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David HUME: Enquête sur l'entendement humain, Ve section, 1re partie

Publié le 22/04/2010

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hume

« Supposez qu'un homme, pourtant doué des plus puissantes facultés de réflexion, soit soudain transporté dans ce monde : il observerait immédiatement, certes, une continuelle succession d'objets, un événement en suivant un autre ; mais il serait incapable de découvrir autre chose. Il serait d'abord incapable, par aucun raisonnement, d'atteindre l'idée .de cause et d'effet, car les pouvoirs particuliers qui accomplissent toutes les opérations naturelles n'apparaissent jamais aux sens ; et il n'est pas raisonnable de conclure, uniquement parce qu'un événement en précède un autre dans un seul cas, que l'un est la cause et l'autre l'effet. Leur conjoncture peut être arbitraire et accidentelle. Il n'y a pas de raison d'inférer l'existence de l'un de l'apparition de l'autre. En un mot, un tel homme, sans plus d'expérience, ne ferait jamais de conjecture ni de raisonnement sur aucune question de fait ; il ne serait certain de rien d'autre que de ce qui est immédiatement présent à sa mémoire et à ses sens. «

 

  • Le thème : La perception et la connaissance.
  • La thèse : Aucune connaissance certaine ne peut advenir ni de la raison, ni de l'observation, mais de la répétition des expériences.
  • Les enjeux : Hume montre qu'aucune connaissance certaine n'est possible à partir des seules facultés de réflexion. Ni à partir de la seule observation, de la simple expérience (entendue dans son sens premier comme le contact immédiat entre l'intuition sensible et le réel). Dès lors quelle est la démarche de la connaissance ? D'où nous viennent nos certitudes ? Ce texte se déploie sur fond du débat empirisme/rationalisme. De plus, le problème posé est celui du statut della perception à travers celui de l'induction. Quel est le statut de la perception au regard de la connaissance scientifique ?

 

hume

« fondent sur la relation de cause à effet.

La certitude des faits est donnée par la connaissance de la cause et del'effet.

Or cette connaissance ne s'obtient pas a priori.

C'est ce que Hume nous dit en supposant un homme « douédes plus puissantes facultés de réflexion ».

Ce passage fait écho à un autre texte de Hume où il dit : « Qu'onprésente un objet à un homme dont la raison et les aptitudes soient, par nature, aussi fortes que possibles ; si cetobjet lui est entièrement nouveau, il sera incapable, à examiner avec la plus grande précision ses qualités sensibles,de découvrir l'une de ses causes ou l'un de ses effets.

» De même une expérience sensible entendue comme unecollection d'observations, faite d'apparence fugitives, inconsistantes, ne délivre pas les lois de la causalité.

Humesemble réfuter deux voies de la connaissance Le problème qui se pose est que pour atteindre une connaissancecertaine, l'homme doit connaître les lois de la causalité.

Or il y a deux façons d'envisager la relation causale, soit apriori, soit a posteriori.

Soit on établit la causalité par un raisonnement déductif, par démonstration ; soit onl'envisage comme un phénomène.

Le second mouvement du texte analyse la provenance de l'idée de causalité. b) L'idée de causalitéHume nous dit que l'on ne peut, par la simple observation de la succession des événements, inférer une idée decausalité.

En effet d'où provient-elle ? Soit nous l'avons en nous a priori, mais a priori n'importe quelle cause peutentraîner n'importe quel effet.

Hume écrit qu'une telle « conjoncture peut être arbitraire et accidentelle ».

Mais larelation causale n'est pas non plus perçue par les sens, « n'apparais[sen]t jamais aux sens », car toute expériencesensible est particulière et contingente et n'est qu'un événement unique.

Or la relation causale est nécessaire etuniverselle.

La solution envisagée par Hume sera de considérer que l'on ne peut fonder l'universel sur le contingentet que nous ne pouvons justifier les inférences causales mais il nous appartient de les expliquer.

La causalité quenous plaçons dans les choses n'est pas dans les choses mais dans l'esprit.

C'est une détermination de l'esprit commenécessité.

