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Doit-on le respect au vivant ?

Publié le 04/01/2004

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L'être vivant est en relation constante avec un milieu extérieur ; néanmoins, le processus de formation et de développement d'un être vivant est indépendant du milieu extérieur. Même si, pour son entretien et sa croissance, un organisme vivant a besoin d'assimiler des substances étrangères (nourriture, oxygène, gaz carbonique, etc.), même si, sans ce type de relations la vie ne pourrait ni exister, ni se développer, toujours est-il que sa forme et sa croissance sont régies par une programmation interne qui n'est pas le résultat des forces extérieures qui s'exercent sur l'être vivant. Par exemple, un poisson rouge ne peut survivre sans eau et daphnies, mais aucune force physique ne peut transformer ce dernier en éléphant. Les manifestations principales de cette morphogenèse autonome sont l'auto-formation, l'autorégulation et l'auto-réparation. Cette dernière, bien qu'elle ne concerne pas tous les organes, s'étend cependant à un nombre infini d'agressions et de blessures. C'est ainsi que l'écorce du pin entaillé se refait, que la pince du crabe repousse et que les blessures se cicatrisent.Le troisième critère est l'invariance reproductive. Les êtres vivants se reproduisent. En outre, cette reproduction est marquée par l'invariance, soit complète en cas de reproduction par sissiparité (division des cellules), soit partielle en cas de reproduction sexuée.

— Sujet assez délicat : le vivant rassemble toutes les facettes du biologique (végétal et animal) et la notion de « respect « semble d'abord appartenir à un ordre très différent (celui des valeurs ou de la morale). — Mais la question est aussi relative à une certaine actualité : y sont impliqués les problèmes écologiques aussi bien que la crainte contemporaine de voir se constituer un univers technoscientifique qui échappe à notre volonté ou contrôle. — « Doit-on « implique la réalité d'un devoir : si ce dernier renvoie à la morale, la morale peut-elle se concevoir, au-delà de l'humanité, comme concernant la totalité de ce qui vit ? Qu'est-ce qui peut justifier un tel élargissement (il s'agit alors aussi bien de l'humanité future que de l'actuelle) ?

« La personne est ce qui se distingue de la chose, comme la fin sedistingue des moyens.

Tout être dont l'existence ne dépend pas de lalibre volonté, mais de la nature, n'a qu'une valeur relative, c'est-à-direen rapport avec autre chose que lui-même.

Les êtres naturels sont deschoses.

Les êtres raisonnables, c'est-à-dire capables d'agissementslibres, sont des personnes, c'est-à-dire des fins en soi.

Ils ne peuventservir simplement comme moyens, et par suite limitent notre libreactivité, puisqu'ils sont l'objet d'un inconditionnel respect.

La personneest une fin objective, dont l'existence même est une fin en soi, qui nepeut être remplacée par aucune autre.

Étant fin en soi, on lui doit unabsolu respect.

La personne humaine est la seule valeur absolueexistante, il n'y en a pas d'autres sur le plan pratique.

L'impératifcatégorique pour toute volonté humaine repose donc sur le principe que: "La nature raisonnable existe comme fin en soi." C'est ainsi que nousdevons nous représenter notre propreexistence ainsi que celle d'autrui, et ce principe doit sous-tendre toutesnos actions.

La moralité, soit l'usage de la raison dans le domainepratique, repose par conséquent sur la maxime suivante : "Agis de tellesorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans lapersonne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, etjamais simplement comme un moyen." La personne humaine se signale par sa liberté.

Respecter la personne c'est promouvoir cette liberté: or unetelle liberté ne se trouve chez aucun animal, elle constitue un trait propre de la nature humaine. Le respect s'accompagne de la capacité à dialoguer plutôt qu'à s'affronter.

Le respect fait partie des marquesd'une communauté de relation dans laquelle la reconnaissance est réciproque: j'attends d'autrui qu'il merespecte autant que je le respecte.

Une telle réciprocité n'aurait pas de sens entre les hommes et le reste duvivant.

II.

Mais ne doit-on pas étendre le respect à l'ensemble du vivant ? L'accroissement massif des interventions humaines sur le monde animal mais aussi sur l'embryon humain dans lespremiers stades de son développement semble pourtant imposer une interrogation sur les limites de l'action légitime. • Un principe de sauvegardeLa question se pose d'abord comme une question de sauvegarde contre des menaces directes : l'action de l'hommeà l'égard du vivant provoque la disparition massive d'espèces végétales et animales; la notion de respect mettrait envaleur l'aspect précieux car fragile et non renouvelable à volonté de la vie sur terre. • Une communauté réelle?Bien que décrété de manière unilatérale, le respect peut-il fonder une communauté de tous les êtres vivants avecce seul critère comme lien de solidarité ? Certains penseurs, notamment dans le monde anglo-saxon, ontreproché à la morale traditionnelle d'être trop centrée sur l'espèce humaine et ont tenté de formuler ce quepourraient être les droits des animaux. • Quelle serait la portée de ce respect?La question est cependant épineuse car il est difficile de tracer une limite nette entre les actes qui sont à interdireclairement (les traitements cruels envers les animaux) et ceux qu'il serait absurde de condamner (consommer desplantes).

Le respect pour les animaux implique-t-il, par exemple, la généralisation du végétarisme ? Ou seulement lamise en place de certaines normes dans le domaine de l'élevage ou de l'expérimentation biologique à des fins médicales? Troisième partie: quelles peuvent être les limites de l'action humaine sur le vivant ? En ce qui concerne le travail sur l'embryon humain, il est difficile de dire à quel moment un amas de cellules devientvéritablement un être humain; comme tout embryon peut devenir une personne, une protection spécifique estnécessaire afin d'éviter des abus en termes de manipulations voire de commerce.

C'est pourquoi un statut del'embryon a été formulé pour encadrer la pratique scientifique et médicale.De même, des débats vigoureux sont en cours pour que ne prévalent pas les seuls intérêts économiques dans ledéveloppement d'organismes transgéniques: face au manque de visibilité pour les conséquences à long terme de cestransformations la simple prudence incite à ralentir le développement de ces cultures.On peut enfin se demander si toutes ces normes ne seraient pas l'expression du respect que l'homme doit à l'hommeet notamment aux générations futures.

La notion même de respect implique la capacité à renoncer à une domination. »

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