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Le rôle de l'imagination dans les pensées de Pascal.

Publié le 20/07/2010

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pascal
De faible santé et Janséniste convaincu, Blaise Pascal, scientifique de renom et philosophe français du 17e siècle, se préoccupa de la misère de l'homme et entreprit la rédaction d'une "apologie de la religion chrétienne", destinée entre autres aux libertins de son époque. Décédé avant la fin de son ouvrage, ses manuscrits furent trouves par sa famille, puis remanies et publies de nombreuses fois, avant de finalement être publies sous le titre "Pensées", édition de Port-Royal. Ces "papiers d'un mort" sont constitues de "fragments", écrits de formes brève, et organises en "liasses". Dans une première partie Pascal expose les conditions qui font la misère de l'Homme, dont l'imagination, traitée de façon extensive dans les liasses 41 et 44. Ainsi, quel rôle l'imagination joue-t-elle dans l'oeuvre de Pascal? Cette "puissance trompeuse" étant paradoxalement essentielle et nocive pour l'homme et la société, nous verrons premièrement que l'imagination est présentée comme une puissance trompeuse, ensuite nous nous pencherons vers le danger qu'elle représente, avant de remarquer qu'elle est cependant une puissance nécessaire.  L'imagination est en effet vue par Pascal comme une puissance trompeuse, qui induit l'Homme en erreur et s'oppose a la raison. L'imagination est "maitresse d'erreur et de fausseté" (fragment 41) car, usant du pouvoir des images, elle crée l'illusion, masque la réalité, la déforme et trompe l'homme sur la réalité des choses, la lui faisant percevoir au jour de ses fantaisies, de ses fantasmes, au lieu de la refléter. Elle est ainsi aux antipodes de la raison et la combat : "superbe puissance ennemie de la raison". il est confondu par elle, qui le plonge dans un flou perpétuel, et ne distingue plus le vrai du faux, le bien du mal et le juste de l'injuste. Ceci est oppose a la raison qui dirige l'homme vers la vérité qui est la foi véritable, lui permettant, selon Pascal, d'atteindre la 'grâce divine'. L'imagination va a l'encontre de la raison ("Cette superbe puissance ennemie de la raison, qui se plait a la contrôler et a la dominer"), ne reposant pas sur des faits tangibles et tentant continuellement de supplanter notre rationalité, faisant de l'Homme un être déraisonnable et dans l'erreur, éloigne de la raison-vérité et donc misérable. Elle est d'autant plus néfaste qu'elle s'avère parfois vraie : "d'autant plus fourbe qu'elle ne l'est pas toujours". L'Homme aura tendance a la croire vrai, et par conséquent sa nature trompeuse se révèle doublement dangereuse, et pour l'Homme et pour la société.  L'imagination, selon Pascal, induit tout homme, même le plus raisonnable, en erreur (du "fou au sage"), du fait de son inconstance dans sa fiabilité. Elle devient une "seconde nature qui l'égare", comme le met en évidence l'anecdote du "plus grand philosophe du monde" qui, malgré sa raison, si assis sur une planche suspendue au dessus du vide mais suffisamment large pour qu'une chute soit impossible, aura peur de tomber bien qu'il soit en sécurité : "l'imagination prévaudra". Elle domine la perception de l'Homme, annihile sa raison. Elle est nuisible a la connaissance de l'Homme et constitue un obstacle a l'obtention de la grâce divine. Elle crée la peur (le philosophe), l'admiration injustifiée (on va définir la grandeur d'un homme par l'abondance de ses biens et la richesse de son apparence ou de son entourage et non par sa valeur morale-"Qui dispense la réputation, qui donne le respect et la vénération aux personnes, aux ouvrages, aux lois, aux grands, sinon cette faculté imaginante ? ") et remplit de suffisance ("elle remplit ses hôtes d’une satisfaction bien autrement pleine et entière que la raison. Les habiles par imagination se plaisent tout autrement à eux‑mêmes que les prudents ne se peuvent raisonnablement plaire"). Notre jugement est donc altéré, pour le pire. En société elle s'avère également dangereuse. Elle crée les inégalités sociales et les injustices. Si les juges eux même se basent sur des préjuges, des superstitions ou des images tires de l'imagination, alors la justice rendue n'est plus juste: "L’affection ou la haine changent la justice de face". Car comme tout homme, il est influence par les apparences ("le costume, (...)le déguisement") de ses semblables, et c'est ainsi qu'un avocat, plus motive a l'idée d'une plus grande rémunération, défendra mieux sa cause, quelque soit son bien fonde, et dupera le juges. Il en va de même pour les sciences, qui, si elles étaient fondées sur la raison, n'auraient pas besoin de "ces vains instruments, qui frappent l’imagination" et permet a ceux qui les pratiquent l' «avantage de l’opinion « et les couvrent de « gloire «. L'imagination voile donc la réalité d'un costume trompeur, et dangereux pour l'homme et sa société.  Toutefois, malgré les dangers évident dont elle est la cause, elle est paradoxalement une "puissance nécessaire". Sans elle, le monde ne serait rien: "L’imagination dispose de tout. Elle fait la beauté, la justice et le bonheur qui est le tout du monde". Or ce qui est beau est de l'ordre du bien, du juste et du vrai et touche donc a la raison. C'est elle qui non seulement permet le bon fonctionnement de la société, mais également son existence même. Sans elle, pas d'ordre social, de hiérarchie et de respect de la hiérarchie possible, car la faculté de se les représenter, pour le peuple, nécessite le pouvoir de l'imagination. L'imagination nous permet de nous représenter des principes, qui peuvent être contredit ou approuves par l'instruction sans que l'on puisse savoir ou est la vérité. C'est le passage du coffre et de l'enfant qui met cette faculté en évidence : " Il n’y a principe, quelque naturel qu’il puisse être même depuis l’enfance, [qu’on ne] fasse passer pour une fausse impression soit de l’instruction soit des sens. « Parce, dit‑on, que vous avez cru dès l’enfance qu’un coffre était vide lorsque vous n’y voyiez rien, vous avez cru le vide possible. C’est une illusion de vos sens, fortifiée par la coutume, qu’il faut que la science corrige. « ‑ Et les autres disent « Parce qu’on vous a dit dans l’École qu’il n’y a point de vide, on a corrompu votre sens commun, qui le comprenait si nettement avant cette mauvaise impression, qu’il faut corriger en recourant à votre première nature. « ‑ Qui a donc trompé : les sens ou l’instruction ?". L'imagination est nécessaire a la compréhension et conception des valeurs (telles que la justice) et principes qui sont la base d'une société, ainsi qu'a l'exercice du pouvoir. De plus, il ne peut y avoir de création sans imagination, ce que Pascal nous prouve lui même en usant de l'imagination pour la rédaction des Pensées. Il l'utilise pour nous communiquer ses idées, a l'aide d'images et de métaphores directement sorties de son imagination (l'exemple du philosophe par exemple). Cela amène également le lecteur a utiliser son imagination. Elle serait donc une base nécessaire, même si souvent erronée, de toute communication. Selon Pascal, l'imagination est certes une erreur, mais une "erreur nécessaire".  Ainsi, Pascal nous démontre la dualité de l'imagination en la présentant comme une puissance paradoxale. Trompeuse, elle induit l'homme en erreur et s'oppose a la raison. Dangereuse, autant pour l'homme que pour la société, elle est néanmoins nécessaire aux deux. Pascal lui même nous illustre ce paradoxe en y étant soumis, comme tout homme, et en l'utilisant pour nous décrire ce facteur important de la misère de l'Homme.

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