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L'HISTOIRE EST-ELLE UNE SCIENCE ?

Publié le 31/01/2011

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histoire

1 - Les objections faites à l'histoire

  • Comment pourrions-nous croire ce que nous dit l'histoire, puisque nous n'avons pas d'observation directe de ce qui s'est passé ? Le passé est révolu, et nous ne pouvons dire que peu de choses. Renan employait la formule : « l'histoire est une petite science conjecturale «. Alain préférait les sarcasmes : « un document est un vieux papier que la dent des rats, la négligence des héritiers, les flammes de l'incendie, les exigences de la chaise percée ont épargné par hasard «. Nous sommes donc à l'écoute des faits qui nous sont présentés par « un garçon de laboratoire ignorant et peut-être menteur «, selon Seignobos. Il est évident que l'histoire souffre de la pauvreté et de la rareté des documents.

  • Comment imaginer que l'histoire soit possible, puisque de toutes les façons, l'historien restera subjectif ? Car il appartient à un pays, à un niveau et à une classe sociale. Il éclaire le passé par les projections de son époque. Comment pourrait-il envisager avec sérénité le temps passé, alors qu'il est, lui, directement concerné par des valeurs et des préoccupations contemporaines ? Fénelon affirme que : « le bon historien n'est d'aucun temps ni d'aucun pays «. Mais R. Aron observe, plus réaliste, que : « l'historien ne survole pas le paysage historique ; il est au même niveau que le devenir qu'il s'efforce de retracer «. 

histoire

« Cette subjectivité pose de redoutables problèmes.

Car il sera toujours délicat de juger un individu.Comment pourrons-nous prétendre avoir toutes les données de sa vie biologique, sociale et psychologique? Valéry craignait cet obstacle et il le jugeait infranchissable : « impossibilité de séparer l'observateur de la chose observée et l'histoire de l'historien .

Chaque historien en a conscience et veille à sa façon, àmaîtriser cette difficulté.

Ainsi Michelet, pour n'être pas marqué par son époque, prenait le parti de rester enfermé chez lui ou aux Archives.

Il allait jusqu'à s'interdire la lecturedu journal ! Mais nous savons bien que son texte sur l'histoire de France est une épopée lyrique, remplie de sentiments jacobins et romantiques.

Malgré toutes lesprécautions prises, Michelet a écrit une histoire qui prouve à quel point l'historien reste prisonnier de ses idées et de ses interprétations.

Mais l'obstacle est-ilinsurmontable ? Les historiens romantiques, au siècle, ont tenté de prendre conscience de cettedifficulté et de la surmonter par une générosité intellectuelle.

Tous leshistoriens de l'époque s'imposent des « recettes » morales pour rester, face àl'événement, aussi neutres que possible.

En revanche, l'historien peut laisserlibre cours à sa subjectivité et donc présenter une interprétation soumise à lacritique elle aussi.

Au lieu de rechercher une utopique et fallacieuse objectivité,il vaut mieux se préoccuper de penser le plus vrai possible.

La sincérité del'historien peut le tromper, Mais elle ne nous trompe point.

Nous ne reprochonspas à Michelet cette forme lyrique, nous lui reconnaissons des mérites et desinconvénients. 4 - La Science historique ? Les recherches contemporaines et les courants d'idées provoqués par les nouveauxhistoriens ne manquent pas de souligner le côté scientifique de l'histoire.

Mais leshistoriens ne se préparent pas à travailler de la même façon et ils utilisent desméthodes qu'ils peuvent garantir comme scientifiques.

On sait le rôle que jouel'ordinateur ou le répartiteur.

On devine l'intérêt de dépouillement systématique desarchives notariales ou nationales, en se fondant sur des faits indiscutables.

Ainsi,on peut évaluer avec exactitude les variations de prix, en comparant les mercurialesdes marchés parisiens, ainsi on peut évaluer la santé publique en analysant, sur desdizaines d'années, la taille des conscrits et leur fiche signalétique.

La sociologienous a appris à dénombrer et à apprécier les statistiques.

Les historiens se soucientdavantage des problèmes de l'économie, de la science et du commerce.

Ilsregardent comment telle innovation technologique bouleverse une société bienstructurée.

Ainsi les historiens américains ont-ils recherché le rôle exact du cheminde fer dans l'essor du capitalisme. Des techniques et des instruments d'analyse permettent d'espérer et de réaliseravec l'histoire un projet scientifique.

Certes, la science historique, puisqu'elle ne peut prévoir, ni répéter un événement, échappe à la définition classique.

Enrevanche, si le laboratoire classique est impossible, les instituts de simulation ontdéjà prouvé leur efficacité.

Ils vérifient même la validité d'une thèse : lesaméricains ont montré que leur développement industriel ne se rattachait pasexclusivement au chemin de fer.

On peut, grâce aux statistiques, « refaire » lemoindre événement assez précis et assez circonstancié.

Les interprétations sonttestées, expérimentées et les meilleures hypothèses apparaissent, comme sil'histoire pouvait donc désormais jouer le rôle d'une science et d'une prévision.D'ailleurs certains historiens obtiennent des résultats plus scientifiques encore.Ainsi, M.

Bloch vérifie que la civilisation féodale a été supprimée à cause decertaines conditions économiques, et il arrive à démontrer que ces mêmesconditions produisent les mêmes effets.

Cette histoire comparée prend donc un sensprécis : elle donne, par des séries d'exemples, des relations causales.

L'histoireatteint un seuil de crédibilité.

Si une « loi » se vérifie pour des pays aussi variés quela France, l'Angleterre, l'Allemagne et même le Japon, nous sommes incités à penserque l'historien a su comprendre les mécanismes, et donc, que la connaissancehistorique est possible.

Conclusions. »

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