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A-t-on besoin d'imaginer ?

Publié le 05/06/2012

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Nous venons de voir que dans l'imagination, l'affection corporelle détermine le jugement ; mais en retour le jugement fortifie l'affection corporelle : je juge une chose bonne pour moi parce que je la désire, mais l'ayant jugée bonne, je la désire davantage. C'est ainsi que l'imagination nourrit le sentiment ou plutôt la passion. Ce qui caractérise le passionné, c'est en effet cet accord entre les mouvements de l'âme et ceux du corps ; d'où le bonheur de la passion qui tient

« i I.

LA CONNAISSANCE ET LES OPINIONS A - Mécanisme.

Constater l'existence et Je succès de la Publicité.

Comment se fait-il qu'il suffîse de faire affîcher sur les murs " tel produit est le meilleur "• sans avancer l'ombre d'une preuve, pour que ce produit soit acheté de préférence à d'autres ? La Publicité ne se contente pas de faire connaître un produit, elle dispose les clients à demander ce produit à leurs marchands.

Pour le comprendre, il faut revenir à l'exemple célèbre, emprunté par Pascal à Montaigne: " Le plus grand philosophe du monde sur une planche plus large qu'il ne faut, s'il y a au-dessous un précipice, quoique sa raison le convainque de sa sûreté, son imagination prévaudra " (Pensées, II, 82, éd.

Brunschvicg).

C'est que l'imagination est une pensée portée par tout le corps, une pensée nourrie de mouvements ou d'ébauches de mouvements.

Imaginer, c'est penser selon les affections corporelles (Descartes disait que l'imagination est la pensée en tant qu'elle est tournée vers le corps) et c'est pourquoi l'imagination nous touche plus que l'entendement.

La Publicité précisément s'adresse à l'ima­ gination et non à l'entendement ; de là sa puissance de persuasion.

Des images nous donnent envie d'aller dans tel pays, d'employer tel savon ou de boire tel apéritif, mieux que ne sauraient faire des arguments.

- B - Effets.

La plupart de nos jugements sont œuvres d'ima­ gination.

Exemple de nos opinions sur autrui : autrui nous est sympa­ thique ou antipathique (attitude émotive, purement subjective), et nous traduisons : autrui est bon ou méchant, intelligent ou stupide.

D'une façon générale nous croyons le plus volontiers ce qui nous touche ; telle est la crédulité.

" Ce que le désir engendre, remarque Valéry, est toujours ce qu'il y a de plus clair"· Il est même fréquent que de deux explications, la moins rationnelle soit préférée parce qu'elle est plus émouvante.

Les histoires merveilleuses ou terri­ fiantes, qui parlent au cœur plus qu'à la raison, sont aisément crues.

Montaigne, qui dénonçait si justement la puissance trompeuse de l'imagination, ne laissait pourtant pas d'accorder quelque crédit à des récits invraisemblables (voir Essais, I, 20, notamment l'exemple de Cippus, roi d'Italie, « lequel pour avoir assisté le jour, avec grande affection, au combat des taureaux, et avoir eu en songe toute la nuit des cornes dans la tête, les produisit en son front par la force de l'imagination n).

Ce qu'on appelle frapper les imaginations, c'est présenter une idée sous une forme telle qu'elle provoque une émotion; il s'agit d'imposer une attitude corporelle et les pensées suivent (Cf.

la Propagande).

-C - Éthique.

L'homme peut-il résister à la Publicité, à la Propagande ? Quand le philosophe est sur sa planche, la voix de la raison peut-elle l'emporter sur celle de l'imagination ? C'est plus. »

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