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En quoi l'homme est-il une négation de la nature ?

Publié le 27/02/2008

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L'émergence de l'humanité en l'homme, et ce dans un processus continu de culture -processus qu'on pourrait appeler d'acculturation - se forme-t-elle constitutivement contre la nature ? L'homme en tant qu'homme se définit-il en opposition frontale, tranchée, et radicale à la nature ? La culture est-elle ce par quoi l'homme veut s'émanciper et renier le modèle naturel de sa propre naissance ? I.                   L'émergence de l'homme en tant que tel : en lutte contre la nature. Un autre modèle II.                La nature = une idée toujours culturelle III.             Faut-il respecter la nature ?

« · On comprend alors que l'homme en tant que tel n'émerge avant tout qu'au terme d'une lutte contre la nature, une lutte pour un affranchissement du donné naturel auquel l'homme semblait, au départ, enchaîné.La culture est donc bien, dans sa finalité, une anti-nature, en cela qu'elle se constitue pour nier la part de« naturel » qu'il peut y avoir dans l'homme, pour en faire un être autonome et auto-fondateur. · Cette négation du naturel en l'homme, de la responsabilité d'un processus de culture qu'on assimile à celui d'humanisation, Rousseau la dénonçait : dire que l'homme est une négation de la nature n'est pasforcément, en effet, d'envergure positive.

Rousseau parle ainsi d'un dépravement, d'une corruption du naturelen l'homme qui le conduit à une corruption de lui-même et de ses rapports avec les autres hommes.

Danscette perspective l'homme culturel semble bien, et ce de manière constitutive, une négation de la nature, dece qu'il y a de naturel en lui ( Discours sur les fondements et l'origine de l'inégalité parmi les hommes ). · Cependant, une telle définition suppose que la nature précède la culture.

Or, à part dans un registre hypothético-déductif, connaît-on ce qu'est l'Etat de nature de l'homme ? (Cf.

Théoriciens de l'Etat de naturecomme Rousseau, Hobbes ou encore Locke).

Si donc il était de la nature de l'homme que d'être cultivé, alorscela ne changerait-il pas la donne ? II.

La nature = une idée toujours culturelle · Car, en réalité, interrogeant la nature comme état originaire de l'humanité, c'est sa propre culture que l'homme remet en question, s'efforçant à la fois de porter un jugement sur cette culture et de découvrir cequ'était sa « nature » première.

Parallèlement, dans l'étude de la nature (comprise cette fois commeunivers), il cherche à déterminer sa « place » et ainsi sa vocation essentielle.

Ce qui est en cause ici, c'estdonc la quête de l'homme par lui-même, et de son unité par-delà la multiplicité des civilisations et desdifférences individuelles engendrées par l'éducation.

L'homme comme être de culture est un homme« perfectionné » ou au contraire « déformé », puisqu'il est « dénaturé » ? Nostalgique d'une nature dont ils'est arraché par la réflexion et les civilisations, qui est-il donc, a-t-il même une nature et celle-ci est-elleunique ? · Force est donc de constater que la nature est avant tout une idée culturelle.

C'est parce que l'homme est un être de culture qu'il peut se poser la question de la nature.

Il ne peut donc y avoir lutte de l'unecontre l'autre puisque ces deux notions n'existent que de manière coextensive l'une de l'autre.

L'hommeconçu comme négation de la nature n'est donc nullement une proposition historique, chronologique, mais bienplus logique, axiologique. · On ne peut en effet pas penser la nature sans la culture (cf.

Révolution copernicienne qui ouvre une nouvelle ère en ce qui concerne la connaissance et la maîtrise des mécanismes naturels.), et on ne peutpenser la culture sans la nature (cf.

Rousseau et la recherche de ce qu'a pu être l'Etat de nature pour, enréalité, définir quel doit être la nature du régime politique le plus approprié et le plus naturel, à savoir dans cecas précis la démocratie). · On s'aperçoit alors que l'idée de nature naît dans la culture.

Car c'est par la culture que l'homme la connaît et la maîtrise et peut ainsi donc avoir une activité réflexive sur cette dernière. · On est alors amener à nous interroger sur la nécessité du respect de la nature dans la culture puisque l'homme ne peut plus être défini comme une négation de la nature, ou du moins pas par essence.

La cultureest comme l'essence de l'homme (qui ne devient homme que par son intelligence théorique et pratique), elleest donc sa véritable nature.

Comprenons par là que si l'homme est en réalité une négation de la nature, ill'est de fait – et parce que son schéma de relation culture/nature est celui de la lutte – mais il ne l'estcertainement pas de droit : l'homme ne peut nier la nature sans, du même coup, nier toute une partieconstitutive de lui-même.

il va donc falloir penser les conditions d'émergence d'une conciliation, en l'homme,de la nature et de la culture. III. Faut-il respecter la nature ? · La science, la technique, l'industrie modernes (tous des phénomènes de culture) ont conjugué leurs forces pour traiter la nature en objet.

Le regard froid de la science, la violence de la technique et del'industrie ont, pour reprendre l'expression de Max Weber, « désenchanter » le monde.

L'antique vénérationque les hommes avaient pour une nature toute-puissante, vénération mêlée de crainte, a disparu depuis letriomphe de ma révolution industrielle. · Pourtant, la question du respect de la nature pose de façon fondamentale ce que nous voulons que la civilisation ait pour finalité : une anti-nature ou une corrélation nature/culture. · Car en effet, d'une certaine manière, respecter un être ou une chose, c'est le (la) regarder digne d'être maintenu dans son intégrité, c'est donc refuser toute relation de puissance – domination ou conquête –envers lui (ou elle).

Or, le développement historique de l'homme face à la nature contredit cette attitude. · On peut en effet appeler culture l'ensemble des moyens grâce auxquels l'homme nie la nature et dépasse son animalité première (elle donc une anti-nature dans cette perspective).

Rien n'est plus opposé au respectque l'exercice de la puissance.

Or, la culture, dans ce cas, est un autre nom pour la puissance · Nous ne pouvons néanmoins nous comporter sans égard ni soin, car serait contredire le principe même de la civilisation comme s'opposant à la barbarie.

C'est d'abord une affaire d'intérêt bien compris.

La naturereste un milieu de vie nécessaire et universel : sa destruction nous menacerait dans notre survie.

Ne pas larespecter, revient donc à trahir le principe même de culture qui repose sur l'intelligence de l'homme, et doncde son bon sens (tant intellectuel que matériel). · L'homme ne peut donc pas se définir, par essence, comme une négation de la nature, car s'il s'agit bien d'une domination et d'un affranchissement quant au poids du donné naturel, il ne s'agit pour autant pas d'une. »

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