son activité un plan défini ; on parle aussi de la méthode de telle ou telle science. Dans ce cas, on peut viser soit la démarche effecti¬vement accomplie par cette science et qui se découvre par une étude a posteriori, soit l'ensemble des principes généraux définissant la spécificité des raisonnements et protocoles expérimentaux employés en cette science, soit enfin les procédés qu'il suffirait de mettre en oeuvre pour obtenir de nouveaux énoncés de cette science.

La réunion de ces différentes déterminations sous le concept de méthode date du XVIle s., et plus particulièrement du fameux

Discours de la Méthode. Les problèmes posés peuvent se résumer en deux questions : Que contient précisément le concept cartésien de méthode ? Peut-on conserver la définition cartésienne ?

1. Dans l'antiquité, méthode signifie recherche, c'est le chemin suivi par la connaissance ; Platon utilise parfois le terme comme synonyme de doctrine. Les, stoïciens lient cette notion à celle de technè, le Moyen Age à celle d'ars, faisant de la méthode l'ensemble des procédés (voire des habitudes acquises) valables dans un domaine pour obtenir des éléments nouveaux. Peu à peu on en vient à utiliser le terme lors de considérations sur la structure formelle des sciences, particulièrement de la géométrie où Ton reprend la distinction de Pappus entre l'analyse (resolutio) et la synthèse (compositio). L'idée de méthode se lie à celle d'un ordre, d'une démonstration qui garantit la vérité d'une démarche scientifique ; dans le même moment, le dévelop¬pement de l'algèbre ouvre la voie au thème d'une science universelle, dont les problèmes pourraient être résolus par des procédés généraux valables dans de nombreux cas. Ce sont ces déterminations qui se trouvent réfléchies par la conception cartésienne, qu'on peut définir en trois points :

1 — La méthode est unique.

2 — La méthode n'est plus caractérisée comme une marche ou une recherche dépendant d'un objet, mais indépen-damment d'un objet comme un système de règles formulé dans une théorie de la méthode, par lequel se trouve définie la connaissance scientifique.

3 — L'étendue et le succès de la connaissance scientifique sont déterminés par sa méthode. On est passé d'un point de vue descriptif à un point de vue normatif.

2. Ces déterminations sont peu compatibles avec les ana-lyses modernes de la science (voir objectivité). Le côté normatif de la méthode semble la lier à l'idée d'une défi¬nition a priori et universelle des normes de la connaissance scientifique, idée que l'histoire des sciences dément sans cesse. Par méthodologie, il faut entendre aujourd'hui l'étude des procédures de raisonnement utilisée dans telle ou telle science, et la discussion de leur validité. Il semble cependant qu'à tout moment les savants soient guidés par une certaine conception de leur science.

, de ses normes, de ses tâches ; si on veut encore donner à cela le nom de méthode, il faut remarquer qu'à l'inverse de la méthode cartésienne, il ne saurait s'agir de règles dont la seule application permet de découvrir la vérité, et que la marche de la science les trans¬forme, c'est-à-dire que s'il est nécessaire qu'une méthode propose le chemin à suivre, il ne l'est pas qu'il soit effecti¬vement suivi.