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La religion est-elle une aliénation ?

Publié le 30/12/2004

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religion

La religion a pour fonction de proposer une explication du monde, et notamment de ses origines. Les fictions qu'elle crée éclairent l'homme sur lui-même et sur l'univers dans lequel il vit, ce qui peut apparaître comme une libération, puisque l'homme leur confère un sens et fait plus que constater simplement leur existence. Dans l'histoire de l'intelligence humaine, la religion a permis de donner à l'homme une première explication des phénomènes. Cependant, ce recours de la religion aux fictions a pu entraîner sa condamnation : ces fictions peuvent être considérées et dénoncées comme des mensonges. Ces mensonges sont, en outre, susceptibles d'entraîner la superstition, d'encourager l'ignorance et la crainte, ce que la philosophie et la science ont dénoncé, particulièrement au xviiie siècle. La religion entretient illusions et mystifications, et empêche l'homme de percevoir le monde tel qu'il est. Elle console l'homme de sa misère sociale, entretient l'aliénation en affirmant que Dieu a voulu le monde tel qu'il est et que l'homme trouvera la félicité après la mort.

 

  • aliénation :

 

Du latin alienus, « étranger «, de alius, « autre «. En droit, désigne le fait de donner ou de vendre. C'est le sens qu'utilise Rousseau dans Le Contrat social.

Pour Hegel, Feuerbach et Marx, l'aliénation est le processus par lequel un individu est dépossédé de ce qui le constitue au profit d'un autre, ce qui entraîne un asservissement.

 

religion

« « L'opposition du divin et de l'humain est une opposition illusoire, elle n'est, autrement ditrien d'autre que l'opposition entre l'essence humaine et l'individu humain, et par suitel'objet et le contenu de la religion chrétienne sont eux aussi humains de part en part. La religion, du moins la religion chrétienne, est le rapport de l'homme avec lui-même, ou plus exactement avecson être, mais un rapport avec son être qui se présente comme un être autre que lui.

L'être divin n'est rien d'autreque l'être humain, ou plutôt, que l'être de l'homme, débarrassé des bornes de l'homme individuel, cad réel etcorporel, puis objectivé, cad contemplé et adoré comme un être propre, mais autre que lui et distinct de lui : c'estpourquoi toutes les déterminations de l'être divin sont des déterminations de l'être humain » Feuerbach , « L'essence du christianisme ». Feuerbach développe une critique matérialiste du christianisme, et par-delà, de toute religion pourvue d'un ou plusieurs Dieu x : le divin n'existe pas hors de l'humain, il n'est que la projection imaginaire que l'homme fait de sa propre espèce.

Tout Dieu est anthropomorphe, car c'est l'homme qui l'a créé à son image.

En Dieu l'homme se reproduit, enrichi des attributs de perfection et d'infini : « La conscience de Dieu est la conscience de soi de l'homme », mais de cela il n'en a pas conscience.

Il croit en ce Dieu illusoire.

Sa conscience est donc aliénée, cad dépossédée au profit d'un autre être, d'ailleurs imaginaire.

L'homme se pense lui-même , mais comme un êtreautre que lui.

Le christianisme est la plus aliénante et la dernière des religions : la religion la plus aliénante car lanotion inédite de l'homme- Dieu dépouille totalement l'homme de la conscience de son statut réel, au profit d'une représentation imaginaire de lui-même ; et la dernière des religions, parce qu'elle annonce la mise au jour de lavraie nature de la religion : une nature purement et strictement humaine.

Tels sont les principes du matérialismeathée. B) La religion comme expression fantastique de l'aliénation économique de l'homme Si Marx reconnaît avec Feuerbach que la critique de la religion est la présupposition de toute critique, il reproche toutefois à ce dernier sa conception abstraite de l'homme.

Feuerbach manque la réalité de l'homme concret.

L'homme doit être conçu dans son existence réelle. L4homme pour Marx , n'est pas « une essence abstraite, blottie hors du mode ».

L'homme , c'est avant tout « le monde des hommes », « l'Etat » , « la société » : « Feuerbach résout l'essence religieuse en essence humaine.

Mais l'essence de l'homme n'est pas une abstraction inhérente à l'individu isolé.

Dans sa réalité, elle est l'ensemble des rapports sociaux » (« Thèse VI sur Feuerbach »).

C'est pourquoi Feuerbach « ne voit pas que l'esprit religieux est lui-même un produit social ». Dans la « Critique de la philosophie du droit de Hegel », Marx montre que la religion est « la conscience inversée du monde », parce que le monde de l'homme, l'Etat, la société sont eux-mêmes « un monde à l'envers ».

Si la religion est « la réalisation fantastique de l'être humain », c'est parce que « l'être humain ne possède pas de vraie réalité ».

Autrement dit, l'aliénation religieuse est le produit de la pauvreté effective de l'homme : « La détresse religieuse est, pour une part, l'expression de la détresse réelle et, pour une autre, la protestation contre la détresse réelle.

La religion est le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un monde sans cœur, comme elle est l'esprit de conditions sociales d'où l'espritest exclu.

Elle est l'opium du peuple ».

Aliéné économiquement, exploité socialement, l'homme réalise de manière fantastique son essence dans un monde imaginaire.

C'est pourquoi lutter contre la religion, c'est « indirectement lutter contre ce monde-là dont la religion est l'arôme spirituel ».

Ainsi, à travers la critique de la religion, la critique doit atteindre la situation réelle de l'homme : « L'abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est l'exigence que formule son bonheur réel.

Exiger qu'il renonce aux illusions sur sa situation, c'est exigerqu'il renonce à une situation qui a besoin d'illusions.

La critique de la religion est donc en germe la critique de cette vallée de larmes dont lareligion est l'auréole. » Supprimer l'illusion religieuse, c'est donc exiger le bonheur réel.

Dépouiller « les chaînes des fleurs imaginaires », c'est du même coup inviter l'homme à rejeter « les chaînes » et cueillir « les fleurs vivantes ».

Plus fondamentalement, détruire les illusions de l'homme c'est le rendre à sa vraie réalité « pour qu'il pense, agisse, façonne sa réalité comme un homme sans illusions parvenu à l'âge de raison, pour qu'il gravite autour de lui-même, cad de son soleil réel ».

C'est donc d'une véritable « révolution copernicienne » qu'il s'agit : passer de la religion , « soleil illusoire qui gravite autour de l'homme » à l'homme qui gravite « autour de lui-même ». Pour Marx , il s'agit donc d'aller plus loin que la simple critique de la religion à laquelle Feuerbach s'arrêtait : il faut aller jusqu'à la critique pratique du monde réel, cad jusqu'à la transformation révolutionnaire de la société.. »

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