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Science et Poésie

Publié le 18/02/2012

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PREMIER DIALOGUE

Sur le guéridon d'un salon, un manuel de physique voisine avec un recueil de poésies. Au milieu du silence qui règne dans la pièce, voici qu'entre ces deux volumes s'engage, dans un chuchotement discret, le dialogue suivant :

— Tiens, commence d'un ton froid et hautain le livre de physique, te voilà enfin sorti des rayons de la bibliothèque où tu moisissais depuis si longtemps? Que tu as l'air vieillot, camarade, malgré tes feuillets encore neufs et intacts. Pour moi, je puis me vanter d'être plus à l'honneur. Tout le monde me consulte avec respect, car c'est à ces pages toutes chargées de découvertes précieuses que l'on doit le confort de la vie moderne.

« et des arts est le resultat immediat de la maitrise de Phomme sur in nature. Mais a quoi bon la poesie? Malherbe en fit l'aveu : « Un bon poke n'est pas plus utile a l'Etat qu'un bon joueur de quilles!» - D'un ton un peu piqué, la riposte jaillit aussitot.

Tu aurais grand tort de prendre au serieux la boutade de ce rimeur normand! Ce ne fut qu'un bon grammairien, pedant jusqu'a relever sur son lit de mort les fautes de francais de sa servante; un technicien, fabricant de rythmes im peccables et trouveur de belles rimes.

Il a mis la raison en vers harmonieux, je le veux; mais je lui refuse le titre de poke.

Je reconnais d'ailleurs les bienfaits de la science; quant a conclure qu'elle suffit a tout, je ne le puis.

La derniere guerre n'a-t-elle pas revels combien elle peut "etre nefaste? Elle multiplie, en verite, la puissance de l'homme; celui-ci, par malheur, peut abuser de la force qu'elle lui confere, s'il manque d'elevation dans les idees et de noblesse dans les sentiments.

Maitriser la nature, rien de mieux...

a condition de discipliner ses propres inclinations. L'amour du vrai, que je m'efforce d'inspoirer, soutient le savant dans ses longues et laborieuses recherches; le patriotisine, que taut de fois j'ai chants, Pheroisme du soldat.

Dieu veuille que les humains preferent toujours la valeur morale it la force brutale, sinon la civilisation moderne finira bientot dans in barbarie.

L'assassin qui dispose de procedes perfectionnes est plus dangereux pour la societe que le criminel ignorant.

Or, elever les Ames, entretenir elks les sentiments de bonte, d'honneur, de justice, de pitie : voila .le role .qui me revient et qui primers toujours en importance les ser- vices materiels rendus par les sciences. - Pourtant, replique eneore le manuel, le culte des sciences ne saurait s'allier avec le gout de in litterature.

Il faut opter entre deux objets egalement nobles et necessaires, mais tellement opposes qu'ils me paraissent incom- patibles.

- Pardon, ajaule avec assurance son interlocuteur; l'amour du vrai peut se concilier parfaitement avec celui du beau : Descartes aimait la poesie avec passion et Pascal honore a la fois la Litterature, les Mathematiques et...

la Physique! Ignores-tu que Claude Bernard a compose des comedies avant de devenir le fondateur de la Biologie, et que Pasteur s'enthousiasmait a in lecture des .oeuvres de Lamartine? Tu sais Padmiration de Napoleon pour notre rand Corneille, sa passion pour la lecture et le theatre; n'a-t-il pas compose lui-meme des fables et quelques romans? L'histoire nous mite qu'Alexandre emportait dans ses .campagnes les oeuvres d'Homere et Jules Cesar est aussi grand ecrivain qu'illustre guerrier.

Informe-toi anpres de nos academitiens actuels, ils to montreront plus d'un polytechnicien parmi nos immortels. Non, ne confonds pas .la saint et belle litterature avec cette rhetorique fausse et pompeuse on le vide du fond est masque par Pelegance de la forme. Aussi langtemps que les sentiments eleves fleuriront dans l'ame humaine, it y aura de la paesie, pour consoler et rajeunir les Ames au contact de l'humortelle Beanie. Le livre de physique ecoutait avec admiration son confrere; l'amour de In verite l'obligesit a souscrire a toutes les idees glen avait attaquees, et, a &taut .d'arguments, in discussion prit fin, suspendant pour un jour Peternel conflit entre les Sciences et les Lettres. DEUXIEME DIALOGUE La Science et la Poesie se rencontrerent.

Oh! qu'elles etaient belles : l'une avec son front grave traverse d'une ride verticale, le pH de la medi- tation; l'autre avec son visage frais et uni comme celui d'un enfant; toutes les deux si douces a regarder, ,que d'aucuns en >ont oublie maintes fois le dormir et le manger.

Or, la Poesie pleurait.

La Science Parreta, et voici he colloque qui s'engagea entre elles : La Science.

