Devoir de Philosophie

Comment penser le lien entre la matière et l'esprit ?

Publié le 20/01/2004

Extrait du document

esprit
4. La pensée comme propriété du corps organisé.« Je crois la pensée si peu incompatible avec la matière organisée, qu'elle semble en être une propriété, telle que l'électricité, la faculté motrice, l'impénétrabilité, l'étendue, etc. » La Mettrie, L'Homme-machine (1748). * La solution cartésienne laisse posé le problème de fond: comment l'immatériel peut-il agir sur la matière (et réciproquement)? La Mettrie utilise Descartes pour le critiquer: il prolonge la théorie de Descartes des «animaux-machines» avec sa théorie de «l'homme-machine»: l'homme, dit-il, n'a pas plus une âme que les animaux, il est seulement une machine beaucoup plus complexe.* La Mettrie propose donc une théorie matérialiste du rapport matière/esprit, mais à la différence de Lucrèce, il pense l'esprit non comme un ensemble spécifique de molécules, mais comme un effet de l'organisation de la matière.* Prolongement contemporain de cette conception: l'Homme neuronal du neurologue Jean-Pierre Changeux. Cela ne simplifie pas le problème pour autant, car il reste à comprendre que la structure matérielle rend possible un phénomène comme une décision, ou même simplement, une perception. 5.
esprit

« La biologie, chapitre de la physique (Descartes).Descartes, préoccupé de physique et, en particulier, de mécanique (= étudede l'enchaînement des causes, qui se dit en grec : mékanè), a considérécurieusement que les animaux sont des machines (théorie de l'animal-machine).

« C'est la nature qui agit en eux, selon la disposition de leursorganes; ainsi qu'on voit qu'un horloge (— une horloge), qui n'est composéque de roues et de ressorts, peut compter les heures, et mesurer le temps,plus justement que nous avec toute notre prudence » (Discours de laMéthode, 1637). Le problème de l'union de l'âme et du corps. a) La hiérarchie des âmes selon Aristote.

Aristote distinguait, dans son Traitéde l'Ame :• L'âme végétative, principe de la nutrition et de la croissance des plantes;• L'âme sensitive, principe de la sensation et de la locomotion chez lesanimaux;• l'âme rationnelle (ou dianoétique), qui — chez l'homme — couronne les deuxprécédentes. b) Chose qui pense ou matière brute.

Descartes rejette absolument cesdistinctions.

« Il n'y a en nous, écrit-il, qu'une seule âme, et cette âme n'a ensoi aucune diversité de parties : la même qui est sensitive est raisonnable, et tous ses appétits sont des volontés »(Traité des Passions, art.

47; 1649).

Ceci implique que les animaux, qui ne pensent pas, ne connaissent ni le plaisirni la douleur. c) L'insoluble question de l'union de l'âme et du corps.• Le corps de l'homme aussi est donc en tous points comparable à une machine (un médecin du XVIIIe s.

écriramême un ouvrage intitulé : L'Homme-machine, 1748). Au XVIIIe siècle, le médecin philosophe matérialiste La Mettrie prendra très au sérieux la vision mécaniste des êtresvivants, en refusant la distinction de l'âme et du corps et en défendant la thèse de l'homme-machine : les hommes« ne sont au fond que des animaux et des machines perpendiculairement rampantes 9 »; la sensibilité et la pensée sont des propriétés de la matière organisée.

L'homme-machine dérive de l'animal-machine de Descartes mais LaMettrie entend pousser le mécanisme cartésien jusqu'au maximum de ses conséquences logiques: tout ce que lamétaphysique cartésienne attribuait à l'âme (pensées, ides innées) peut être expliqué matériellement.

Tout enl'homme n'est que mécanisme et il revient à la science d'en rendre compte. • Comment expliquer alors l'union vécue de la « substance étendue » (= la matière) du corps et de la « substancepensante » (= l'âme) ? Descartes localise bizarrement dans la glande pinéale (petite glande située au-dessus ducerveau moyen, que nous nommons aujourd'hui : épiphyse), le point de jonction entre les volitions de l'âme et lesmouvements du corps de l'homme.• « Toute l'action de l'âme consiste en ce que, par cela seul qu'elle veut quelque chose, elle fait que la petiteglande à qui elle est étroitement jointe, se meut en la façon qui est requise pour produire l'effet qui se rapporte àcette volonté » (Traité des Passions, art.

41; 1649). Pour Descartes, l'âme et le corps dont deux substances distinctes, mais pourtant liées.

Le siège de l'âme se trouvedans le cerveau, dans la glande pinéale. « Art.

31.

Qu'il y a une petite glande dans le cerveau en laquelle l'âme exerce ses fonctions plus particulièrementque dans les autres parties.

Il est besoin aussi de savoir que, bien que l'âme soit jointe à tout le corps, il y anéanmoins en lui quelque partie en laquelle elle exerce ses fonctions plus particulièrement qu'en toutes les autres.

Eton croit communément que cette partie est le cerveau, ou peut-être le coeur: le cerveau, à cause que c'est à luique se rapportent les organes des sens; et le coeur, à cause que c'est comme en lui qu'on sent les passions.

Mais,en examinant la chose avec soin, il me semble avoir évidemment reconnu que la partie du corps en laquelle l'âmeexerce immédiatement ses fonctions n'est nullement le coeur, ni aussi tout le cerveau, mais seulement la plusintérieure de ses parties, qui est une certaine glande fort petite, située dans le milieu de sa substance, et tellementsuspendue au-dessus du conduit par lequel les esprits de ses cavités antérieures ont communication avec ceux dela postérieure, que les moindres mouvements qui sont en elle peuvent beaucoup pour changer le cours de cesesprits, et réciproquement que les moindres changements qui arrivent au cours des esprits peuvent beaucoup pourchanger les mouvements de cette glande.

» Descartes, Les Passions de l'âme (1649). • Dans la lignée de Platon, puis de Thomas d'Aquin, Descartes maintient l'idée d'une séparation entre deuxsubstances distinctes.

Cette idée a une signification religieuse: c'est parce que l'âme est immortelle, qu'unchâtiment ou une récompense divines sont possibles après la mort.

Cette distinction permet d'affirmer la liberté del'homme: c'est parce que l'âme est autre chose que le corps qu'elle échappe aux déterminations mécaniques decelui-ci; c'est le propre de l'homme.• Pour Descartes, l'âme est diffuse dans tout le corps, elle a donc des liens très étroits avec lui: elle n'est pas«comme un pilote en son navire», entièrement aux commandes du corps: entre l'âme et le corps, l'interaction est. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles