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Peut-on dire « à chacun sa vérité » ?

Publié le 24/03/2004

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« Il n'arrive pas souvent que les hommes, lorsqu'ils échangent paroles ou écrits, se donnent expressément pour but de découvrir la vérité ou de s'en approcher. La vérité n'est presque jamais, en tant que telle, le souci des humains. En revanche, celui qui parle ou agit pense toujours (et affirme souvent) qu'il a raison de parler ou d'agir comme il le fait. Pour lui, ce qu'il dit est vrai, et sa conduite est fondée en vérité. Il n'y a ici aucun souci du vrai pour lui-même, mais seulement des avantages que procure la certitude de le détenir. Le malheur est que nous désirons tous avoir raison, et pour les mêmes motifs. Personne n'ignorant la puissance et la dignité du vrai, tout le monde entend s'en assurer les avantages et la garantie. Et même si les hommes font en général peu de cas de la vérité comme valeur, ils ne prennent guère de précautions contre l'erreur, ils mentent, il n'en est aucun qui se résoudra facilement à reconnaître que la vérité lui a échappé, ou qu'il l'a dissimulée. On éprouve en effet une certaine jouissance à se réclamer de la vérité, un plaisir à posséder la vérité, plutôt que d'être possédé par l'erreur ou l'illusion : nous avons bonne conscience. Nous ne sommes pas d'accord ? Qu'à cela ne tienne. Chacun de nous a raison, personne ne se trompe, ni n'a tort. Il y a simplement plusieurs vérités : la mienne, la tienne, la sienne. Ce pluralisme de la vérité n'est-il pas le meilleur fondement de la tolérance ? «

« principe de contradiction semble parler, mais e fait il « ne dit pas ce qu'il dit » et de ce fait ruine « tout échange de pensée entre les hommes, et, en vérité, avec soi-même ».

En niant ce principe, il nie corrélativement sa propre négation ; il rend identiques non passeulement les opposés, mais toutes choses, et les sons qu'il émet, n'ayant plus de sensdéfinis, ne sont que des bruits.

« Un tel homme, en tant que tel, est dès lors semblable à un végétal. " Si la négation du principe de contradiction ruine la possibilité de toute communication par lelangage, elle détruit aussi corrélativement la stabilité des choses, des êtres singuliers.

Si leblanc est aussi non-blanc, l'homme non-homme, alors il n'existe plus aucune différenceentre les êtres ; toutes choses sot confondues et « par suite rien n'existe réellement ». Aucune chose n'est ce qu'elle est, puisque rien ne possède une nature définie, et « de toute façon, le mot être est à éliminer » ( Platon ). La réfutation des philosophes qui, comme Protagoras , nient le principe de contradiction a donc permis la mise en évidence du substrat requis par l'idée de vérité.

Celle-ci supposequ'il existe des êtres possédant une nature définie ; et c'est cette stabilité ontologique quifonde en définitive le principe de contradiction dans la sphère de la pensée.

C'est doncl'être qui est mesure et condition du vrai, et non l'opinion singulière.

« Ce n'est pas parce que nous pensons d'une manière vraie que tu es blanc que tu es blanc, mais c'est parceque tu es blanc qu'en disant que tu l'es nous disons la vérité » (Aristote ). Puisque, s'il est vrai que tout est vrai, le contraire de cette affirmation ne saurait être faux,le relativisme trouve sa vérité dans le scepticisme.

Dire que tout est vrai, c'est dire toutaussi bien que tout est incertain et que rien ne peut être dit vrai. Il apparaît que le scepticisme comme le relativisme est une position intenable.

Dès qu'il sedit il se contredit. Mais comment distinguer le véritable respect de la pensée différente et l'indifférence méprisante? 11.

La vérité est commune ou n'est pas. Aucune discussion ne peut avoir lieu si elle n'est sous-tendue par la croyance en une vérité unique et commune eten la possibilité, pour l'homme, de l'atteindre et de la reconnaître.

Certaines vérités peuvent ainsi à juste titre êtrequalifiées d'universelles et d'objectives, c'est-à-dire valables pour tous les sujets, indépendamment de leursdifférences individuelles.

L'exemple type est celui des vérités mathématiques.

La force de leurs raisons et la rigueurde leurs démonstrations en font le modèle de toute vérité (Descartes, Discours de la méthode). La mathématique rassemble toutes les sciences où l'on étudie l'ordre et lamesure, indifféremment de leurs objets.

La science universelle qui rassembletoutes les autres sciences, qui n'en sont que les parties subordonnées, senomme mathématique universelle.

Ce doit être la science la plus utile et laplus facile de toutes, n'ayant aucun rapport à un objet particulier.Les difficultés qu'elle renferme se trouvent déjà dans les autres sciences,puisqu'elle leur est commune.

Si cette mathesis universalis a été négligée partous, c'est en raison de son extrême facilité.

L'ordre de la recherche de lavérité requiert pourtant de commencer par les choses les plus simples et lesplus faciles à connaître, et de ne passer à un ordre plus élevé que lorsquetoutes les difficultés auront été résolues.

Ainsi, on est sûr de ne jamais setromper.

Parmi les sciences connues, seules l'arithmétique et la géométriesont absolument certaines.

Quelle en est la raison ? Nous ne pouvonsconnaître que de deux manières : soit par l'expérience, soit par la déduction.Si l'expérience est souvent trompeuse, la déduction, qui consiste à inférerune chose à partir d'une autre, peut être manquée si on ne la voit pas, maisne peut jamais être mal faite.

"Toutes les erreurs où peuvent tomber leshommes ne proviennent jamais d'une mauvaise inférence, mais seulement dece qu'on admet certaines expériences mal comprises, ou que l'on porte desjugements à la légère et sans fondement."Arithmétique et géométrie sont les seules sciences qui traitent d'un objetsimple et pur et qui n'admettent rien d'incertain : leur travail ne consiste qu'à tirer des conséquences par voie de déduction rationnelle.

Leurs erreurs ne peuvent procéder que de l'étourderie.Elles doivent par conséquent constituer l'idéal des sciences pour leur rigueur, leur clarté et leur certitude. En dénonçant la croyance en une vérité identique pour tous, Nietzsche a surtout souligné la nécessité, pour touthomme, de s'approprier la vérité.

Il a voulu dénoncer une conception uniforme et passive du vrai.

La faire sienne. »

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