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Choisit-on ses désirs ?

Publié le 27/02/2008

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Freud, L'Avenir d'une illusion (1927). . Pour Freud, il ne suffit pas de dire que la religion est une erreur, qui décrit de manière erronée la réalité et donne aux prêtres un ascendant illégitime sur les gens assez crédules pour les croire. La religion a une force propre, celle du désir. Elle est, comme l'ensemble des comportements humains, une des manifestations de la libido. Pour Freud, la croyance en un Dieu providentiel est une projection de la figure paternelle, qui permet de se prémunir contre les angoisses rencontrées dans la réalité. La religion est une pathologie, une névrose obsessionnelle, qui nous maintient dans un stade infantile et dont il faut se délivrer pour parvenir à l'âge adulte. . La critique freudienne est à double tranchant, car elle permet aussi de voir que certaines critiques de la religion reproduisent, au nom de la science et de la liberté de penser, les mécanismes qu'elles croient critiquer. Ce qui se prétend «discours rationnel» n'est souvent pas moins dogmatique et pas moins symptomatique de certains désirs et angoisses que la religion.

« S'inspirant du stoïcisme et dans la troisième partie du « Discours de la méthode », Descartes affirme qu'une de ses règles d'action est « de tâcher plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs plutôt que l'ordre du monde » (« Fortune » désigne ici le cours changeant de la nature).Pour comprendre cette maxime, qui semble d'un conformisme révoltant, il fautsavoir qu'elle fait partie d'une morale « par provision », c'est-à-dire qu'elle ne correspond pas à la morale définitive de Descartes , mais s'intègre à un ensemble de règles provisoires et révisables, dictées par l'urgence de la vie etde l'action, alors même que la raison et la recherche recommandent laprudence.Le « Discours de la méthode » présente la biographie intellectuelle de l'auteur, et les principaux résultats auxquels il est parvenu par une démarcheaussi singulière que révolutionnaire.

Afin de parvenir à une certitude absolueet indubitable, Descartes décide de remettre au moins temporairement en cause la totalité de ses opinions.

Pour parvenir « à la connaissance vraie de tout ce qui est utile à la vie », il se voit obligé de rejeter la totalité de ce qu'il avait cru.

Dans les « Méditations », il décrit ainsi son attitude : « Je suppose que toutes les choses que je vois sont fausses ; je me persuade que rien n'a jamais été de tout ce que ma mémoire remplie desonges me représente ; je pense n'avoir aucun sens… ». Il faut comprendre que ce doute est une démarche intellectuelle qui a pourbut de détruire le « palais » de l'ancienne métaphysique, qui n'était bâti que « sur du sable et de la boue », pour reconnaître le véritable palais des sciences sur le roc de la certitude.Mais une question nouvelle apparaît : pendant que je détruis mon ancienne demeure, pour en reconstruire unenouvelle, où vais-je loger ?« Car ce n'est pas assez, avant de recommencer à rebâtir le logis où l'on demeure, que de l'abattre […] il faut aussis'être pourvu de quelque autre où o puisse être logé commodément pendant le temps qu'on y travaillera. » Pendant que le doute m'oblige à n'admettre aucun principe, comment vais-je vivre, et vivre au milieu des autres, sur quels principes vais-je régler mes actes, moi qui rejette tous les principes ? Sur quels critères vais-jechoisir d'agir, pendant que je doute de tout ? La démarche intellectuelle de Descartes l'oblige à être irrésolu en ses jugements, de tout passer au crible du doute, mais « les actions de la vie ne souffrent aucun délai .

» « Ainsi, afin que je ne demeurasse point irrésolu en mes actions pendant que la raison m'obligerait de l'être en mesjugements, et que je ne laissasse pas de vivre dès lors aussi heureusement que je pourrais, je formais une moralepar provision. » La morale par provision consiste à se donner des règles d'action, temporaires et révisables, pour vivre et agir defaçon décidée et résolue, alors même que le doute me contraint à ne rien admettre pour vrai.

On est là à unmoment très particulier de la démarche cartésienne ; un moment où le divorce est possible entre raison & action.Ce qui prime dans l'ordre de la connaissance c'est la vérité.

Et elle impose le doute, la patience, la circonspection.Ce qui prime dans l'action, c'est la résolution, c'est de savoir prendre partie s'y tenir face à l'urgence de la vie.

Lamorale par provision ne correspond qu'à un moment précis de la vie : celui où j'entreprends une réforme intellectuelletotale alors même qu'il me faut continuer à agir.Elle est nécessaire au moment où mes actes ne peuvent pas encore parfaitement correspondre à la vérité, et ceciparce que je cherche une vérité que je n'ai pas encore atteinte.

Les règles de la morale par provision ou « morale provisoire » sont donc par essence révisables, et Descartes récrira une morale une fois sa métaphysique et sa physique fondées.

Pour l'instant, il s'agit de se donner les maximes les plus prudentes et les plus aptes à m'assurerle contentement, alors même que je ne dispose d'aucun principe ferme pour guider mon action.

Si l'on reprend lamétaphore de Descartes , elles correspondent à cette maison dans laquelle j'habite temporairement, pendant que je reconstruis mon palais.La première maxime de Descartes recommande un conformisme extérieur : puisque rien ne me dit quelles mœurs ou quelle religion adopter en toute connaissance de cause, autant m'en tenir à celles de mon pays.

Ce conformismen'est que la façade et n'implique aucune adhésion intérieure.

La seconde maxime consiste en un usage ferme etconstant de la volonté ; une fois une décision prise, il ne faut pas en démordre.

Si je me perds en forêt, il me faudrabien choisir, fut-ce au hasard, une direction, et si je veux ne pas m'égarer complètement, m'y tenir.La troisième maxime est : « de tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune et à changer mes désirs plutôt que l'ordre du monde ».

Descartes affirme que cette règle est aussi facile à comprendre que difficile à appliquer.

En fait, il s'agit là d'une maxime d'inspiration stoïcienne, quasi directement recopiée d' Epictète , et qui nous invite à faire le départage entre :· d'une part ce qui dépend de nous, ce sur quoi nous avons un pouvoir ; · d'autre part ce qui ne dépend pas de nous, et dont nous devons nous exercer à ce qu'il ne nous touche en aucune façon. Le but que poursuivent les stoïciens, et Descartes ici, est de nous rendre les plus indépendants possibles des coups du sort, d'assurer au sujet la plus grande autonomie possible.

Or pour cela il faut NOUS vaincre, plutôt que denous en prendre à la fortune (au mode, au hasard) et changer nos désirs plutôt que de sombrer dans l'illusion deremodeler le mode suivant nos projets.

Comme le déclare Epictète : « Ce n'est pas en satisfaisant nos désirs que l'on se fait libre, mais en détruisant les désirs. » On voit ici naître l'opposition entre le sujet et la fortune, ses désirs et le monde.

En fait, il faut d'abord savoir faire ladifférence entre ce qui dépend de nous et ce qui n'en dépend pas, compter nos propres forces, et les mesurer à. »

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