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L'art peut-il avoir une fonction politique ?

Publié le 24/02/2004

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.. L'actualité nous a récemment appris qu'on pouvait être écrivain, vivre à la fin du XXe siècle, dans l'une des plus anciennes démocraties d'Europe, et mettre, par la seule publication d'un roman, sa vie en péril : S. Rushdie se cache encore des tueurs venus d'Iran comme naguère Voltaire s'efforçait de rejoindre la Suisse pour échapper à l'Église et à la justice du Roi. On ne pardonne pas toujours aux artistes leur liberté d'expression et leur engagement dans les grands débats de leurs temps parce que la liberté de cet engagement s'exprime par une oeuvre, plus forte que les discours militants, invincible puisque dépositaire de cet éclat d'éternité que Malraux appelle un anti-destin. Mais dira-t-on seulement d'une oeuvre qu'elle est engagée quand elle « prend parti « ? L'arbitre n'est-il pas voué à l'engagement par l'oeuvre elle-même? Ne devrait-on pas dire toujours d'une grande oeuvre qu'elle est engagée? ► ... est impliqué par le processus de création artistique... Sartre rappelle, dans Qu'est-ce que la littérature ?, que « l'écrivain engagé sait que la parole est action «.
L'art a une fonction politique comme en témoigne l'existence de la censure. L'art dérange les pouvoirs en place, car il est liberté. TOUTEFOIS, n'est-ce pas accorder trop d'importance à une activité de divertissement et d'imagination ? Le domaine de l'art n'a aucun point commun avec la politique.
  • I) L'art peut avoir une fonction politique.
a) Le pouvoir se méfie de l'art. b) L'art est une expression de la liberté. c) L'art nous donne à voir un monde nouveau.
  • II) L'art ne peut pas avoir une fonction politique.
a) L'art n'a pas de prise sur le réel. b) Ce qui importe à l'artiste, c'est de créer. c) Rêver n'est pas dirigzer.
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« · La troisième, la plus éloignée de la réalité telle qu'elle est en elle-même, est celle produite par le peintrepuisqu'il imite ce qui est déjà une imitation.

Elle est donc un presque rien, n'a pas plus de réalité que notrereflet dans le miroir.

Elle est le reflet d'une apparence.

En fait, il n'y a rien à voir. Au nom de la vérité Platon critique l'art.

Les fondements de cette critique sont: la définition de l'art comme imitation, reproduction de la réalité sensible et à la définition de la réalité sensible comme apparence,apparence trompeuse, apparence du vrai.

Non seulement l'artiste ne produit que des apparences et enaccentue la puissance trompeuse, mais encore il nous attache à ce monde des apparences en produisantdes apparences qui plaisent, excitent les sens et l'imagination.

L'art, effet du désir sensible et des passions,les accroît en retour.

L'homme raisonnable n'y a pas sa place.

L'art, ennemi de la vérité est ennemi de lamorale.

On trouve ici la première condamnation morale de l'art et par suite la première justification théoriquede la censure artistique dont relève encore la condamnation des « Fleurs du mal » au milieu du XXe.

Rousseau au XVIIIe, sur ce point fort différent des philosophes des Lumières, reprendra le flambeau de cette critique.

L'art n'élève pas l'âme, bien au contraire.

Apparence, il joue le jeu des apparences.

Toutd'abord parce qu'il est, dans la société bourgeoise - société de la comparaison, du faire-valoir, del'hypocrisie, de la compétition -, indissociable d'une mise en scène sociale.

On va au théâtre pour exhiber satoilette et autres signes extérieurs de richesse, pour se comparer, médire, recueillir les potins...

Ensuiteparce qu'il nous plonge dans un monde fictif où nous pouvons à bon compte nous illusionner sur nous-mêmes.

Par exemple nous versons de chaudes larmes en assistant an spectacle des malheurs d'autrui etnous restons froids et impassibles lorsque nous avons l'occasion de lui porter secours.

Mais cependant nousavons pu croire à notre bonté naturelle.

