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La recherche du bonheur est-elle le fondement de la morale ?

Publié le 09/03/2004

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morale
Toutes les fins particulières se subordonnent à cette fin suprême unique qui n'est plus un moyen en vue d'une fin ultérieure, mais qui est recherché en elle-même et pour elle-même. Nous désirons être heureux pour être heureux. Toutefois, constate Aristote, s'il y a convergence sur le nom de ce bien suprêmement désirable, il y a divergence concernant sa nature. Quel est cet objet mystérieux qui appelle tous nos voeux ? Le stagirite recense les objets possibles et définit sur cette base trois grands types de vie : la vie de jouissance, plus particulièrement propre à la foule, la vie politique, à laquelle aspirent surtout les gens cultivés soucieux de l'honneur, et la vie contemplative  prisée par les sages Il examine d'abord la vie de jouissance et s'interroge sur la question de savoir si le désir tend au plaisir comme à sa fin ultime. Aristote ne rejette pas l'hédonisme, car il concède que toute activité sensible ou intelligible s'accompagne de plaisir lorsqu'elle s'exerce dans des conditions favorables, mais il ne saurait consentir à l'assimiler au bien suprême pour plusieurs raisons. La foule qui aspire à une vie de jouissance ne vise pas les plaisirs raffinés de l'intellect, mais les débauches grossières et les ripailles d'un Sardanapale. Or, chaque être vivant a une « hexis », une vertu propre, et l'excellence pour chacun consiste à remplir au mieux la fonction qui convient à sa nature. Une vie de plaisir revient à développer et à porter à son degré maximal la partie sensitive ne nous distingue en rien des bêtes qui éprouvent comme nous des sensations de plaisir et de peine. Grossière et partielle, la satisfaction hédoniste ne saurait convenir à un animal raisonnable.

On a généralement tendance à penser que la morale constitue la part austère de l’existence et dans l’inconscient collectif, il faut bien avouer que l’homme de vertu n’est pas un homme qui fait la fête. Il semblerait donc que la morale soit quelque chose de sérieux qui s’oppose au bonheur. Cependant, on est en droit de se demander pourquoi la morale existerait si celle-ci ne constituait pas un moyen supérieur de parvenir au bonheur ? Toute vie humaine n’est-elle pas motivée uniquement par la recherche du bonheur ? Se pourrait-il que quelque chose préoccupe plus l’être humain que son bonheur personnel ?

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« - Pour Aristote, la conduite vertueuse répondant parfaitement aux exigences de l'essence humaine, celle-ci est ainsi couronnée par le bonheur.

Lebonheur constituant une sorte de supplément gratuit à laconduite vertueuse, « comme la beauté pour ceux qui sontdans la fleur de la jeunesse » (Aristote , Ethique à Nicomaque , X, 1174b). - On pourrait donc penser que la recherche du bonheur constitue bien le fondement de la morale. Plutôt que la recherche du bonheur, la dignité humaine. 2. - Cependant, lier bonheur et morale élude certains problèmes, car si la recherche du bonheur fondait la morale,comment pourrait-on rendre compte du fait que certainespersonnes sacrifient leur bonheur au devoir moral ? - On en trouve déjà un exemple dans l'antiquité : Héraclès arrivé à la puberté, hésite entre le chemin de lavertu sans joie et celui du vice dans le bonheur.

Ces deuxchemins se présentent à lui sous les traits de deux femmes,l'une s'appelant Félicité et l'autre se nommant Vertu.

Il choisit finalement la vertu bien que cela s'oppose à son bonheur.

De cela, on ne peut rendrecompte en considérant que seul le bonheur fonde la morale. - Le fait que nous soyons libres nous montre ainsi que nous sommes sensibles à quelque chose de supérieur à notre intérêt, car considérer que l'homme est libre, c'est imaginer qu'il est capablede s'affranchir des déterminations sensibles, par exemple en renonçant à l'intérêt personnel et auplaisir immédiat. - Selon Kant, cette chose qui serait supérieure à l'intérêt et qui donnerait un sens à notre liberté, ce serait le sens du devoir qui nous enjoint à un respect inconditionnel envers la loi moraleet qui confère à l'homme sa dignité. - Kant rendra compte de cela en expliquant que ce n'est pas le bonheur mais le devoir qui donne le principe suprême de la moralité.

Dans les Fondements de la métaphysique des mœurs, première section, Kant écrit : « c'est la nécessité où je suis d'agir par pur respect pour la loi pratique qui constitue le devoir, le devoir auquel il faut que tout autre motif cède, car il est lacondition d'une volonté bonne en soi dont la valeur passe tout.

» - D'après Kant, la morale est une loi de la raison et non de l'intérêt, une loi qu'il appelle la loi morale.

Il écrit dans la Critique de la raison pratique que : « La loi morale est donnée comme un fait de la Raison dont nous sommes conscients a priori et qui est apodictiquement certain, en supposant même qu'on ne puisse alléguer dans l'expérience aucun exemple où elle ait étéexclusivement suivie.

» - Cela permet de rendre compte que la morale soit quelque chose d'universel, d'impartial et d'absolu, puisque la raison est ainsi faite. - On peut donc affirmer avec Kant que la morale trouve son fondement en deux points : la raison qui lui donne sa forme, et la liberté humaine qui nous donne la possibilité de la respecter. - Ces deux données peuvent être ramenées à une seule : ce que Kant appelle la dignité humaine. - Ainsi, on peut affirmer que c'est la dignité humaine qui fonde la morale. Plutôt que la dignité humaine, la Volonté de puissance. 3. - Toutefois, cette réponse est encore une fois parcellaire, car si la raison fondait vraiment la morale, on verrait mal comment un agent rationnel tel que l'homme pourrait agir moralement touten sachant que cela détruirait son bonheur. - Par ailleurs, il semble faux d'affirmer que la morale soit quelque chose d'universel.

Ainsi, si l'on peut considérer que quasiment tous les êtres humains sont habités d'une certaine consciencemorale, on constate que tous ne considèrent pas de la même façon ce qui est moral ou non.

Pourcertains, des rituels comme l'excision constituent un acte hautement moral, pour d'autres, il s'agitde la plus insigne barbarie.. »

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