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A chacun sa vérité

Publié le 03/04/2004

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L'expression est contradictoire. Car si chacun a le droit de penser ce qu'il veut, il ne peut pas affirmer en même temps que ce qu'il pense est vrai. L'idée de vérité implique le partage d'une connaissance. Par contre, chacun a le droit de penser, sans être sanctionné par une autorité morale ou politique. Le droit de la liberté de penser n'est pas à confondre avec la recherche de la vérité. Une idée vraie, c'est une idée qui s'impose à tous. Le problème est donc de savoir s'il existe des critères rationnels de la vérité. La croyance religieuse est vécue par l'individu comme une vérité intérieure. C'est non pas une vérité objective, mais ce qu'il considère comme la vérité. La question de la vérité des religions est un problème théologique important : si les religions se contredisent entre elles, on ne peut plus parler de vérité. L'affirmation de ses propres opinions comme étant des vérités peut aboutir à la violence et à la guerre. Par contre, le souci de la vérité peut amener les hommes à coopérer dans une réflexion philosophique commune.



« passé...

l'un et l'autre ont raison.

Il demeure impossible d'affirmer que l'aliment est salé ou sucré dans l'absolu : il estsalé pour Paul et sucré pour Pierre.

En cela le relativisme a raison. [2.

Vérité et tolérance]Affirmer que chacun détient sa vérité constitue ainsi une façon de respecter la liberté individuelle et de s'ouvrir auxthèses qui diffèrent des siennes.

C'est une forme d'écoute et de tolérance envers l'opinion d'autrui, étant bienentendu qu'on attend les mêmes égards pour la sienne.La rencontre d'une autre culture illustre bien cette idée.

Ainsi, en Occident, la disparition d'un proche est suivied'une période de deuil où prévalent la tristesse (manifeste jusque dans le port de l'habit noir) et lerecueillement,alors que dans certaines tribus africaines, le départ de l'âme est accompagné de chants et de danses multicolorescensées rendre la vie dans 1«< au-delà » festive et joyeuse pour le défunt.

Comme telle, chacune de ces traditionsest respectable : à chacun sa vérité. [3.

Vérité et vigilance]La vérité semble ainsi dépendante de la croyance, en un double sens : son' contenu en résulte et son idée endépend.

Affirmer que chacun a « sa » vérité peut du coup être une façon de mettre l'esprit en garde contre lacroyance illusoire (soutenue par la force du désir humain) en une vérité absolue et universelle, c'est-à-dire valableen tout temps, en tout lieu et pour chacun.

Ce peut être une façon de convaincre l'esprit de se déprendre d'unpréjugé, qui ne relève pas du sens commun mais de la tradition philosophique : la croyance en l'existence d'uneseule et unique vérité, « vieille idole que l'on encense par habitude », selon Nietzsche.Affirmer que chacun a sa vérité constitue donc un moyen de se mettre à l'écoute de l'autre et de revendiquer sapropre opinion, contre toute tentative d'uniformisation utopiste ou totalitaire.

Mais le relativisme ne risque-t-il pasde se retourner contre lui-même ? Reprenons l'exemple des différences culturelles : le relativisme a incité certainstiersmondistes à prôner l'absence totale d'aide occidentale à des populations décimées : « Respectons-les »équivaut à : « Laissons-les se débrouiller ! »Le pas séparant la reconnaissance de la pensée différente, d'une totale indifférence parfois méprisante, n'est doncpas difficile à franchir.

C'est peut-être dans l'idée d'une vérité commune que la solution existe. [II.

La vérité est commune ou n'est pas] [1.

Impasse du relativisme]En affirmant qu'il n'y a pas de vérité, le relativisme lui-même affirme une vérité.

À son insu sans doute, il nous faitprendre conscience qu'aucune discussion ne peut avoir lieu si elle n'est sous-tendue par la croyance en une véritéunique et commune, et en la possibilité, pour l'homme, de l'atteindre et de la reconnaître.Certaines vérités peuvent ainsi, à juste titre, être qualifiées d'universelles et d'objectives, c'est-à-dire valables pourtous les sujets, indépendamment de leurs différences individuelles.L'exemple type est celui des vérités mathématiques : la force de leurs raisons et la rigueur de leurs démonstrationsen font le modèle de toute vérité, selon la première partie du Discours de la méthode de Descartes. [2.

Compatibilité de la vérité personnelle et de la vérité commune] En dénonçant la croyance infondée en une vérité indubitable et identique pour tous, Nietzsche a surtout misl'accent sur la nécessité, pourl'homme, de s'approprier la vérité.

Il a voulu dénoncer une conception uniforme et passive de la vérité.

La fairesienne peut alors signifier, à rebours de ce qui précède, la débarrasser de tout ce qui jusqu'alors la recouvrait etrestait inaperçu : les préjugés, etc., afin d'accéder à un autre univers de sens et à une vie en commun plusauthentique.La vérité devient du coup une affaire personnelle, non plus au sens où « c'est mon opinion et je la partage », maisau sens où il n'est de vérité que celle que le sujet s'est appropriée par un examen critique. [III.

La vérité comme affaire personnelle] [1.

La vérité comme entreprise critique]Il n'est pas de vérité authentique (pour le sujet lui-même) sans un examen critique qui en interroge les fondementset la validité.

C'est ce que montre l'entreprise cartésienne du doute méthodique et hyperbolique (qui s'étend àtout).

Parmi toutes les connaissances simplement reçues, certaines sont vraies et d'autres fausses.

Mais on nepourra différencier les unes et les autres que si on les remet toutes en question pour, ensuite, examiner la validitéde chacune d'elles, et décider de la conserver ou non.

L'image du panier rempli de pommes est parlante : si l'on veuts'assurer de bien séparer les pommes pourries des pommes saines, il faut vider tout le panier, et ne remettre lespommes qu'une à une, après les avoir bien examinées.

Car une seule pomme pourrie suffirait à contaminer toutes lesautres. [2.

La vérité peut être relative et universelle]En outre, l'affirmation de la relativité de la connaissance humaine n'empêche pas l'existence d'une vérité commune.Dans la Critique de la raison pure, Kant montre ainsi que la connaissance humaine est relative, au sens où elle n'apas accès à l'en-soi des choses (ce qu'elles sont en elles-mêmes) mais seulement à leurs phénomènes, c'est-à-direà la façon dont elles se donnent à l'esprit humain, dans l'espace et dans le temps, et selon les catégories (lasuccession par exemple).

Cependant, et c'est ce qui distingue Kant des relativistes cités plus haut, les structuresde l'esprit humain sont les mêmes pour tous.

Nous appréhendons tous les choses dans l'espace et dans le temps, et. »

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