Pour Platon comme pour Rousseau l'art est un divertissement qui nous divertit, nous détourne de nous mêmes. Bien que Platon ne définisse pas l'art par la beauté, il est tout de même possible de nuancer son propos, à partir de la prise en compte de sa conception de la beauté.

Si l'art n'est que simulacre, la beauté existe enelle-même, elle est une Idée et précisément une des plus belles.

Qu'est-ce qu'un beau cheval ? N'est-ce pasun cheval conforme à l'Idée du cheval ou archétype, à l'idée de ce que doit être un cheval sensible pour êtrepleinement un Cheval.

Un cheval est plus ou moins beau et son degré de beauté est proportionnel à saconformité au modèle idéal ou Idée.

Est beau ce qui est ce qu'il doit être, laid ce qui ne l'est pas.

Est beauce qui est parfait.

Comme la perfection n'est pas de ce monde, comme le cheval dans le pré ne sera jamais lacopie exacte et sans défaut du modèle mais toujours une imitation imparfaite, la beauté la plus grande, réelle,est celle des Idées.

Est beau ce qui existe pleinement et ce qui existe pleinement ce sont les Idées.

Labeauté est la perfection ou plénitude de l'Etre.

La laideur est l'imperfection, l'incomplétude.

Par conséquent,lorsque le peintre et le sculpteur reproduisent un beau cheval ou un beau corps d'athlète, leur oeuvre, pâleesquisse de la beauté idéale, en est tout de même le reflet.

Le poète inspiré est sorti de la caverne, acontemplé l'idée du Beau et peut entraîner dans son sillon ses auditeurs.

Ainsi le jugement de Platon sur l'art ne peut pas être simple bien qu'il insiste davantage sur la définition de l'art comme simulacre pernicieux. Maurice Merleau-Ponty, dans L'Œil et l'esprit, remarque que les pouvoirstotalitaires, «détruisent rarement les tableaux: ils les cachent, et il y alà un "on ne sait jamais" qui est presque une reconnaissance.» C'estdire que l'art ne laisse pas indifférent le politique.

Il constitue une forcede résistance.

C'est la raison pour laquelle les artistes ont bien souventété les premières victimes d'un pouvoir qui cherche à imposer ses idées. L'art est une expression de la libertéComme le jeu, la création artistique est une activité libre etdésintéressée.

Pour créer, l'artiste met bien en oeuvre une certainetechnique.

Mais celle-ci ne consiste pas dans l'application d'un savoirpréexistant.

Inversement, le travailleur a l'art et la manière de parvenirà un certain résultat.

Mais il doit suivre le « mode d'emploi » et viserl'utilité.

La première différence entre l'art et la technique concerne lerapport à la science ou au savoir.

Alors que la technique consiste en lamise en application d'une théorie, l'idée vient à l'artiste au fur et àmesure qu'il crée.

Par exemple, l'architecte conçoit et dessine samaison avant de la construire.

En revanche, « un beau vers n'est pasd'abord en projet et ensuite fait; mais il se montre beau au poète; et labelle statue se montre belle au sculpteur au fur et à mesure qu'il la fait» (Alain, Système des beaux-arts).

a Cela explique qu'un technicienpuisse reproduire la même oeuvre à l'infini et à l'identique, alors que lacréation artistique reste toujours unique : « la règle du beau n'apparaît que dans l'oeuvre, et y reste prise, ensorte qu'elle ne peut servir jamais, d'aucune manière, à faire une autre oeuvre » (idem).

L'oeuvre belle peutservir ensuite de modèle à d'autres, mais elle ne peut jamais être reproduite.Enfin, la technique se caractérise par son utilité.

Elle entend apporter du confort à l'homme, et vise à luirapporter sur le plan économique, en lui faisant par exemple gagner en productivité.

L'art, en revanche, secaractérise par son aspect désintéressé.

C'est la création qui est sa propre fin, et non sa valeur marchande.C'est en ce sens qu'on qualifie souvent l'art d'inutile.En dépit de leurs similitudes, la technique et l'art se distinguent donc par leur processus et leur finalité.. »

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