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La religion est-elle aliénation ou enrichissement de l'homme ?

Publié le 27/02/2008

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Doit-on alors considérer que l'enrichissement ressenti par ceux qui ont la foi est une illusion produite par la religion dans son aspect institutionnel? Ou au contraire doit-on faire crédit à ce sentiment et concevoir la religion comme ce par quoi la subjectivité humaine réalise son propre être? I) Du point de vue du croyant, la religion est ce qui fait la richesse de l'homme: II) L'observation des manifestations extérieures de la religion nous révèle son aspect aliénant pour l'homme: III) Le religieux est ce par quoi l'homme se libère de l'aliénation du monde, à la fois naturel et social:
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« qualités partagées par l'espèce humaine, à un degré de perfection absolu.

Tout ce que nous affirmons de Dieu doitainsi en réalité être dit de l'espèce humaine.

C'est pourquoi Feuerbach affirme que « l'anthropologie est la vérité dela théologie ».

En quoi ce processus de projection imaginaire est-il une aliénation? L'homme s'en trouve dépossédéde toutes ses qualités et est dévalué: il n'est plus qu'un être essentiellement imparfait face à un Dieu qui, lui,détient toutes les perfections.

Afin de retrouver sa véritable nature et sa véritable puissance, l'homme doit donc seréapproprier tous les prédicats qu'il a attribués à Dieu.- La richesse de ce point de vue est qu'il semble pouvoir englober celui que nous avons développé en premièrepartie et l'expliquer.

Nous pouvons en effet comprendre le sentiment de satisfaction et de sérénité que ressent celuiqui croit.

Ainsi, Freud explique dans L'avenir d'un illusion que la figure de Dieu répond à un désir ancré profondément en chaque homme: celui d'une autorité paternelle qui le protège du vertige de la liberté en lui indiquant la voix àsuivre.

Ainsi celui qui a la foi satisfait en réalité son désir de sécurité.

Ainsi rassuré, il éprouve le sentiment d'unenrichissement, là où l'athée doit supporter la négativité de l'angoisse.

Cette soumission à une autorité imaginaire,bien qu'elle réponde à un réel désir, n'en reste pas moins une sorte d'aliénation inconsciemment volontaire.

Transition:Une étude de la religion du point de vue objectif, c'est-à-dire en analysant non pas ce que ressent celui qui a la foimais la manière dont elle se manifeste extérieurement, nous révèle le visage aliénant de la religion aussi bien pourl'homme en tant qu'individu que pour l'homme en tant qu'espèce.

Cependant, cette critique de l'aliénation religieusene repose-t-elle pas sur un présupposé douteux? En effet, elle suppose que la liberté consiste à se soustraire àtoute autorité non choisit rationnellement et à agir en tout point selon sa conscience individuelle.

Or, si nous nousplaçons à présent d'un point de vue anthropologique, il semble bien que cette apologie de l'individu rationnel ne soitqu'une utopie et que l'épanouissement de l'homme emprunte des voix toutes autres, auxquelles participe lesentiment religieux.

III) Le religieux est ce par quoi l'homme se libère de l'aliénation du monde, à la fois naturel et social: - Nous appelons le « religieux » ce qui sous-tend toute religion: le sentiment de l'existence d'autre chose, au-delàdu monde terrestre.

Une religion étant, étymologiquement, une manière de relier (religere) l'homme à cet au-delà.C'est alors par ce sentiment que tout n'est pas réductible au monde physique et que l'homme est un homme.

Ainsi,comme l'explique Mircea Eliade au chapitre1 du Sacré et le profane, le religieux est une expérience primordiale qui se manifeste d'abord par une différenciation entre les portions du monde: le religieux est ce par quoi s'opère ladifférenciation entre l'espace profane et l'espace sacré.

Or cette rupture de l'homogénéité de l'espace est ce parquoi il devient un espace humain, c'est-à-dire un monde.

Par le sentiment religieux, l'homme se libère del‘immédiateté physique et forge un monde au sein duquel il peut s‘orienter.

Cette différenciation entre sacré etprofane est donc la condition de possibilité de l‘épanouissement de l‘homme.

L'homme est un « homo sacer », c'est-à-dire que le sentiment du sacré est essentiel à son humanité.

Aucun individu n'est dépourvu de ce rapport ausacré, même si il ne s'incarne dans aucune religion.

Il s'agit d'un rapport fondamental sans lequel l'homme seraitplongé dans l'immédiateté face aux choses, c'est-à-dire dans l'animalité.

- De même au niveau social, le sentiment religieux est ce qui permet à l'individu de se libérer de la place qui lui estassignée comme partie d'un tout (la société) et de réaliser la valeur de sa singularité.

Ainsi, dans son Essai sur l'individualisme , Dumont distingue deux types de rapport entre individu et société.

Dans les sociétés « holistes » l'individu n'a pas de valeur en lui-même, il n'existe que comme un membre de ce qui seul compte: la société.

La viede l'individu est donc intégralement soumise et déterminée par ce qu'exige de lui le maintient et la perpétuation del'ordre social.

L'exemple que développe Dumont est celui de la société de castes indienne.

Au contraire, dans lessociétés dites « individualistes », c'est l'individu qui seul dispose d'un valeur absolu.

C'est la société qui est conçucomme un moyen à l'épanouissement de ses membres.

Elle est donc basé sur le principe d‘une liberté individuelleinaliénable.

Or, historiquement, c'est la religion qui a permis la passage des sociétés holistes à la reconnaissanced'une valeur de l'individu.

En effet, Dumont donne l'exemple du « renonçant » en Inde.

Le « renonçant » est unindividu croyant qui choisit de renoncer à sa vie terrestre et de vivre à l'écart du monde et des autres.

Par sonsentiment religieux qui le lie à un au-delà et donc le délie de l‘ici-bas, c'est en fait le seul à pouvoir s'extraire dusystème de caste et à posséder une existence indépendante.

De même le christianisme, en établissant un lienpersonnel de chaque fidèle avec Dieu, a permis aux hommes d'être reconnu indépendamment de leur participation àla vie d'une société.

C'est donc par son lien avec une transcendance que l'individu parvient à se libérer des liens quelui impose la vie mondaine.

Or, nous pouvons considérer que l'enrichissement de l'homme (au deux sens d'individu etd'espèce) passe par la reconnaissance d'une valeur absolue de chaque individu: elle est en effet la conditionnécessaire à l'épanouissement des potentialités individuelles dans leur singularités et leur diversité.

Alors nousdevons également conclure que le religieux a historiquement participé à cet enrichissement.. »

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