- Oa fuyez-vous, ma streur, et pourquoi ces larmes? La Poesie.

- Je retourne au ciel d'ou je descendis y a tent& dix mille ans. La Science.

- Quel est le motif d'une resolution aussi imprevue? La Poesie.

- Belle demande, en verite! Ne le connaissez-vous pas miens que Que sont devenus les temps oil, de man seul sourire, et des arts est le résultat immédiat de la maîtrise de l'homme sur la nature.

Mais à quoi bon la poésie? Malherbe en fit l'aveu : « Un bon poète n'est pas plus utile à l'Etat qu'un bon joueur de quilles !» — D'un ton un peu piqué, la riposte jaillit aussitôt.

Tu aurais grand tort de prendre au sérieux la boutade de ce rimeur normand! Ce ne fut qu'un bon grammairien, pédant jusqu'à relever sur son lit de mort les fautes de français de sa servante; un technicien, fabricant de rythmes im­ peccables et trbuveur de belles rimes. Il a mis la raison en vers harmonieux, je le veux; mais je lui refuse le titre de poète.

Je reconnais d'ailleurs les bienfaits de la science; quant à conclure qu'elle suffît à tout, je ne le puis. La dernière guerre n'a-t-elle pas révélé combien elle peut être néfaste? Elle multiplie, en vérité, la puissance de l'homme; celui-ci, par malheur, peut abuser de la force qu'elle lui confère, s'il manque d'élévation dans les idées et de noblesse dans les sentiments. Maîtriser la nature, rien de mieux... à condition de discipliner ses propres inclinations.

L'amour du vrai, que je m'efforce d'inspirer, soutient le savant dans ses longues et laborieuses recherches; le patriotisme, que tant de fois j'ai chanté, l'héroïsme du soldat.

Dieu veuille que les humains préfèrent toujours la valeur morale à la force brutale, sinon la civilisation moderne finira bientôt dans la barbarie.

L'assassin qui dispose de procédés perfectionnés est plus dangereux pour la société que le criminel ignorant. Or, élever les âmes, entretenir en elles les sentiments de bonté, d'honneur, de justice, de pitié : voilà le rôle qui me revient et qui primera toujours en importance les ser­ vices matériels rendus par les sciences.

— Pourtant, réplique encore le manuel, le culte des sciences ne saurait s'allier avec le goût de la littérature.

Il faut opter entre deux objets également nobles et nécessaires, mais tellement opposés qu'ils me paraissent incom­ patibles.

— .Pardon, ajoute avec assurance son interlocuteur; l'amour du vrai peut se concilier parfaitement avec celui du beau : Descartes aimait la poésie avec passion et Pascal honore à la fois la Littérature, les Mathématiques et... la Physique! Ignoresrtu que Claude Bernard a composé des comédies avant de devenir le fondateur de la Biologie, et que Pasteur s'enthousiasmait à la lecture des œuvres de Lamartine? Tu sais l'admiration de Napoléon pour notre çrand Corneille, sa passion pour la lecture et le théâtre; n'a-t-il pas compose lui-même des fables et quelques romans? L'histoire nous conte qu'Alexandre emportait dans ses campagnes les œuvres d'Homère et Jules César est aussi grand écrivain qu'illustre guerrier.

Informe-toi auprès de nos académiciens actuels, ils te montreront plus d'un polytechnicien parmi nos Immortels.

Non, ne confonds pas la saine et belle littérature avec cette rhétorique fausse et pompeuse où le vide du fond est masqué par l'élégance de la forme.

Aussi longtemps que les sentiments élevés fleuriront dans l'âme humaine, il y aura de la poésie, pour consoler et rajeunir les âmes au contact de l'immorteEe Beauté.

Le livre de physique écoutait avec admiration son confrère; l'amour de la vérité l'obligeait à souscrire à toutes les idées qu'il avait attaquées, et, à défaut d'arguments, la discussion prit fin, suspendant pour un jour l'éternel conflit entre les Sciences et les Lettres.

DEUXIÈME DIALOGUE La Science et la Poésie se rencontrèrent.

Oh! qu'elles étaient belles : l'une avec son front grave traversé d'une ride verticale, le pli de la médi­ tation; l'autre avec son visage frais et uni comme celui d'un enfant; toutes les deux si douces à regarder, que d'aucuns en ont oublié maintes fois le dormir et le manger. Or, la Poésie pleurait. La Science l'arrêta, et voici le colloque qui s'engagea entre elles : La Science. — Où fuyez-vous, ma sœur, et pourquoi ces larmes? La ^Poésie. — Je retourne au ciel d'où je descendis il y a tantôt dix mille ans.

La Science. — Quel est le motif d'une résolution aussi imprévue? L*a Poésie.

— Belle demande, en vérité ! Ne le connaissez-vous pas imieux que moi-même?...

Que sont devenus les temps où, de mon seul sourire, j^illu-. »

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