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Quelle différence y a-t-il entre désirer et vouloir ?

Publié le 02/01/2004

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Recherche du problème : plusieurs points de vue sont possibles sur la question de la différence de la volonté et du désir : qu'on les considère dans leur rapport à l'activité du sujet, à la raison, à la liberté ou au bien, le désir est toujours obscurci par quelque chose d'extérieur à moi-même. Vouloir, c'est vouloir pleinement, c'est vouloir en quelque sorte ma volonté elle-même, la prendre pour objet; désirer, c'est ne pas pouvoir (ou ne pas vouloir) faire autre chose que désirer, ne pas être maître de mon désir.

• Nous vous conseillons ici un plan de type progressif, par approfondissement de concepts, de manière à bien dégager la relation d'altérité entre « désirer « et « vouloir «. Il est également souhaitable, dans une dernière partie, de souligner leur unité dialectique. Voici ce plan :

  • A — Désirer et vouloir : la velléité et le sérieux.
  • B — Désirer et vouloir : la synthèse réfléchie du vouloir
  • C — Désirer et vouloir: la liberté vide et l'autonomie concrète.
  • D — Unité dialectique des deux actes, qui s'appellent réciproquement.

 

« Descartes donne une définition du désir à l'article 86 du traité des Passions del'âme qui peut servir de point de départ à notre analyse : «La passion du désirest une agitation de l'âme causée par les esprits qui la dispose à vouloir pourl'avenir les choses qu'elle se représente convenables.» Rappelons pourcommencer que les «esprits» (animaux) jouent le rôle chez Descartes del'influx nerveux de la biologie contemporaine : les sens présentent à l'âme, parl'intermédiaire des esprits animaux qui frappent le cerveau, un bien extérieur,objet d'une sensation, et l'âme est incitée à vouloir acquérir ce bien absent, àcontinuer de posséder un bien présent, ou encore à fuir un mal proche.

Ledésir en ce sens, même s'il me porte à vouloir, est avant tout une passion, ausens classique du terme: ce n'est pas moi qui agis, un objet extérieur agit surmoi.

De ce fait, je ne suis pas sujet de mon désir, mais sujet à mon désir,assujetti à lui.

Le désir porte sur ce dont j'ai besoin, sur ce qui me manque,me fait défaut, et plus précisément sur un objet physique. [2.

La volonté.] Par la volonté au contraire, nous nous déterminons nous-mêmes : la volontés'oppose en cela chez Descartes immédiatement à la passivité del'entendement, qui ne fait que recevoir des idées.

La volonté est avecl'entendement l'une des deux propriétés de notre âme, car nous ne nousrapportons à un objet en général que de ces deux façons : ou bien il nous affecte, ou bien nous le déterminons.

Cette volonté, assimilée par Descartes au libre arbitre, est libre et infinie (parlà nous sommes d'ailleurs à l'image de Dieu) : nous sommes toujours libres de vouloir ou de ne pas vouloir, et rien nesaurait s'opposer à ce que nous voulions un objet quelconque (même si notre volonté ne se réalise pasnécessairement dans les faits).

Notre volonté se détermine d'elle-même, ou plutôt par nous-mêmes : nous sommesseuls responsables de notre volonté, laquelle nous laisse indépendants à l'égard de toute cause extérieure.

Cela nesignifie pas pour autant que notre volonté prenne pour objet n'importe quoi, car c'est l'entendement qui, par laconnaissance qu'il a d'un bien, éclaire notre volonté et lui propose son objet : la volonté n'a plus dès lors qu'àconsentir, quoiqu'elle soit toujours libre de refuser ou en tout cas de s'abstenir. [3.

Volonté et désir se distinguent par leur objet.] S'il est ainsi permis de distinguer avec Descartes la volonté du désir, plusieurs observations s'imposent.

Toutd'abord, la volonté pure me laisse toujours entièrement à mon propre choix, alors que dans le désir, je suis toujoursen présence d'une détermination étrangère, je ne suis pas seul dans mon choix.

Plus profondément, ce qui distinguela volonté du désir, c'est que celui-ci est sollicité par un objet extérieur, apparaissant à mes sens, alors que mavolonté ne se détermine qu'à l'occasion de la perception d'un bien par mon entendement.

Le bien que poursuit mavolonté est véritable, alors que celui que je désire n'est que celui, apparent, que présentent les sens à mon âme.C'est en ce sens que ma volonté peut s'exercer en me conservant dans mon intégrité, alors que le désir est toujoursaliénant : je ne désire que parce que je ne peux pas faire autrement, parce que je ne peux pas m'affranchir du désir. [II.

Volonté et désir comme formes supérieure et inférieure d'une même faculté.] [1.

La faculté de désirer.] Lorsque, chez Descartes, le désir est distingué de la volonté, le désir reste néanmoins lié à la volonté, parce que,bien qu'il me soit présenté comme désirable par mes sens, l'objet de mon désir est voulu en dernière analyse par mavolonté.

Il convient alors de retrouver un fondement commun au désir et au vouloir : c'est la notion kantienne defaculté de désirer qui permet de penser cette parenté commune.

Kant définit dans une note de l'introduction à laCritique de la faculté de juger, qui reprend une note de la préface de la Critique de la raison pratique, la faculté dedésirer comme suit : «La faculté d'être par ses représentations cause de la réalité des objets de cesreprésentations.» La faculté de désirer, c'est-à-dire aussi bien le désir proprement dit que la volonté, procède de lareprésentation : je me représente quelque chose qui peut être, par exemple, un objet d'agrément, une chose utileou une fin que je me propose.

Ce que je désire (au sens large), je suis toujours obligé, au préalable, de me lereprésenter, même si je ne peux me le représenter clairement.

Par ailleurs, pour que je puisse désirer, il faut que jepuisse être la cause de la réalité de l'objet de mes représentations : désirer, c'est en effet désirer que quelquechose soit, parvienne à une existence réelle.

Enfin, il faut que je sois cause de cette existence, autrement dit quel'on puisse m'imputer l'existence de la chose désirée, que j'en sois l'auteur. [2.

La faculté inférieure de désirer.] Le désir peut dans ces conditions se penser comme la faculté inférieure de désirer : ainsi, lorsque c'est un plaisir quim'est représenté, ma faculté de désirer s'exerce sous sa forme inférieure.

Elle est en effet déterminée par un objetextérieur, empirique, sans pouvoir s' exercer librement.

Cette infériorité de la faculté de désirer peut s'interprétercomme assujettissement à autre chose qu'aux principes de ma raison.

Car c'est le sentiment de plaisir ou dedéplaisir qui règle alors la faculté de désirer.

Me réglant sur quelque chose qui reste empirique, je demeure dansl'hétéronomie : je suis soumis à une loi extérieure.

La faculté de désirer obéit en effet toujours à une loi : c'estcette loi qui permet d'expliquer son fonctionnement, et en l'occurrence cette loi est reçue de l'extérieur, la faculté. »

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