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L'ESPRIT DES LOIS (MONTESQUIEU) : Analyse

Publié le 13/05/2011

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esprit

Livre étonnamment nouveau, déjà par son seul dessein. Car il a fait de la science sociale et politique une matière littéraire. Et précisément parce qu'il s'agissait d'intéresser le public à des sujets réservés jusque-là aux techniciens, ce qui peut nous choquer aujourd'hui fut à l'époque une qualité : rapidité, chapitres très courts, titres imprévus, traits d'esprit ("De l'esprit sur les lois !" disait Mme du Deffand.) Livre nouveau par sa méthode, qui applique l'étude expérimentale aux faits sociaux. En effet, ce traité de jurisprudence fait un examen comparé des lois civiles, politiques, économiques appartenant à diverses époques et à divers pays. Mais ce traité de jurisprudence est aussi une oeuvre philosophique écrite par un physicien, par un naturaliste qui explique les lois par les conditions de leur naissance (climat, population, moeurs, religion, commerce, constitution). 

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« L'Esprit des lois n'en est pas moins un des livres essentiels de notre littérature : a) parce qu'il a mis toute unescience à la portée d'un public étendu; b) parce qu'il est riche de ,vues politiques, économiques, sociales quiobligent le lecteur à penser; c) parce qu'il crée une philosophie politique qui tient compte des origines historiques,des tempéraments nationaux, de toutes les vérités de fait, et peut résistes ainsi aux chimères de l'espritd'abstraction, aux utopies des faiseurs de constitutions.C'est aussi un livre essentiel du XVIIIe siècle, un de ceux dont le siècle s'est nourri.

En effet, Montesquieu expliquetoutes choses en se passant de la religion, travaille au progrès des lumières et montre une vive préoccupation dugenre humain.

Dans cet esprit, il blâme l'Inquisition et les persécutions contre les Juifs, se fait l'apôtre de la.tolérance, condamne les guerres de conquête ainsi que l'esclavage; il réclame une réforme de la justice dans le sensd'un adoucissement, l'abolition de la torture; il critique beaucoup d'abus de la monarchie, enfin propose un type demonarchie libérale.

C'est pourquoi l'on peut dire qu'il a été en partie — mais en partie seulement — l'homme de la Constituante.

Il estévident que Montesquieu semble bien avoir inspiré les débuts de la Révolution, quand l'Assemblée nationale abolitl'absolutisme monarchique et décida de donner une constitution au royaume, quand la Constituante proclama leslibertés individuelles et la division des pouvoirs, institua un régime électif pour les juges, déclara que la nationfrançaise renonçait à toute guerre de conquête, à toute entreprise contre la liberté des peuples, enfin quand elleexerça son pouvoir législatif et créa une tradition parlementaire.Montesquieu toutefois reste assez à part dans son siècle, hors des groupes et des systèmes, dans uneindépendance solitaire.a) D'abord par caractère.

Il n'aimait guère les salons parisiens et il n'a siégé que trois fois à l'Académie.

Il abeaucoup vécu dans son château de la Brède, il y a composé dans la solitude sa grande oeuvre.b) Par originalité et indépendance intellectuelles.

Il admire d'Alembert, qui l'admire; il estime Buffon, lequel cependantcritiquait son style, lui reprochait le procédé peu scientifique des preuves insuffisantes, blâmait l'irrespect qu'il avaitsouvent montré pour les formes extérieures de la religion.

Il n'aime pas Voltaire.

S'il se montre en partie voltairien,s'il trouve la religion toujours assez bonne quand elle convient à la nation, si lui aussi attaque l'Inquisition, le célibatecclésiastique, la main-morte, d'autre part il n'admet pourtant pas cette thèse historique de Voltaire : que lafortune, c'est-à-dire le hasard, mène le cours des choses humais es.

Et de son côté Voltaire, dans l'Essai sur lesmoeurs, s'est efforcé de réfuter les grandes théories de Montesquieu (sur la nature et les principes desgouvernements, sur le génie des nations, sur l'influence des climats) qu'il trouvait trop systématiques et gâtées pardes distinctions chimériques.c) Enfin Montesquieu philosophe politique, théoricien de la liberté politique, n'a pas le moindre esprit révolutionnaire.Les philosophes du siècle et Voltaire lui-même lui reprochaient de rechercher les .motifs naturels de toute loi, sansconsidérer ce qu'elle avait de juste ou d'injuste.

H restait défenseur de certains abus tels que la vénalité descharges, partisan des pouvoirs de la noblesse.d) C'est pourquoi il n'a pas été complètement l'homme de la Constituante.

Il n'aurait sans doute jamais accepté leSerment du Jeu de Paume, ni l'abolition des privilèges, ni la Déclaration des Droits de l'homme.

S'il a inspiré uneexpérience politique homogène et continue, ç'a été plus tard, au XIXe siècle, sous nos régimes parlementaires.. »

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