La causalité n'est plus comprise en termes métaphysiques mais au sein d'une théorie de la connaissancephysique.

Ainsi le statut de l'expérience revêt une importance particulière, ce qu'indique le troisième mouvement dutexte.

Bien des critiques s'élèveront contre Hume, Kant montrera que le concept de cause doit comprendre en lui-même cette idée de liaison nécessaire entre cause et effet, ce que ne conçoit pas l'empirisme. c) La nécessité de l'expérienceLe rapport causal n'est pas une qualité sensible mais il est connu par expérience ou plutôt par répétition del'expérience.

Hume écrit dans le texte « plus d'expérience ».

Ce n'est pas tant la quantité que la qualité del'expérience.

Quel est le statut de l'expérience pour Hume ? L'homme puise ses idées, qui vont être le fond de sesconnaissances, de l'expérience.

Locke dira que ce sont des idées de sensation, comme l'idée du « mou », acquisepar l'expérience sensible.

Les idées de réflexion nous viennent d'une expérience interne, celle que nous faisons surles opérations intérieures de notre esprit, par exemple l'idée de la colère.

Hume pensera ces idées comme descopies, des impressions sensibles.

L'imagination permet de combiner ces idées.

Donc les idées ne sont passimplement dérivées de l'expérience.

Sinon nous serions comme l'homme que décrit Hume, certain de rien, si ce n'estde ce qui « est immédiatement présent à sa mémoire et à ses sens ».

Il nous faut donc distinguer entre les idéessimples directement dérivées de l'expérience sensible et les idées composées.

Pour l'empirisme, l'expériencefonctionne comme un contrôle.

C'est à la fois le fondement de notre connaissance et la vérification de celle-ci.

Larépétition de l'expérience est donc 'la solution pour obtenir la certitude de nos connaissances.

L'expérience estfondement de la connaissance à double titre, elle débute la connaissance et elle la valide.

Mais il n'en reste pasmoins que pour Hume, aussi concordantes que soient nos expériences, nous ne serons jamais assurés d'avoir étudiéla totalité des phénomènes.

Pour Hume l'universalité et la nécessité des lois causales restent problématiques.Transition : C'est donc en un sens le statut de l'expérience comme contact immédiat entre l'intuition sensible et leréel qui pose problème ; ou autrement dit, que se passe-t-il lorsque nous percevons le monde ? L'intérêtphilosophique du texte semble se situer dans le statut de la perception.

Quel est le statut de la perception auregard de la connaissance scientifique ? Deuxième partie Comment concevoir la perception ? La perception se définit comme l'acte par lequel un individu organisant ses sensations, les interprétant, y ajouteimages et souvenirs.

Cet acte de la perception oppose un objet que l'homme pose distinct de lui et connu par lui.

Laconception de la perception convoque donc le statut de l'expérience, la question de l'origine de la connaissance.Pour un rationaliste, toute perception relève d'un jugement, il y a dévalorisation de la sensation.

La perception peutêtre entendue comme donnée globale immédiate où sensation et perception ne seraient plus distinguées.

Si lasensation pure n'existe pas, on ne peut évacuer la place du sujet dans la perception.

Le sujet n'est pas un simplespectateur qui imprimerait les données sensibles.

C'est Merleau-Ponty qui comprendra la perception comme uneorganisation globale effectuée par un corps-sujet en situation.

La perception est une conduite de l'être vivant auxprises avec l'univers.

Mais il y a lieu de distinguer la perception du réel et la connaissance scientifique de ce mêmeréel.

C'est en ce sens que Bachelard insistera sur le fait que la perception vulgaire est un « obstacleépistémologique ».

Le monde où le soleil se couche et se lève n'est pas le monde de la science pour lequel le soleilne se lève ni ne se couche.

C'est sans doute en ce sens que Hume nous dit qu'un homme livré à une simpleperception ne découvrirait rien.ConclusionHume nous a montré qu'aucune connaissance certaine ne peut advenir ni de la raison, ni de l'observation, mais de larépétition des expériences.

La simple perception ne délivre aucune connaissance même si elle est indispensable à la. »

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