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Alain et le pianisme !

Publié le 18/04/2009

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alain
«Comment expliquer qu'un pianiste, qui croit mourir de peur en entrant sur la scène, soit immédiatement guéri dès qu'il joue? On dira qu'il ne pense plus alors à avoir peur, et c'est vrai; mais j'aime mieux réfléchir plus près de la peur elle-même, et comprendre que l'artiste secoue sa peur et la défait par ces souples mouvements des doigts. Car, comme tout se tient en notre machine, les doigts ne peuvent se délier si la poitrine ne l'est aussi; la souplesse, comme la raideur, envahit tout; et, dans ce corps bien gouverné, la peur ne peut plus être. Le vrai chant et la vraie éloquence ne rassurent pas moins, par ce travail mesuré qui est alors imposé à tous les muscles. Chose remarquable et trop peu remarquée, ce n'est point la pensée qui nous délivre des passions, mais c'est plutôt l'action qui nous délivre. On ne pense point comme on veut; mais quand les actions sont assez familières, quand les muscles sont dressés et assouplis par gymnastique, on agit comme on veut. Dans les moments d'anxiété n'essayez point de raisonner, car votre raisonnement se tournera en pointes contre vous-même; mais plutôt essayez ces élévations et flexions des bras que l'on apprend maintenant dans toutes les écoles; le résultat vous étonnera. Ainsi le maître de philosophie vous renvoie au maître de gymnastique.» Alain, Alain

Le raisonnement ne peut enrailler la peur mais il semble qu'il soit en mesure de l'accroître. La peur n'est-elle donc qu'un phénomène somatique? C'est sur la nature de la passion et sur le rapport de l'âme et du corps sur lequel elle prend appui que nous devrons nous interroger.    L'intention de ce texte n'est pas de proposer une solution à un problème pratique. Alain se propose de fournir une explication à la disparition de la peur du pianiste qui commence à jouer mais de façon plus générale, il se propose d'expliquer le mécanisme des passions et de réfléchir sur leur nature.  C'est le mouvement des doigts qui délivre le pianiste de sa peur, c'est l'action et non pas la pensée qui nous délivre des passions, pourquoi? Il s'agit de réfléchir sur la nature de la peur et plus généralement des passions. Si c'est l'action qui nous délivre de la peur, est-ce parce que c'est un phénomène du corps?  Si la peur n'est qu'un phénomène somatique pourquoi le raisonnement a sur elle un effet? Si le raisonnement peut l'accroître pourquoi ne pourrait-il pas la faire disparaître ou du moins l'atténuer?  

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